dimanche 28 décembre 2014

LE PREMIER HOMME d'Albert CAMUS

                

  LIVRE 

Ce titre m'a toujours semblé si rébarbatif,peu engageant.
Récemment,lors de l'émission "La grande librairie" (Fr5) consacrée au livre qui a changé notre vie, un intervenant a évoqué  l'oeuvre de CAMUS et cet ouvrage posthume.
Il faut savoir qu'un manuscrit de +/- 140 pages de brouillon indéchiffrable a été retrouvé dans une sacoche après l'accident de voiture qui coûta la vie à l'écrivain.
J'ai donc commencé cette lecture pour mon plus grand bonheur.

Rien que le premier chapitre est une merveille. ( Je l'ai relu 3X!!!).En voici la teneur:

Un homme, une femme dans une charrette,quelque part en Algérie.
La pluie arrive,d'abord finement, ensuite en averses abondantes.
La femme a mal.On apprend qu'elle va accoucher...
L'homme prend les rênes pour accélérer le rythme.
Ils arrivent à une maison, nouvelle,leur maison.
L'homme part en quête d'un docteur dans ce bled qu'il ne connaît pas.
Quand il revient, un nouveau-né est là, un garçon. 

On l'aura compris, cet enfant , c'est Albert Camus qui s'appellera dans le roman,Jacques.
40 ans plus tard,l'enfant devenu homme se rend au cimetière de Saint-Brieuc saluer la mémoire de son père tombé au champ d'honneur( en octobre 1914 ).
D'abord indifférent, Jacques s'émeut quand il réalise l'âge auquel son père est décédé:30 ans.Plus jeune que lui qui en a 40.Du coup, c'est plein de compassion et de désir d'en savoir plus sur ce père ignoré que le fils avance.

S'ensuivent des pages magnifiques sur les lieux de cette enfance algérienne, sur les retrouvailles avec sa mère ....
Quel style si particulier, des mots toujours appropriés, signifiants,bien qu'inattendus.
En voici 2,3 exemples: 

" Et le flot de tendresse et de pitié qui d'un coup vint lui emplir le coeur n'était pas le mouvement d'âme qui porte le fils vers le souvenir du père disparu,mais la compassion bouleversée qu'un homme fait ressent devant l'enfant injustement assassiné -- quelque chose ici n'était pas dans l'ordre naturel et,à vrai dire,il n'y avait pas d'ordre mais seulement folie et chaos là où le fils était plus âgé que le père....  p35.

L'enfant,pris entre les deux déserts de l'ombre et du soleil,se mettait à tourner autour de la table ... en répétant:"Je m'ennuie!Je m'ennuie" ... p51

A l'hôtel,il demanda la chambre qu'il avait retenue,refusa les services de la femme de chambre qui avait une figure de pomme de terre et qui voulait porter son bagage... p31. 



samedi 20 décembre 2014

LE LOUP DE WALL STREET de Martin Scorsese



FILM

Un extrait du début du film est devenu culte !!! 
Si  vous le connaissez,réécoutez-le.
Si vous ne le connaissez pas,découvrez-le.

 https://www.youtube.com/watch?v=2YCHmOAbJBs
 ( clic droit et ouvrir avec Google : https://www.youtube )

BONNE  ANNÉE  CINÉMA    2015   à tutti. Nadine.

                     En route pour de nouvelles découvertes sensationnelles.

 

vendredi 19 décembre 2014

BLACK COAL,THIN ICE de Diao YINAN


                                                      
                                        
FILM

Ce polar à l'ambiance glauque,glaciale présente de grandes qualités visuelles.De nombreux plans séquences, des scènes de nuit principalement éclairées de lumières artificielles jaune/ocre,de longs silences dérangeants, beaucoup de lenteur ... et SURTOUT le visage totalement fermé et ambigu de l'héroïne du film, tout cela contribue à une ambiance sombre,proche d'un mauvais rêve.

Pour ce qui est de "l'enquête policière",je reste très interrogative.Comment réunir les pièces du puzzle,à savoir des morceaux de corps humains retrouvés sur des wagonnets de charbon,une veste en peau jamais récupérée chez un teinturier,des patins à glace comme arme du crime,un flic picoleur quelque peu chancelant ?

Trop de questions sans réponses:

Qui sont l'homme et la femme de la première scène? L'enquêteur et sa femme?
Quel est le sens de la séquence du salon de coiffure,théâtre d'une tuerie à la "Tarentino"?
Qui est l'assassin aux patins à glace?
Que cache le visage énigmatique l'épouse de la première victime?

Le film a visiblement plu au jury du dernier festival de Berlin ( 15 février 2014) qui l'a récompensé de L'OURS d'OR.L'acteur qui interprète l'enquêteur a lui obtenu L'OURS d'ARGENT du meilleur acteur.
 

mardi 9 décembre 2014

UN TRADER NE MEURT JAMAIS de Marc Fiorentino


LIVRE    /THRILLER FINANCIER

L'AUTEUR? Pour découvrir ce spécialiste des marchés financiers qui tient une chronique chaque matin sur la chaîne de télé BFM, regardons une vidéo.En voici le lien:

 http://www.monfinancier.com/patrimoine/journal-de-marc-fiorentino-c1/morning-zapping-r1/la-crise-des-emergents-20259.html







 LE ROMAN?

Vif,passionnant,pas trop technique,mais suffisamment pour nous en apprendre sur la planète financière,ses codes, son fonctionnement .... et aussi sur des termes parfois difficiles à comprendre pour les non-initiés!!!
Exemples? délit d'initié/golden boy/leCAC40 (j'ai toujours compris "Quatre
40"!!??)/ indice DowJones...... 
Le récit est mené tambour battant,en JE,il ne manque pas non plus d'humour,ni d'auto-dérision.

                                        
LE TRADER? 

Le trader est un loup solitaire,un chasseur en embuscade,un animal à sang chaud toujours prêt à foncer sur sa proie.C'est un sniper dont l'attention ne peut être prise en défaut.
Ses qualités?réactivité et patience.Savoir attendre ou "prendre une position"Que signifie cette expression?


"Le trader prend des positions

Prendre des positions signifie vendre ou acheter sur un marché à terme. Une position est dite longue lorsqu'un achat n'est pas suivi d'une revente et courte lorsqu'une vente n'est pas compensée par un achat. La prise de position, c'est donc l'action de vendre ou d'acheter des titres."

"Exemple concret sur une journée

Un trader parie que des titres "T", côtés à 10 000 euros, vont baisser dans la journée, il va donc vendre ses titres à 10 000 euros. Si les titres ont effectivement baissé à la fin de la journée et qu'ils ne valent plus que 7 000 euros, le trader a un gain net de 3 000 euros. Mais s'il s'est trompé, et que les titres ont augmenté et valent désormais 14 000 euros à la fin de la journée, il a une perte sèche de 4 000 puisqu'il a vendu ses titres 10 000 euros le matin. Pour éviter ces extrêmes, dans le premier cas il en perd 3 000, dans le deuxième cas, il en gagne 4 000, le trader doit compenser ce risque en prenant une position contraire qui va limiter la perte ou le gain. Ainsi, il va bien vendre ses actions T à 10 000 euros, mais il va en acheter d'autres, qui sont proches des actions T, pour 1 000 euros. Dans ce cas, ces 1 000 euros constituent sa marge de sécurité : s'il avait raison, il perdra 1 000 euros sur ses gains, s'il avait tort, sa perte sera moins importante, il conservera les 1 000 euros."

 

Donc attendre ou s'engager,attendre ou parier,vendre ou garder???
Ce sont là des choix quotidiens qui nécessitent une santé solide,un moral d'acier,des nerfs à toute épreuve.En effet,il faut éviter de se décourager après une perte,mais  ne pas non plus s'emballer après un gain.
Eric Fiorentino nous fait vivre cette vie palpitante et surtout dangereuse où se mélangent intuition et information,prudence et audace, rationalité et impulsivité.

C'est un vrai roman avec des vrais personnages et ....un vrai suspense.
 


 

jeudi 4 décembre 2014

SIX MOIS,SIX JOURS de Karine TUIL

                                                       

 LIVRE

Après "L'invention de nos vies" qui m'avait enthousiasmée, je lis un roman plus ancien de K.TUIL.Il date de 2010.Dans une toute autre histoire,on retrouve ce style vif,expressif,précis aussi.
Pour appuyer mon propos, voici un extrait où est décrite la naissance d'une passion amoureuse,embrassement immédiat ,irrésistible,sans appel.

"Dans l'anonymat d'une chambre d'hôtel,l'une des femmes les plus puissantes d'Allemagne se donna à un homme dont elle ne savait rien,qu'elle n'avait vu que deux fois dans sa vie,et qu'elle avait pourtant suivi sans lui poser aucune question,sans avoir obtenu le moindre renseignement,ignorante,inconsciente,sans résistance,violant nos impératifs sécuritaires,sa morale personnelle,ses convictions,elle l'avait suivi parce qu'elle ne pouvait pas lui dire "non",mot abscons,imprononçable,qui limite et restreint,elle avait perdu tout contrôle,toute capacité de jugement,elle était une proie,une poupée de chiffon,une chose molle et sans volonté entièrement commandée par sa matrice,elle était cette femme qui capitulait sans avoir été torturée,violentée,elle se rendait,se soumettait avec une jubilation nouvelle,une excitation guerrière,elle était une machine à aimer,qui hurlait,haletait,et sa voix était un gémissement,un soupir qui gonflait,elle était cette femme résignée,égrotante,à genoux devant lui comme devant un prie-dieu,cherchant la protection,réclamant la servitude,inféodée au pouvoir d'un dieu étranger,cette femme qui se traînait à terre,nue,hirsute,échevelée - voilà pourquoi je ( le narrateur du récit s'exprime... ) déteste l'amour: les papillons redeviennent des larves." ....

Ce récit plonge le lecteur dans le douloureux passé de l'Allemagne.Il y est question de mensonge, de trahison, de vengeance...
Comme dans son dernier roman, l'écrivain nous réserve un joli retournement de situation!!!

Le livre est paru en édition de poche.

samedi 29 novembre 2014

[ ANGOR ] de FRANCK THILLIEZ

LIVRE

Franck THILLIEZ  nous revient avec un polar totalement maîtrisé dans la droite ligne de Gataca (le thème des déformations de la génétique)  et Le syndrome [E] ( histoire d'un film qui rend aveugle et plongée dans les secrets du cerveau...).

Les deux romans précédents Atomka et Puzzle étaient plus atypiques,constituant chacun un "one-shot". Les déviances humaines de tous ordres sont le creuset où l'écrivain français puise son inspiration.Cette fois,on plonge dans l'univers glauque de l'anatomie,des greffes d'organes...entendez trafic d'organes.Des êtres vivants ( enfants,prostituées...)ont été enlevés, tatoués et semblent avoir disparu sans laisser aucune trace.On découvre au fur et à mesure l'innommable.

Franck Thilliez,comme à son habitude,diversifie "les" enquêtes,multiplie les lieux des recherches,apportant également à son propos une dimension historique.Ici, ce n'est plus la préhistoire(Syndrome E) mais les dictatures espagnoles et argentines qui ont été le théâtre d'enlèvement d'enfants.Il s'assure également de la réalité scientifique des faits exposés,se permettant aussi un passage par l'histoire de la peinture avec la célèbre "Leçon d'anatomie" de Rembrandt (1632).
     



On peut découvrir la présentation du livre de Franck Thilliez  grâce au lien suivant:

: http://www.web-tv-culture.com/Angor-de-franck-thilliez-718.html
Clique droit,puis ouvrir avec recherche microsoft (bing)

lundi 17 novembre 2014

RELIC de Preston & Child

                                   
   LIVRE

RELIC est le résultat de la première collaboration entre D.PRESTON et L.CHILD.
Le roman date de 1995 et a été adapté à l'écran. 

Les ingrédients du polar sont divers et variés.Il est tour à tour question d'une expédition scientifique menée en Amazonie, dont plusieurs membres ont mystérieusement disparu,ensuite d'un redoutable meurtrier qui hante les sous-sols du musée d'Histoire Naturelle à New York, de l'improbable découverte de l'ADN d'une plante mélangé à celui d'un animal.... Tous ces faits font bien sûr l'objet d'une enquête difficile menée par l'inspecteur Pendergast du FBI.Parviendra-t-il à résoudre l'énigme,à identifier le coupable,....surtout à neutraliser des directeurs de Musée assez incapables? Il pourra compter sur l'expertise d'un certain docteur Frock dont la théorie révolutionnaire sur l'évolution des espèces est loin de faire l'unanimité et de son assistante, Margo Green.

 Bref,si l'ethno-anthropologie,les secrets de la génétique,les coutumes de certaines tribus amazoniennes vous intéressent,ce thriller au rythme soutenu est pour vous.

J'ai bien apprécié l'expression suivante,on évoque:"....des policiers qui ont avalé leur sourire".

                                             

vendredi 14 novembre 2014

JIMMY'S HALL de KEN LOACH

                                                                                                                           

  FILM

Mais où est donc passé l'humour distancié des derniers films de Ken Loach?
Je m'étais régalée avec "Looking for Eric" et plus récemment "The Angel's Share".C'était fin,drôle et décapant.Rien de tout cela ici.

En nous proposant une fresque des années 30,le cinéaste se montre une fois encore ardent défenseur de la cause irlandaise,mais il s'enlise dans un manichéisme,indigne d'un cinéaste accompli.En effet,la réouverture d'un foyer ( the Hall) où l'on danse, étudie, s'amuse... par Jimmy,récemment revenu des États-Unis suscite les réactions immédiates d'une Église archaïque,intégriste suivie de certains villageois.  
Le Père Sheridan et Jimmy , protagonistes des 2 "camps" se jaugent, se menacent, s'intimident,chacun avec ses armes ....
C'est simpliste,ennuyeux et peu crédible.Et ce ne sont malheureusement pas les quelques scènes de bal qui rachètent la mise.

Citons un extrait de la critique du NouvelObs (le 3/7/2014). L'avis est sans appel!!!

"Ken Loach a réalisé trop de films importants pour se laisser aller à une fin de carrière si médiocre. L'ennui que propage le film au bout de deux séquences n'est pas seulement dû à la reconstitution historique factice, au charisme de mérou de son personnage principal ou à la fadeur des rebondissements : il vient assurément de l'incapacité du cinéaste à retrouver la verve incisive et militante de ses oeuvres les plus abouties.
On a souvent l'impression, dans "Jimmy's hall", que le spectacle du foyer n'est au fond qu'un écran de fumée évitant à Loach de toucher le noyau brûlant de son récit historique. Les fantômes de la guerre, la défiance de l'église à l'égard des idéaux communistes du héros ne servent ici qu'une soupe de niaiserie aux épais grumeaux." 



jeudi 13 novembre 2014

A MOST WANTED MAN de Anton Corbijn


 FILM

L'ambiance glauque,sombre,brumeuse du film reflète parfaitement les enjeux de ce film inspiré du roman d'espionnage de John Le Carré.Qui dit espionnage dit double jeu,ambiguïté,duperie.
....Mais aussi pertes et profits,échec et mat....Il y a tout ça dans ce polar dense,ténébreux dont le dénouement fait exploser tout un cheminement minutieusement étudié,toute une organisation savamment orchestrée.

Le personnage de Philip Seymour Hoffman (que l'on voit une dernière fois au cinéma) dirige à Berlin une équipe qui tente de faire face au risque terroriste d'un Islam radical.Pour ce faire, il veut piéger un homme d'affaires douteux.Pour appâter ce dernier,il se sert d'un jeune tchétchène récemment débarqué en Allemagne qui veut récupérer l'héritage d'un père russe indigne.
Bien sûr, c'était sans compter l'intervention,au moment fatidique,des services secrets anglais et/ou ? américains.Ceux-ci font s'écrouler tous les plans et s'emparent, sans forme de procès des personnes-clés de la machinerie.Tout s'écroule comme un château de cartes et les derniers plans filment un Philip Seymour Hoffman,interdit,désemparé qui regarde de tous côtés d'où pourrait venir le salut!!!

mercredi 12 novembre 2014

GONE GIRL de David FINCHER

D'abord un petit récapitulatif des films de David FINCHER> une grande diversité:


            FILM     
                    
Elle est glaciale,glacée ... et glaçante.Elle est la reine de ce thriller intense sur fond de crise de couple.Reine, mais reine de la nuit, de l'ombre,de la manipulation diabolique.
Elle, c'est Amy,personnage incarné par une grande ROSAMUND PIKE.On avait vu l'actrice à l'oeuvre dans "Jack Reacher"*aux côtés de Tom Cruise.

Amy disparaît le matin de son 5ème anniversaire de mariage avec Nick.
L'enquête menée avec sérieux par l'inspectrice débouche logiquement sur l'arrestation du mari de la "disparue"!!! ...Est-il coupable? En tout cas, tous les indices concourent à l'accuser.

Et la suite du film alors? Eh bien,on va de surprise en surprise....                                                     Il ne faut point trop en dire et déconseiller la lecture préalable du livre à l'origine du film, à savoir "Les apparences", best-seller américain.


*Voici ma courte critique du film "Jack REACHER" (Janvier 2013)
Jack Reacher de C. Mc Quarrie
FILM

Le scénariste de  " Usual  Suspects" ne peut pas être l'auteur  d'un mauvais policier ..... Je confirme .
Son  " Jack Reacher" est un bon film , bien foutu avec une intrigue intelligente et  son lot  de  surprises , de
révélations ...  Tom Cruise  y est efficace , mesuré , il n'en fait pas des tonnes ...  Sa partenaire féminine , (ROSAMUND PIKE) avocate du supposé tueur  est  un excellent contre-point ...
J'ai donc passé un très bon moment "cinéma" , comme on dit.

lundi 10 novembre 2014

CALVARY de John Michael McDonagh

FILM

Un prêtre irlandais, le père James est menacé de mort par un de ses paroissiens.
Ce dernier lui révèle en confession avoir été abusé ,enfant,par un homme d'Église et cela durant 7 années.Il veut se venger, peu importe que ce soit à l'encontre d'un innocent.
Il le tuera le dimanche suivant sur la plage. 

S'ensuivent alors 8 jours,apparemment habituels de la vie du père en charge d'ouailles pour le moins contestataires, révoltées ou carrément violentes.Elles lui lancent à la figure leurs misères,leur frustrations, leur mal être.
Toutes ces souffrances sont le lot quotidien du père qui écoute, s'intéresse,comprend et  ...pardonne. Son empathie n'a d'égal que sa sincérité, son authenticité.Ce personnage est un colosse spirituel.

Le film constitue bien sûr une réflexion sur la religion,la solitude des prêtres,"l'obsolescence" du message religieux,l'éternelle difficulté de l'Église à donner une réponse acceptable au MAL,réflexion aussi sur le pardon et le don de sa vie.
Mais bien entendu, il fonctionne aussi comme un vrai thriller.Le suspens est intense et double:

Qui est ce paroissien qui a menacé le père de mort?
Le dimanche,mettra-t-il sa menace à exécution?

Un film et le temps d'une semaine pour avoir la réponse à ces 2 questions.
C'est un film original,au tempo soutenu qui aborde avec brio de grandes questions philosophiques.De plus,il réserve au spectateur une ou deux surprises bienvenues.

                                                        


 


mercredi 5 novembre 2014

Une vie simple de ANN HUI


FILM  

Ann HUI est une cinéaste célèbre à Hongkong.Elle a réalisé en 2011 ce très joli film.Il n'est sorti dans notre pays qu'en 2013.

C'est l'histoire très touchante d'un lien profond et subtil qui unit la servante d'une famille à son jeune maître.Celle-ci vieillit lentement ,mais sûrement.Suite à une attaque cardiaque, elle décide d'entrer dans une maison de retraite.
On suit le début de cette fin de vie , l'adaptation de la vieille dame à son nouveau lieu, les autres pensionnaires, pas tous faciles ....mais surtout le jeune homme que Ah Tao ( c'est son nom ) a élevé et chouchouté va peu à peu découvrir et mesurer à sa juste valeur toute cette tendresse, cette attention, ces gâteries dont la servante

                                        

l'a gratifié durant sa jeunesse.
A lui maintenant d'entourer la vielle dame de ses soins.
C'est de cela qu'il est question dans le film, d'une dette, une dette affective que le jeune homme honorera en ne ménageant ni son temps, ni son affection.

Certaines scènes sont touchantes, d'autres carrément burlesques. On ne tombe jamais dans le mélo,ni dans l'apitoiement, loin s'en faut.
Ce n'est en aucun cas un  enième film sur la fin de vie.

lundi 3 novembre 2014

L'ÉCRIVAIN NATIONAL de Serge JONCOUR


LIVRE

Un écrivain,héros du roman est invité par un libraire d'une petite ville de province française pour rencontrer ses lecteurs,lectrices et évoquer son roman... Et bien sûr,rien ne va se passer comme prévu.Un fait divers vient en effet de troubler la région,apportant son lot de commérages, d'hypothèses,de pistes...Il n'en fallait pas plus pour que notre héros, ou antihéros s'embarque dans une improbable aventure,en suivant des chemins plus que hasardeux...

Serge Joncour a l'art de l'accroche,il emmène son lecteur avec lui,lui faisant vivre des moments aussi cocasses qu'inconfortables,s'interrogeant sur ses choix,partageant ses doutes,ses interrogations...Les mots sont toujours justes, les phrases bien tournées.
Il dit des choses simples,mais il les dit bien.
Le suspens aussi est assuré,tout cela dans un style fort agréable ( j'ai lu les 100 premières pages d'une traite!!!...) Un vrai régal.

Ce roman mériterait "le prix Renaudot 2014".Il a en effet été retenu parmi 9 Romans.

Quelques extraits du roman ...en guise de mise en bouche:

"Mon excursion se teintait d'une gravité imprévue,je ne me sentais pas de me fourrer là-dedans,j'avais peur de ce que je trouverais là-bas,comme si le simple fait de m'engager dans cette ornière,de descendre ce banal chemin,pouvait avoir quelque chose d'irrémédiable et de compromettant...." p74.

"J'avais envie de lui répondre ( à un lecteur) que oui,ce personnage partait de moi,j'étais comme lui,ma vraie force c'était ma discrétion,parce que dans la vie rien n'est plus dur que de savoir se taire,rien n'est plus dur que de garder une vérité à soi,bien enfouie,rien n'est plus dur que d'avoir quelque chose d'incroyable à cacher,de ne pas pouvoir s'en vanter,de se taire alors qu'autour de soi tout le monde guette la moindre explication [...]
N'avoir pas su garder le secret pour soi.Il suffit d'y être soi-même confronté,d'avoir un gros secret à taire pour se rendre compte que c'est intenable de ne pas se mettre à le raconter..."

p225.

Lors d'une rencontre écrivain/lecteurs,suivie d'un banquet bien arrosé:
 " De toute façon ce soir ils avaient tous bu,les hommes comme les femmes,ils étaient tous bizarrement dénaturés par les cocktails et le vin,derrière ces visages qui se tendaient vers moi l'alcool agitait ses doigts de marionnettiste,les faisant paraître grimaçants et gais à l'excès,souriant trop large et parlant trop fort,ils étaient tous menaçants de désinhibition,ça faisait un peu peur,j'étais entouré de monstres imprévisibles" (souligné par moi).
p254.
 
  

samedi 1 novembre 2014

LEVIATHAN de Andreï ZVIAGUINTSEF

                                                       
                                                                
                                                                                                                                                                      FILM

"PRIX DU SCÉNARIO" au dernier festival de Cannes: amplement mérité.
Film puissant,esthétiquement réussi et interpellant.

Le thème de l'écrasement des faibles par les puissants est universel,notamment dans les fables de La Fontaine...Le voici actualisé en Russie.

La toute-puissance de l'État et de son allié historique,la religion est à l'oeuvre pour broyer, écraser les petits, tels Kolia.La machine étatique et son lot de mesures administratives, décisions d'expropriation et de rachat n'épargneront pas sa maison, idéalement située face à la mer de Barentz ( cimetière du légendaire "Koursk"!! ).C'est le combat de David contre Goliath,le combat du pot de terre contre le pot de fer.Combat inégal,dont on connaît l'issue,qui se joue ici entre le maire de la ville,être abject,figure emblématique de la corruption et de ses forfaitures et Kolia qui résiste, résiste et finit par tout perdre:femme,maison,honneur.
Il est laminé,dévasté par ce "Leviathan,monstre marin",évoqué par la Bible , notamment dans le livre de Job*,chapitres 40 et 41.Ce serpent mythique est la personnification des puissances du Mal.
*Job est ce personnage de la Bible qui perd tout ce qu'il possédait et crie vengeance au ciel.


Le spectateur suit cette descente aux enfers à travers différentes séquences,dont le ressort est plus la beauté esthétique que la charge émotionnelle.Il y a toujours beaucoup de retenues dans les films de Zviaguintsef.Quelque chose qui n'arrive pas à sortir, à s'exprimer et qui,ici,finit par se diluer dans l'alcool... C'est un film froid et d'autant plus puissant.Magnifiques plans fixes et travellings dans les tons bleu gris, notamment les dernières images du film qui renvoient aux premières...
Le film n'en est pas pour autant dépourvu de suspense et ce n'est pas par hasard qu'il a été gratifié du "Prix du scénario". On retiendra certaines scènes d'anthologie:la beuverie des 2 protagonistes,la lecture monocorde et limite incompréhensible de l'acte d'accusation,une séance de tirs sur de vieux portraits d'anciens dirigeants de l'Union Soviétique...mais les relais du scénario,les faits importants,les moments forts sont brièvement évoqués au profit d'une atmosphère,d'une ambiance d'un monde en déliquescence. Le cinéaste a aussi l'art de choisir ses acteurs.Tous crédibles,parfaits dans l'expression de leur humanité,vile ou veule,sensible ou touchante.
Une immense puissance évocatrice.

Un dernier point: dans les films de Zviaguintsef,il y a toujours des enfants pris dans la tourmente,témoins,victimes? du drame qui se noue.Cette fois encore, le fils de Kolia occupe un espace conséquent.Un des plans les plus touchants, c'est lui en pleurs sur un rocher face au squelette d'un monstre marin préhistorique.
Il y a toujours aussi une "femme" sublime,douce,intériorisée,voire passive,souvent mystérieuse qui soudain explose,transcende et s'abîme.C'est ici la femme de Kolia,Lilia.

Je veux recommander aux lecteurs de ce Blog les autres films de ce cinéaste russe,tous des réussites.

" ZVIAGUINTSEF se révèle au grand public dès son premier long-métrage Le Retour, récompensé par le Lion d'or de la Mostra de Venise 2003, qui obtient un grand succès international.

Avec Le Bannissement, il accède à la sélection officielle du Festival de Cannes 2007 où son comédien Konstantin Lavronenko, déjà présent dans Le Retour, obtient le Prix d'interprétation masculine.  
                                                                                                                                                              Son drame Elena est récompensé,en 2011, par le Prix spécial du jury de la section Un certain regard au 64e Festival de Cannes.(critique de ce film sur le Blog,le 14/7/2013)
Il revient en compétition officielle à Cannes en 2014 avec Leviathan qui reçoit le Prix du scénario."
                                                                      (source Wikipedia)


 




 

mercredi 29 octobre 2014

BIRD PEOPLE de Pascale FERRAN


FILM

8 ans après "Lady Chatterley",PASCALE  FERRAN sort un nouveau film encensé par certains,décrié par d'autres... Il ne laisse pas indifférent ,preuve ,s'il en est de son intérêt cinématographique.

Il est des moments où tout un chacun se pose "LES" questions essentielles,celles du sens de sa vie,de ses choix professionnels,amoureux...
Moment de remise en question, d'évaluation,de décision, voire de rupture...
Impossible de revenir en arrière,en tout cas pour le héros du film,Gary.

Ce film particulier,très particulier est surtout intéressant dans sa première partie.
Un début très prometteur,très original,une scène de rupture via Skype,le recours à la voix off totalement justifié pour zoomer sur le choix de Gary.
Ensuite,ça tourne en une longue allégorie féérique (genre Cendrillon,réveil de la Belle au bois dormant...). Même si elle n'est pas dénuée de poésie, cette deuxième partie égare le spectateur sur un chemin imaginaire qui a de quoi surprendre.
On attend impatiemment,trop impatiemment la scène finale qui elle est éclatante de simplicité.

Je reprends à mon compte la critique d'un internaute publiée sur le site de Télérama le 5/7/2014: l'internaute est GLADYS65:

 "Comme j'aurais aimé l'aimer ce film qui semble original mais se perd en route. Chacun sa sensibilité, j'ai beaucoup aimé le début où l'on voit les voyageurs chacun dans sa bulle écouter la musique de son choix, le parallèle entre les pertes de temps de trajet d'Audrey et Gary et donc le moment de se poser des questions sur son choix de vie. Audrey semble trouver sa place dans ces gestes répétitifs de remise en ordre alors que Gary ne trouve plus la sienne dans son ordonnancement impeccable. Très sagement, on nous déroule le programme avec des cartons : Gary, puis Audrey. Puis on s'envole vers un autre monde et c'est long, interminable. Regardez comme c'est beau Roissy la nuit, oui bon et alors ! Très joli moment poétique avec le japonais. De belles scènes de ci, de là: la rupture où l'on sent la lassitude de Gary qui a franchi le point de non retour, le petit minois d'oiseau d'Anaïs. P. Ferran avait plein de bonnes idées, mais qu'elle n'a pas su raccorder entre elles. Petite incursion dans la nature qu'elle aime tant, mais pourquoi suivre Roshdy Zem dans ce no mans land, où ne restent que les ordures dont profitent les oiseaux. Beaucoup de thèmes abordés mais trop de confusion. La rencontre finale n'apporte rien, happy end obligé qui plombe le récit. Que chacun suive sa route parallèle. Un nouveau montage de ce film serait super." (souligné par moi )

mardi 14 octobre 2014

THE DROP ou "CEUX QUI TOMBENT" de Michael CONNELLY

LIVRE

Harry Bosh is back. Il est proche de la retraite,mais on lui confie une nouvelle affaire (le suicide présumé du fils d'un ex-chef de la police,ennemi juré de Harry).En même temps , il essaie de démêler une affaire vieille de 20 ans ,non élucidée.
Il s'agit là de retrouver la trace d'un prédateur sexuel, tueur de femmes et pédophile ,de le confondre grâce à de l'ADN retrouvé sur une ceinture d'un gosse qui a maintenant 30 ans et croupit en prison.
L'intérêt du polar provient de cet habile mélange des genres:deux affaires pour le prix d'une.
Ce polar plaira aux amateurs de "Cold Cases".Il vient d'être traduit en français (2014),il est paru en 2011 sous le titre "THE DROP".

C'est comme dans le métier de prof: il y a toujours un cours qui tourne,qui est rodé et à l'avant-plan,un cours nouveau,exigeant qui demande beaucoup plus d'investissement.

vendredi 3 octobre 2014

L'INVENTION DE NOS VIES de Karin TUIL

LIVRE

J'ai démarré cette lecture avec enthousiasme,immédiatement prise par le sujet,par les 3 personnages mis en scène, par la construction du récit.
Mais surtout,quel STYLE,généreux,prolifique,audacieux!
Je citerai l'extrait d'un article du NouvelObs qui lui est consacré:

"  Mes parents, émigrés juifs d'Afrique du Nord, ont eu un désir d'intégration et d'assimilation très fort. C'est pourquoi le sujet de la discrimination m'intéresse. J'ai écrit ce livre avec cette rage sociale présente en moi dès l'origine. » K.Tuil.

Un thème on ne peut plus actuel. Mais ce qui frappe le plus dans «l'Invention de nos vies», c'est sa ponctuation. On attend les points et les virgules comme on guette les aires de repos sur une autoroute : une pause, une respiration. Quant à ces barres obliques qui tranchent les phrases, elles lui ont été inspirées par le rap. Karine Tuil/portraitiste de la violence contemporaine/mérite prix littéraire.
Sophie Delassein.  
  
Article du 17/10/2013. Le roman vient de paraître en collection/poche.

Bon, j'ai terminé ce roman brillant qui m'a tenue en haleine sans faiblir jusqu'aux dernières pages que j'ai lues tard dans la soirée.
Quelle histoire incroyable et totalement maîtrisée!
L'auteure réussit,tout au long du roman,à maintenir un équilibre subtil entre 3 destins intimement liés, imbriqués,destins de 2 hommes et d'une femme.
Le propos est actuel, brûlant même,car il tourne autour de la quête identitaire,juive/arabe (p410),car il est question de la"tentation djihadiste",mais aussi de l'argent,de l'ascension sociale,du pouvoir de séduction ,de manipulation des hommes,de la passion amoureuse...

Le pitch,comme on dit aujourd'hui,serait:

APRÈS L'ESCALADE,LA DÉGRINGOLADE ....
 
Comment un être au sommet de la gloire,au sommet de la réussite sociale,professionnelle,personnelle va-t-il connaître la désillusion, l'anéantissement,la descente aux enfers...

La prouesse narrative , c'est que là où le lecteur attendait un dénouement tragique,dramatique,la romancière propose une fin en forme de LIBÉRATION et cela pour les 3 protagonistes de l'histoire.L'un,Samir se sent libéré d'une énorme pression sociale,il peut juste REDEVENIR lui-même,sans tromperie, sans imposture, ni mystification identitaire.
Le second,Samuel rejette la renommée littéraire et son cortège d'asservissements,de faux semblants.
La troisième, Nina se réalise dans un univers de femmes,délivrée du besoin de plaire,soumise au regard exigeant des hommes; Je cite la page 486:
" Elle aime son corps désentravé du souci de plaire;c'est nouveau pour elle qui n'a cherché que l'approbation des hommes,qu'à se placer sous leur protection- quelle protection?Ils l'ont exposée au pire.Elle assume ce qu'elle est désormais:une femme pauvre,pauvre mais libre." 

La fin du roman est vraiment MAGNIFIQUE.Ce livre est une RÉUSSITE.

LE LISEUR du 6H27 de Jean-Paul DIDIERLAURENT

LIVRE

Un premier roman.Un grand succès.Le bouche à oreille a bien fonctionné.Le livre a été acheté dans 25 pays.Succès mérité?OUI.

Voici quelques plus:
- la grâce de l'écriture,écriture à la fois simple et efficace.
- l'amour des mots,l'éclat de cette merveilleuse langue de Molière mise en évidence 
  notamment au travers d'alexandrins très réussis dont un ami du héros a le secret. 
- la drôlerie de certaines descriptions, en particulier celle du Speed dating,les observations 
  amusées et réalistes de "Madame Pipi"....
- l'élégance de la fin de l'histoire.

MAIS, personnellement je ne suis jamais entrée dans ce roman gentillet, bien pensant et bien pensé.Nulle envie de connaître la suite: ce qui arriverait à ces gens simples,si le héros retrouverait la propriétaire de cette clé USB trouvée dans le métro.... etc

mardi 23 septembre 2014

LA JAULA DE ORO de Diego Quemada-Diez

FILM
Film présenté à Cannes dans la catégorie "Un certain regard"  en 2013.
Film de salubrité publique.
A montrer à notre jeunesse européenne, souvent chouchoutée, bien installée dans un lieu de vie agréable .....Enfin, une grande majorité en tout cas...

De jeunes guatémaltèques se lancent à l'assaut d'un Eldorado qui a pour noms "Los Angeles","Les États-Unis"... Littéralement à l'assaut,car il s'agit pour eux d'attraper des trains en marche et de s'y planquer... Que d'embûches,que de déboires,que de rencontres malveillantes,mais aussi et surtout quel apprentissage de la solidarité, du sens de l'autre!!!
MAGNIFIQUE! ....Une des dernières scènes m'a particulièrement touchée,vous comprendrez laquelle.

Rêves d'or (espagnol : La jaula de oro) est un film dramatique hispano-mexicain coécrit et réalisé par Diego Quemada-Diez, sorti en 2013.