lundi 25 juin 2018

KISANGA de Emmanuel Grand

LIVRE

Emmanuel GRAND est un excellent conteur.
Ses deux livres précédents,Terminus Belz,2014 et Les salauds devront payer,2016 en sont la preuve.Il confirme qu'il sait raconter une histoire avec un style alerte et simple.
Le rythme est soutenu,qualité majeure d'un polar réussi.
Les fils de l'intrigue se tressent peu à peu,les protagonistes se mettent en place et chacun joue son rôle jusqu'à la scène finale.
La page 345 surprend le héros autant que le lecteur,tous deux bien piégés par cette arnaque politico-économique.
L'enjeu étant le sous-sol si riche du Katanga,capitale Kisangani,d'où opération Kisanga qui s'avère très vite illégale,voire frauduleuse et criminelle. 

Voici le lien de ma critique de 2016 concernant les précédents polars:
 http://parlonscinebouquins.blogspot.com/2016/03/les-salopards-devront-payer-de-emmanuel.html

mardi 5 juin 2018

GUERRE ET PAIX,Tome II de Léon TOLSTOÏ

              Le Tsar Alexandre Ier et Napoléon à Tilsit,juillet 1807.



Je relis GUERRE ET PAIX de Léon Tolstoi,Tome II. 
                                         

On est en 1812...
Napoléon franchit le Niemen,atteint Smolensk,subit d'énormes pertes à Borodino et découvre Moscou vidée de ses habitants et bientôt incendiée.
Les personnages principaux eux aussi avancent sur le chemin de leur vie,fait d'épreuves,de trahisons,de révélations...
Ils s'humanisent,s'accomplissent,se conscientisent,se grandissent,montrant le meilleur d'eux-mêmes. 
*Le thème du PARDON est omniprésent : 
 *le prince Nicolas Bolkonsky meurt en demandant pardon à sa fille Marie qu'il a tant rudoyée... 
*le prince André pardonne à Natacha qui a trahi leur amour.
Il pardonne à son rival amoureux,Anatole Kouraguine en le voyant blessé à ses côtés... 
En pardonnant aux autres,ces êtres se pardonnent à eux-mêmes et s'apaisent.

*Un personnage historique,KOUTOUSOV a retenu mon attention. 
Nommé commandant en chef par le Tsar Alexandre Ier,il est le symbole de cette âme russe,patiente,..voire passive,privilégiant l'attente à l'affrontement,la fuite au combat. Intuitivement,il sent que Napoléon s'épuise,il le laisse s'enfoncer toujours plus avant dans le pays,sachant que l'hiver russe se chargera de l'achever tel un animal blessé. 
Figure profondément mystique,ce Koutousov.

*Enfin,les nombreuses réflexions de l'écrivain sur cette Russie envahie,sur le rôle des 2 grands protagonistes de cet affrontement,le Tsar et Napoléon,sur les causes et les effets,...bref sur cette histoire russe sont passionnantes.
Le déterminisme historique prévaut chez Tolstoï.Pour lui,les êtres, fussent-ils grands,sont plus le jouet du destin que les maîtres des événements.
Quelques extraits:
1) sur NAPOLÉON:
"Napoléon avait entrepris la campagne de Russie parce qu'il ne pouvait pas ne pas venir à Dresde,parce qu'il ne pouvait pas ne pas être grisé par les honneurs,ne pouvait pas ne pas revêtir l'uniforme polonais [...]les innombrables individus qui prenaient part à cette guerre...tous n'étaient que les instruments inconscients de l'histoire et accomplissaient une oeuvre qui leur était cachée mais que nous comprenons."p.134.
Et aussi:"Ce qui devait s'accomplir,s'accomplit."p.134.
 
2) Sur l'incendie de MOSCOU:
 « Moscou brûla parce qu’elle avait été placée dans les conditions où toute ville construite en bois doit brûler […]. Moscou, parce que ses habitants l’avaient quittée, devait brûler tout aussi inévitablement que doit prendre feu un tas de copeaux sur lequel pendant plusieurs jours tombent des étincelles. […] Moscou devait brûler comme doit brûler tout village, toute usine, toute maison abandonnés par leurs propriétaires et où on laisse des étrangers loger et faire leur cuisine. » p.478.

                                       


Voici un extrait d'un article consacré à l'incendie de Moscou dans Guerre et Paix:

"Les forces mystérieuses de l’Histoire
Ainsi pour Tolstoï, tous les acteurs de l’histoire, du plus simple au plus puissant, sont animés par des forces mystérieuses. Le simple soldat, le noble moscovite, les généraux russes Koutouzov et Barclay, les maréchaux Ney et Murat, et même les empereurs Napoléon et Alexandre, tous ne sont que des objets commandés par des forces qui les dépassent. Ce ne sont donc pas les hommes qui mènent les événements mais les événements qui mènent les hommes.(!!!)
Pour Tolstoï, les historiens de son temps réduisent en effet trop souvent l’histoire du monde à la marque de quelques grands hommes dont le commandement déciderait du destin de millions d’individus. 
Toutefois, dans la logique tolstoïenne, le chef d’État ou le commandant d’armée se trouvent toujours au cœur de multiples combinaisons d’éléments, d’intrigues, de luttes d’influences et de jeux de pouvoir qui, au final, ne leur laissent qu’une marge de manœuvre des plus limitées, rendant impossible toute forme de libre arbitre."

 https://philitt.fr/2014/11/05/lincendie-de-moscou-dans-guerre-et-paix-symbole-du-fatalisme-tolstoien/