jeudi 29 octobre 2020

Les Traducteurs de Regis Roinsard


 FILM

Une dizaine de traducteurs/traductrices sont accueillies dans un manoir-bunker pour traduire dans leurs langues respectives le Tome 3 d'un best-seller qui est sur le point de sortir.Voilà pour le sujet,mais la situation de ces "confinés"!!! privés de leur téléphone et coupés d'Internet va se révéler de plus en plus problématique et tendue.Affrontements et dérapages se succèdent,notamment face à l'éditeur brutal,cynique,arrogant qui a engagé cette bande.

Vont-ils jouer la carte de la solidarité ou pas? notamment quand on apprend qu'une fuite a eu lieu sur la toile,permettant au public de lire en exclusivité des pages du roman...rendant furax l'éditeur,victime d'un chantage financier.Il devient furax,pète les plombs et surtout traque le traître,le hacker...Qui a osé?Qui le fait chanter?

Le THRILLER" (Ambiance "Dix petits nègres " garantie) répond à ces questions par des chemins détournés,par de multiples rebondissements,revirements,révélations dans le genre Agatha Christie.Même si certains sont maladroitement amenés,on est captivé par ce jeu du chat et de la souris,jeu de cache-cache,jeu du tel est pris,qui croyait prendre...etc

Le film qui devait sortir au début du confinement!!!...s'est fait proprement dézinguer par les critiques,notamment H.Dayez.Moi,ce film,il m'a bien plu.Il est divertissant,intelligemment monté,ça bouge,ça avance et on va de surprise en surprise.

Lambert Wilson,parfois agaçant et facétieux,s'en sort bien dans ce rôle de méchant caricatural et les acteurs qui l'entourent ont été bien choisis.Ils ont des profils variés,suffisamment contrastés pour assurer une nécessaire diversité de look,de caractère,de situation sociale aussi,eux qui sont réunis pour une même et noble cause:la traduction.Un mot du réalisateur:c'est Regis Roinsard qui est aux commandes,il avait réalisé en 2014:Populaire,l'histoire de l'ascension spectaculaire d'une simple dactylo qui devient une championne de la machine à écrire.Le lien:

 https://parlonscinebouquins.blogspot.com/2014/01/populaire-de-regis-roinsard.html



 

samedi 17 octobre 2020

HISTOIRES DE LA NUIT de Laurent MAUVIGNIER

LIVRE

Ce roman est terrible,oppressant.Les mots,les phrases font aussi peur que des images au cinéma.L'effet de cette écriture est incroyable.En effet,elle tient du Nouveau roman,de ses choix esthétiques,mais elle elle est habitée par une densité émotionnelle rarement atteinte.Un cas d'école,vraiment.


C'est une sorte de huis clos campagnard qui réunit une famille et la voisine,un soir d'anniversaire ....la fête quoi...c'est sans compter l'arrivée d'invités surprises qui mélangent agressivité et ton mielleux.
Ce sont 3 frères qui veulent en découdre.
Pourquoi ? On le découvre au cours de ces 600 pages qu'on lit avec effroi.

Impossible de lire le soir
Mais ce style élaboré:longues phrases, monologues intérieurs, projection vers l'après...
est magnifique.

Quel art de décrire l'énorme charge émotionnelle de la frustration, du ressentiment que vit un des intrus quand il comprend que Marion le méprise, qu'elle ne reviendra jamais. L'orgueil du mâle blessé,c'est une bombe humaine. La description de la petite fille,accroupie contre le mur de la salle de bain,tétanisée, entendant les bribes d'une conversation dont le sens lui échappe complètement.p574. "Comme un rideau déchiré "!!! L'écrivain étire les phrases à n'en plus finir il s'attarde,ralentit infiniment chaque geste,chaque sensation... Juste incroyable.Soulignons que la structure du roman est fidèle à la "Règle des 3 unités" (Lieu/Temps/Action),caractéristique notamment de la tragédie racinienne:même lieu,quelques heures pendant lesquelles une intrigue resserrée se noue,se déploie et s'achève.C'est ça.

Pourquoi ce roman n'a-t-il pas été retenu au Goncourt ???
Inexplicable mystère ???

Quelques extraits:

"Ça non,Patrice n'y pense pas.Il s'assied tous les soirs,à l'heure du repas,dans la cuisine de son enfance,et,même entièrement refaite,on n'y peut rien,rien ne change dans le secret du temps,il ne suffit pas de rénover,retaper,cacher sous la peinture et la modernité,il y a toujours qui affleurent,des relents d'une époque qu'on voudrait oublier..."p83.

Sur la peur:"...Elle a réussi à maîtriser cette frousse qu'elle avait plus redoutée qu'un danger réel,oui,car au moment d'entrer dans la salle de réunion il lui avait fallu dominer la peur qu'elle avait eue de succomber à sa peur,car elle avait craint de se laisser submerger par elle,de se laisser paralyser par elle,d'être empêchée par elle au point de ne pas savoir répondre quand on commencerait à la mettre sur la brèche,sur le gril..."p270.

"Marion et Patrice,eux, rechignent à lever leur verre qui pèse une tonne de haine et de colère...."p448.




vendredi 16 octobre 2020

Invisible Man de Leigh Whannell


 

FILM 

L'actrice Elisabeth Moss,connue pour son excellente prestation dans la série «The Handmaid’s tale», brille une fois de plus à l'écran.

Dans ce rôle de femme,victime d'un mari  violent,psychopathe qui a le don de lire dans les pensées,elle parvient à proposer une gamme extraordinaire de sentiments,de vécus,...de visages aussi.Celui-ci passe de l'effroi à la colère,de la stupéfaction à la terreur la plus absolue.Et nous aussi,spectateurs,sommes terrifiés par ce qui lui arrive:des traces de présence,des signes,des bruits,des alertes continuant à venir d'un mari dont on a confirmé le suicide suite au départ de Cecilia,c'est son prénom.N'est-il pas mort?Est-il toujours à ses cotés?Le film le laisse supposer.Il est oppressant,haletant,ce film que l'on peut ranger dans le fantastique (cette irruption d'éléments bizarres,irréels,inexplicables dans un réel bien normal),mais aussi dans le thriller avec son suspense croissant et inquiétant.Tous les personnages qui entourent Cecilia et assistent incrédules à sa descente aux enfers sont intéressants et crédibles.La fin tient toutes ses promesses.On peut juste regretter quelques scènes violentes,par trop insistantes et gratuites.