LIVRE***
Molina est sûrement un des grands écrivains espagnols contemporains.Son polar "Pleine Lune" a obtenu le prix Femina étranger en 1998.Et donc ma première lecture date d'il y a 20 ans.J'avais oublié l'intrigue et la relecture a ressemblé à une découverte.
Quelle plume!!!....Quel roman!!! ...époustouflant de maîtrise narrative et de profondeur humaine.C'est bien ce que l'on nomme un"Thriller psychologique".Un inspecteur récemment arrivé dans une ville du Sud de l'Andalousie est à la recherche d'un meurtrier qui a sauvagement assassiné une fillette.Il arpente les rues,les parcs,les sorties d'écoles,les coins reculés,espérant croiser le regard criminel qu'il pense reconnaître parmi tous.
"..Il cherchait des yeux un visage qui serait le miroir d'une âme embusquée,un miroir vide qui ne reflétait rien,ni le remords ni la compassion,peut-être même pas la peur de la police..." p14
Et donc il y a bien une enquête avec les recueils de témoignages,les pistes trop rares,les rebondissements aussi...mais surtout c'est plein de réflexions sur la vie,la destinée,l'amour,la complexité de l'âme humaine,car l'inspecteur qui a vécu dans cette ville,enfant, retrouve un prêtre devenu vieux avec lequel il regarde des photos anciennes ou récentes (espérant y voir ce visage criminel) et auquel il se confesse? se confie (Chapitre vraiment bouleversant que ce chapitre 26 où un être fait les comptes,s'analyse,regarde sa vie avec lucidité,sans indulgence ...)
C'est un être tourmenté,incapable d'être heureux,alors qu'un nouvel amour se présente à lui.Il y a du Dostoïevsky dans ce roman tendu à l'extrême.Les digues se rompent.On suit différents personnages dont l'assassin à la vie misérable,minable,lui qui vit chez ses parents qu'il hait,qui le dégoûtent...Terrible chapitre 20 où le lecteur découvre ce jeune homme chez lui,ensuite dans sa folle entreprise.C'est écrit dans un style incroyable,prenant,terrifiant et aussi flamboyant.
Une lecture que je recommande donc vivement pour sa densité émotionnelle,sa fine analyse psychologique,la brillance de son style.
Voici la critique de 2008 publiée par "CritiquesLibres.com": Si je devais partir dans une lointaine île déserte et qu'il me fallait choisir UN SEUL roman... c'est bien "Pleine Lune" de Munoz Molina que je prendrais avec moi...
A partir d'un "fait divers" abject (cela nous rapproche d'autant plus de la narration parce que c'est justement du "quotidien") l'auteur nous livre un récit époustouflant qui nous atteint au ventre et nous échappe de la raison. C'est là, à mon avis, l'Art du Roman. Le Lecteur devient alors "prisonnier" du récit et ne sait plus s'évader de la trame. Attention, coeurs sensibles s'abstenir : l'histoire est terrifiante par son réalisme. Munoz Molina fait partie de cette élite d'écrivains qui savent séduire.
Comme Italo Calvino, Saramago ou Faulkner. Incontournable donc. Munoz Molina est né en 1956. En 1996, il devient membre de la " Real Academia de Lettras " et a obtenu plusieurs grands Prix littéraires dans son pays, ainsi que le Prix Femina en France pour son roman " Pleine Lune ".
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