LIVRE***
Chef-d'oeuvre littéraire qui transpire l'Humanité.
L'auteur du best-seller mondial Le Liseur nous revient avec un récit très proche par ses thématiques.A travers une histoire individuelle,celle du narrateur Kaspar qui retrouve la petite-fille de sa femme Birgit,récemment décédée,surgissent les thèmes des 2 Allemagnes,celle de l'Est et de l'Ouest,leur difficile réunification,celui de la présence de l'extrême droite avec son idéologie négationniste,raciste.L'auteur reste hanté par Auschwitz,particulièrement concernant le rôle joué par certaines femmes,gardiennes des camps....
Ces problèmes de fond sont incarnés par les êtres bien réels du roman.Kaspar,grand-père d'adoption parviendra-t-il à influencer Sigrun,sa petite-fille,à changer son regard sur l'Allemagne,elle dont les parents sont de fervents militants d'extrême-droite?Comment s'y prendre? Par exemple en lui proposant d'autres lectures,plus "occidentales",plus universelles,en l'initiant au piano qu'elle maîtrise assez vite,en lui ouvrant des horizons nouveaux,surtout en parlant avec elle...mais ce n'est pas gagnè,car Sigrun est une adolescente assez butée,sûre d'elle,de ses idées..dominatrice aussi,ravie qu'elle est de le battre aux échec,p261....L'apprivoisement se révèle lent et long et de constantes tensions traversent le récit,car Sigrun est bien sûr tiraillée entre le monde d'où elle vient et le monde auquel l'invite son grand-père.Le narrateur,Kaspar lui aussi passe par des "up and down",il s'interroge sur sa manière de s'y prendre:est-elle pertinente,adéquate ou a-t-il tout faux?Il s'interroge aussi sur lui,sur sa personnalité:sa tendance à un peu s'écraser devant l'autre,lui qui a plus aimé sa femme,Birgit qu'il n'a été aimé d'elle.C'est un être qui doute et c'est ce qui le rend attachant.p230 et 241.
Ce roman propose donc plusieurs niveaux de lecture:le plan psychologique/relationnel,le plan politique et culturel...,c'est là sa grande richesse et son intérêt.En plus d'une écriture totalement fluide et douce.
Une RÉUSSITE:vraiment.Je conseille vivement.
Extraits:A propos de Sigrun:
"Kaspar comprit que Sigrun n'était pas dans un jeu de pouvoir contre lui.Elle se sentait attaquée,elle et son monde et ses parents et leurs opinions,et elle voulait s'affirmer.Le mieux aurait été de le convaincre de ce qu'elle croyait.Cela ne marchait pas. Alors elle voulait au moins ne pas perdre ce à quoi elle croyait..."p261.
A propos de Kaspar:
"Kaspar était furieux,contre Svenja,( maman de Sigrun) contre lui-même et contre sa manière de ne pas pouvoir laisser libre cours à sa fureur et de la réprimer.Il conduisit sans plus rien dire..."p241.
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