LIVRE
Beaucoup d'adjectifs peuvent caractériser ce roman: farfelu,virevoltant,brillant,bavard,parfois torturé aussi.L'auteur est italien et donc l'imagination est fertile,mais ça part un peu dans tous les sens.Pas de structure,une accumulation de détails,de faits souvent intéressants,mais le lecteur peine à s'y retrouver,tant il est baladé dans des époques différentes: de 2016,on passe à l'été 1981,puis 2003-2005...et ainsi de suite.Le fil rouge étant la vie du personnage central,Marco Carrera,ophtalmologue dont on suit l'histoire dans un désordre absolu...son enfance,ses parents,son frère,son mariage avec Marina,sa relation platonique avec Luisa, la femme de sa vie... les lettres échangées au cours des ans qui révèlent une distanciation progressive...Beaucoup de personnages gravitent autour de lui dont le psychanalyste de sa femme et un camarade d'école aux pouvoirs extraordinaires.
Mais c'est comme si toute cette histoire était le prétexte à étaler une culture qui est immense,une vraie encyclopédie digne de Wikipedia qui fourmille de références à des textes, à des écrivains,à des aphorismes, à des termes étrangers ( Miraijin,p159...,Shakul,p218...,Tzadik,p358...),à des cultures,surtout la culture japonaise ...et donc on s'instruit énormément tout en suivant le parcours chaotique de ce Marco aussi passionnant qu'imprévisible.Il en fait des tonnes, cet écrivain pour nous captiver,il accumule les détails,il développe,complète,...quitte à nous assommer aussi!!!
"Italiano vero"...oui,c'est bavard à souhait.Il manque juste les gestes dont les Italiens sont si friands.
Quelques extraits intéressants:
"...Ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre.A vrai dire,personne n'est fait pour personne,et des gens comme Marina ne sont même pas faits pour eux-mêmes.( J'adore!!!...) Elle,elle cherchait un abri,c'est tout,un discours pour faire encore un peu de chemin;lui,il cherchait rien moins que le bonheur.Elle lui avait toujours menti,c'est vrai,c'est très mal [....] mais lui,il avait fait pire.Il l'avait crue."p143.
Sur leur relation platonique:
"... Ils commencèrent par dormir dans deux hôtels différents, puis passèrent à deux chambres dans le même hôtel, jusqu’au moment où fatalement ils se retrouvèrent à partager la même chambre à Lyon le 24 juin 1998 : et tandis que dans le stade de Gerland, les Bleus battaient le Danemark en dernière phase des championnats du monde, ils mangeaient un club sandwich dans la chambre numéro 554 du Collège Hôtel, 5 place Saint-Paul, assis sur le lit en regardant un vieux film de Jean Renoir ; et, le film fini, tandis que sous leur fenêtre les Français fêtaient la victoire par un concert de klaxons, ils scellaient leur amour impossible par l’acte masochiste suprême, le vœu de chasteté, prononcé avec un enthousiasme absurde...
Et des liens vers les critiques de France Inter,dithyrambique sur ce roman:
https://www.franceinter.fr/livres/le-colibri-de-sandro-veronesi-prix-du-livre-etranger-2021-france-inter-le-point
et celle du journal "le Monde":
https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/01/20/le-colibri-sandro-veronesi-voyant_6066968_3260.html
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