samedi 11 mai 2019

L'autre côté de l'espoir de AKI KAURISMÄKI***

FILM

Après "Le Havre" sorti en 2011,le cinéaste finlandais s'est à nouveau intéressé en 2017 à la problématique des réfugiés.
Et c'est une réussite❤
Film original,personnel, intelligent.
On suit l'arrivée d'un réfugié syrien en Finlande entre humour et désespoir, hospitalité et rejet.
Certains visages s'ouvrent,d'autres se ferment.

Quel contraste entre la chaleur de certains habitants finlandais et la froideur bureaucratique des autorités policières et sociales.
Excellents comédiens à l'expressivité maximale,cinéaste qui va à l'essentiel,chaque plan est signifiant,pas de remplissage...
C'est parfait 👌

A voir sur ARTE jusqu'au 6 juin,en Replay.
A VOIR***....vous ne le regretterez pas.


                                                       

dimanche 5 mai 2019

CAPHARNAÜM de Nadine Labaki

FILM

Ce 3ème film de la cinéaste libanaise est un coup de poing,...un cri.
Cri de révolte d'un enfant malmené par la vie,par ses parents et qui n'a d'autres ressources que sa débrouillardise,son énergie pour faire face au désespoir et à la violence ambiante.
Ayant fui sa famille,Zain est recueilli et nourri par une immigrée éthiopienne Rahil,menacée d'expulsion et son bébé.En charge du bébé pendant les journées de travail,Zain s'acquitte fort bien de sa tâche.Un soir,Rahil ne revient plus et les deux petits sont livrés à eux-mêmes..
C'est l'errance dans les rues sales,...la débrouille totale pour se nourrir,trouver du lait remplaçant le lait maternel,pour se laver (scène ahurissante et hilarante du car wash à l'usage insolite!!!...) et tacher d'économiser quelques dollars pour gagner la Suède,rêve/mirage du jeune enfant. 
Nadine Labaki nous emmène dans ce dédale urbain et l'on suit effaré les déboires et les rares instants de réconfort des deux enfants.
D'autres péripéties et épisodes alimentent l'histoire.
Il faut saluer le choix très réussi des acteurs/actrices du film.Ils sont tous convaincants.
Comment a-t-elle déniché et si bien dirigé le jeune acteur qui interprète le rôle de Zain?(acteur syrien qui s'est réfugié au Liban de 2012 à 2018)
Sa petite bouille de révolté et de laissé-pour-compte est craquante.
Il porte le film sur ses frêles épaules.

Le film a été récompensé du Prix du Jury au dernier festival de Cannes,certains regrettent que ce drame familial n'ait pas reçu la Palme d'or.Ça se discute,bien sûr.
 

vendredi 3 mai 2019

LES GRATITUDES de Delphine de Vigan

LIVRE

Delphine de Vigan s'intéresse à l'humain,à l'âme humaine,aux relations humaines dans ce qu'elles ont de plus intime,de plus singulier.
Ici,elle "met en scène" ( le court roman se prêterait aisément à une transposition théâtrale) trois personnages dont la figure centrale est Mickka,récemment placée en séniorie suite à une soudaine perte d'autonomie et des perturbations langagières.
Elle ne trouve plus ses mots,emploie un mot pour un autre ( on pense immanquablement à la pièce de Jean Tardieu:"Un mot pour un autre"),s'empêtre dans les phrases et ne parvient pas toujours à se faire comprendre.
Une jeune voisine,Marie,lui rend visite,la stimule,l'encourage et les séances avec un orthophoniste bienveillant et compétent,Jérôme sont d'une grande utilité.
Mais ce sont surtout des liens humains qui se tissent,des liens de solidarité et de réciprocité,car Michka poussera Jérôme à renouer avec un père perdu de vue et elle éclairera Marie de conseils judicieux sur une possible maternité.Et elle aussi leur confiera un secret,voire une mission...car le temps lui est compté.

Si l'écrivaine voulait nous toucher,elle a atteint son but.On ne peut rester insensible à tant de bons sentiments,à une telle démonstration d'entraide et de gentillesse,mais n'est-ce pas "too much",ce monde de bisounours?
De plus,ces mots qui se télescopent et s'emmêlent pour Michka et ses interlocuteurs,ont le même effet sur le lecteur qui est parfois à la peine.
Une belle pirouette narrative est à relever dans les rencontres entre la directrice d'apparence si rude et autoritaire et Michka...TB.