LIVRE
Évasion... Cavale...Traque.C'est la dynamique de ce récit haletant.On suit les fuyards,on suit les gardiens lancés à leur poursuite,on suit les journalistes qui flairent le bon scoop.Tout ça dans le Colorado et sous d'abondantes chutes de neige.C'est bien construit avec une alternance de chapitres très pertinente.Qu'ils soient évadés ou traqueurs,les personnages sont des êtres cabossés,abîmés,aux rêves inaboutis,écrasés par le réel,souvent désespérés et incapables de se reconstruire.Et on sent que l'écrivain les aime,a de la compassion pour eux.
Incroyable littérature américaine qui s'empare de destins et les passe à la moulinette.Le récit est réussi,car il monte en puissance,maintenant le suspense.Il y a une vraie aisance dans l'écriture,dans l'organisation du récit,on navigue facilement entre passé et présent,on quitte l'action de l'instant pour se balader dans d'anciennes anecdotes constitutives du personnage. actuel.
L'écrivain Benjamin Whitmer a été interviewé par François Busnel pour La Grande Librairie en Juin 2019 (voir le lien) et le roman a été préfacé par Pierre Lemaitre qui en fait un éloge appuyé.
https://www.facebook.com/LaGrandeLibrairie/videos/1748104482001105/
Voici un extrait où un des fuyards explique la prison pour lui:
"En prison tu construis ton temps. Tu fais des piles de temps avec le claquement des cuillers sur les assiettes en fer, avec l’odeur du nettoyant industriel et l’odeur de la sueur, avec les pas et les pas sur le goudron de la cour, avec les visages plats des matons comme des trucs gravés à l’eau-forte sur un mur en béton, avec les ampoules nues de 200 watts qui vrombissent pendant que tu te branles dans une poignée de pommade, avec le sifflement et le cliquetis des tuyaux dans les murs, avec les petites tapettes aux mentons secs et aux lèvres gercées. Tu empiles ça comme un château de cartes, et Mopar venait de réaliser qu’il n’en pouvait plus de faire des piles."p123.
Un autre extrait:
C'était la fatigue d'une femme qui avait passé l'intégralité de sa vie à regarder l'intégralité de sa vie se désagréger. Vous voyez tous les espoirs que vous ayez jamais eus se faire balayer comme de la neige par le vent. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien que cette chose microscopique qu'est votre propre personne. Et puis vous attendez que ça aussi, ça se fasse balayer.
Pessimisme assumé!!!
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