lundi 26 février 2024

LA ZONE D'INTÉRÊT de Jonathan GLAZER


 FILM

LA ZONE D'INTÉRÊT de Jonathan Glazer.
Grand Prix du JURY 🏆 au Festival de Cannes.
Film glaçant, saisissant, ...dérangeant aussi.
Le MAL 😱 est hors-champ.
On entend juste des cris étouffés, des aboiements de chiens de l'autre coté du mur...et il y a ce chien noir qui suit partout l'épouse de Rudolph Hoess, au jardin, à la cuisine...
Un plan récurrent m'a frappée:les passages incessants dans le corridor de la maison qui est comme un goulot, un "couloir de la mort"...et puis cette fin stupéfiante avec lieux d'aujourd'hui.
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Intéressant de lire les propos du réalisateur à Cannes:

"Ce que le film essaie de faire, c'est de parler de la capacité, de notre capacité à chacun à être violent, d'où que vous veniez", a expliqué le cinéaste en conférence de presse. "
Et essayer de montrer ces gens comme des personnes et non comme des monstres était une chose très importante.
Car le grand crime et la grande tragédie, c'est que des êtres humains aient fait cela à d'autres êtres humains".
"C'est très pratique pour nous d'essayer de nous éloigner d'eux autant que possible", a ajouté Jonathan Glazer, mettant en garde son auditoire.
"Nous pensons évidemment que nous ne pourrions jamais nous comporter de cette manière, et nous ne nous comportons pas de cette manière.
Mais je pense que nous devrions en être moins sûrs."
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Je recommande aussi la lecture de la préface de 1972  de Robert Merle de LA MORT EST MON MÉTIER ( Histoire de Rudolph Hoess) dont voici un extrait:

"Il y a bien des façons de tourner le dos à la vérité. On peut se réfugier dans le racisme et dire : les hommes qui ont fait cela étaient des Allemands. On peut aussi en appeler à la métaphysique et s’écrier avec horreur, comme un prêtre que j’ai connu : « Mais c’est le démon ! Mais c’est le Mal !... ».
Je préfère penser, quant à moi, que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l’opinion populaire. Dès lors, le meurtre peut bien lui apparaitre comme la solution la plus rapide à ses problèmes.
Ce qui est affreux et nous donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que, pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes.
C’est un de ces hommes que j’ai voulu décrire dans La Mort est mon Métier. Qu’on ne s’y trompe pas : Rudolf Lang n’était pas un sadique.
Le sadisme a fleuri dans les camps de la mort, mais à l’échelon subalterne. Plus haut, il fallait un équipement psychique très différent.
Il y eut sous le nazisme des centaines, des milliers de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs « mérites » portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’Etat.
Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est  MONSTRUEUX."

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