dimanche 31 mars 2013

LOS AMANTES PASAJEROS de Pedro Almodóvar


FILM

Je m'étais pourtant juré de ne plus aller voir un film d'Almadóvar ..... Mais voilà , un jour de début de printemps qui ressemble à cet interminable hiver , une bande-annonce qui  montre  la séquence la plus réussie du film sur fond  de tube disco " I'm so exciting" ... et me voilà partie pour une comédie prometteuse !!!

Bien sûr , Almodóvar  SAIT  raconter une histoire , fût-elle complètement déjantée . Bien sûr , il SAIT filmer : certains plans  ( notamment au début du film , le moteur de l'avion  et dans le cockpit ...) sont surprenants  ,  il SAIT s'entourer d'excellents acteurs : pour preuve , sa palette de  personnages , typés de chez typé , tous hauts en couleur , les  3 stewards gays de chez gay ,  la vierge nymphomane , la vedette du X à la retraite , sans oublier le tueur à gages moustachu , genre révolution mexicaine qui révélera sa vraie identité ...
et bien sûr , tout part très vite en "cacahuètes" , chacun se lache et se livre à du grand n'importe quoi , aidé en cela par les cocktails d'alcool , façon équipage , quelques grammes de mescaline et  une libido déchaînée ...
Bravo pour la trouvaille narrative de la communication par téléphone vers le monde sur terre , elle relance
le propos et donne l'occasion d'y voir plus clair dans le parcours individuel de chaque personnage.
De même , la métaphore de l'avion qui tourne en rond au-dessus de l'Espagne , suite à un problème technique  ( alors que sa destination était Mexico ) fonctionne parfaitement , à l'image de l'Espagne actuellle qui se cherche sur le plan économique et politique ...

OK , .....   Mais pourquoi tant de grossièretés , de vulgarités ? ...   Que de gros mots , de scènes lubriques et d'allusions salaces , voire scatologiques  !!!  .... Sont-ce là les ingrédients d'une comédie réussie ?       Pas sûr .
Et donc , j'aurais dû faire confiance à Hugues Dayez et son  O pointé pour ce film !!! ...ça m'aurait évité de goûter ce plat trop écoeurant , dégoulinant ( et pas que de chocolat , c'est quand même Pâques ...) et au final indigeste.




Le Tailleur de pierre et Le Prédicateur de C. LACKBERG


LIVRES   Le   Tailleur de   Pierre. ( écrit en  2005 )

Quel est le lien entre une fillette maltraitée  par sa mère et son profil  avéré de délinquante et la découverte du corps  "noyé" de Sara , 50 ans plus tard ?
Voilà la question qui sous-tend cette enquête policière menée , à nouveau par Patrik Hedström .
Une nouvelle fois, l'auteure suédoise démontre son art de construire la trame de ses romans.
Les  époques se croisent , les personnages de la constellation familiale se complexifient au fur et à mesure de
l'enquête. On vérifie les alibis ,  on confisque des ordinateurs , on arrête un supposé pédophile , on interroge la grand-mère , la mère , le pére , surtout le fils Morgan, étiqueté comme autiste ... , le voisin aussi , plein de malveillance envers cette famille dramatiquement touchée ... mais rien n'y fait.
C'est finalement un peu par hasard , en  suivant une émission d'enquêtes policières  à la télévision que Patrik va faire un lien et obtenir que l'on déterre un mort  et qu' on détermine d'où viennent ces étranges traces de cendre dans l'estomac de Sara ....
Ce roman garde son mystère  jusqu'au bout et  réserve vraiment une fin digne du meilleur polar .
Un bémol cependant , la présence et les pages consacrées à Erica , jeune mère débordée  et épouse de Patrick , l'enquêteur  n'ajoutent vraiment rien au récit.


                 Le  Prédicateur  ( écrit en 2004 )
J'ai eu un peu plus de mal à entrer dans ce roman antérieur au" Tailleur de pierre ".                                     . Je pense que les liens familiaux , plus que compliqués y sont pour quelque chose . J'ai eu recours , à un certain moment ,  au dessin d'un arbre généalogique des 2 frères , de leurs enafnts , de la petite amie ...
Le coupable , épinglé à la fin m'a aussi semblé moins crédible , moins bien amené au lecteur .



dimanche 10 mars 2013

THE MASTER de Paul Thomas Anderson

FILM

Film-choc, film poignant .....Les 2 acteurs Joaquim  Phoenix et  Philip Seymour Hoffman sont tous deux
époustouflants . L'élève est criant de vérité dans sa détresse , son incapacité à s'en sortir , à retrouver une certaine normalité . Le "Maître" lui est émouvant dans sa confiance , son désir de sauver la brebis égarée ...

Et donc , Freddie , un laminé de la vie , un rescapé de la seconde guerre mondiale .... file à la dérive , entre cocktails détonants et boulots de  "merde" ...  Dangereux pour lui et pour les autres , incapable de contrôler ses pulsions violentes , il rencontre Lancaster Dodd , sorte de gourou , un peu allumé, illuminé , mais  jovial , bon vivant ....figure paternelle et amicale dont le jeune homme a urgemment besoin ...
Un lien se noue entre eux , le sujet de cette histoire , lien fait d'ambiguïté , de zones d'ombre ...
On aura compris que P.T.Anderson revisite à sa manière la relation thérapeutique . Quelques scènes
évoquant le travail sur les émotions sont criantes de vérité , de force , d'humanité.
Le maître travaille l'élève au corps , le pousse jusqu'à l'extrême , jusqu'à l'épuisement physique et moral.
Freddie sortira-t-il de sa dépendance alcoolique autant que sexuelle ?  Parviendra-t-il à maîtriser sa violence ?  Rompra-t-il  avec l' infernale spirale familiale , celle d'un père alccoolique et d'une mère qui a fini à  l'asile ?
Surtout  ....  se réconciliera-t-il avec lui-même ?
Ce sont les enjeux  de cette cure. Car on songe  bien sûr à Freud , à Ron Howard , mais aussi à la "Gestalt Therapy" , à la méthode reichienne des années 80 ... ( pourtant on est dans les années 50 ....)
  
              En voyant évoluer Joaquim Phoenix , visage déformé , démarche bancale , plein de tics .... , on songe à un Marlon Brando . Quelle performance d'acteur !!!
De ce film , se dégage , certes , une certaine opacité , on ne comprend peut-être pas tout , on ne nous explique pas tout , mais   QUELLE AMBIANCE  !!!                                                                           Entre souffrance et délire , entre  violences et loufoqueries , scènes déjantées et profondeur humaine ...

Ce film-ci  , selon moi , est dans la droite ligne de " MAGNOLIA "  ( voir critique sur ce blog ...)            avec sa folie familiale et transgénérationnelle ... Vous vous souvenez , bien sûr , de Tom Cruise  en gourou  improbable, complètement à la masse !!!

Pour terminer , citons un  court avis d'internaute concernant le premier plan du film :
" ...mais le 1er plan où apparaît Freddie : on ne voit que le métal blanc du navire de guerre, et un dôme métallique aussi, blanc, qui bouge : un casque, qui se soulève, et laisse apparaître deux yeux - une armure, un blindage qui protège ce corps, cet être - et le seul chemin vers cet être, c'est ses yeux
... Freddie regarde  sur sa  gauche , ...longuement , puis détourne les yeux . Le film est là . "

Voici la bande-annonce en VO proposée par allo/cine.com
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19407702&cfilm=176279.html

dimanche 3 mars 2013

ARGO de Ben Affleck


FILM 

Dès sa sortie  en Europe en novembre 2012  , ce 3ème film de Ben Affleck ( après "Gone baby gone"  et " The town" ) a remporté un franc succès dans les salles . Il vient d'obtenir  l'OSCAR  du Meilleur film 2013.
Les critiques sont unanimes : le film est intelligemment construit ,  basé sur un fait historique proche                       ( l'exfiltration de 6 otages réfugiés à l'ambassade du Canada  à Teheran en 1980  ) le suspens est haletant , les acteurs très crédibles dans leur normalité ,  des zestes d'humour parfument agréablement le tout  .....
Personnellement , j'ai quelques réserves :  le jeu de Ben Affleck est d'une sobriété absolue  certes , mais ne
frise-t-il pas l'ennui?  Ce calme , ce visage impassible , cette maîtrise  de " l'agent de l'ombre" lui enlèvent une bonne part de sensibilité ... et donc de crédibilité !!! ..... A force de ne pas "surjouer" , on perd en humanité .
Ensuite , le dernier quart d'heure, genre "retrouvailles familiales sur le mode , je t'aime à nouveau ..."  était tout à fait inutile , après les minutes palpitantes de la fuite en avion , réussie de justesse pour les  7 Américains ....

Ceci dit , Le Nouvel Obs du 6/11/2012  relève  une idée géniale  du film :
                                                                                                                                                                    " Parmi les belles idées de cinéma contenues dans « Argo », on retiendra ces scènes où, tandis que l’agent Tony Mendez forme ses six apprentis acteurs aux rôles qu’ils devront tenir pour quitter le pays au nez et à la barbe des autorités, les Iraniens, qui ont récupéré les documents passés à la déchiqueteuse par le personnel de l’ambassade américaine, mettent des enfants à contribution pour reconstituer, bandelette par bandelette, le puzzle des visages des six fugitifs " ...
Images incroyables !!!