samedi 16 avril 2022

Grande Couronne de Salomé Kiner

 

LIVRE

Ce roman sélectionné par la RTBF pour le Prix du Premier Roman est assez réussi.C'est surtout l'écriture qui est intéressante pour aborder cette histoire d'une adolescente issue de milieu modeste,accumulant frustrations et désillusions multiples.En effet,pas évident d'évoluer,de se construire dans cette famille chaotique,à la dérive.On est à la fin des années 90,le père déjà assez inexistant s'en va,la mère peine à élever ses 4 enfants dont la narratrice,ado qui cherche sa place à l'école,dans l'entourage amical.Manque de repères,manque de modèles.Elle s'accroche à des rêves futiles,enviant ses copines,leurs vêtements de marque,leur mode de vie,alors qu'elle rame pour obtenir quelqu'argent de poche.C'est la galère et elle ne résistera pas à la proposition de se faire un argent facile par des "gâteries" sexuelles.Expériences rudes pour elle qui sont décrites avec délicatesse,sans misérabilisme dans un langage assez cru.C'est trash.Ça arrache. 

On est sensible au parcours de cette jeune fille qui fait comme elle peut avec ce qu'elle a,cad pas beaucoup.Elle rêve bien sûr d'amour et se focalise sur le livreur de pizza qui deviendra patron.Des liens se nouent entre eux,durables ou pas? En tout cas,l'écrivaine ne manque ni de talent,ni d'humour pour retenir notre intérêt.Certaines descriptions de lieux,de situations sont hyper drôles.On sourit,tout en étant touché.

Un extrait où la narratrice décrit son univers "bas de gamme":

 ...C'était pas les goûters de ma mère qui me posaient problème. Il y en a même que j'aimais bien. Mon problème, c'était les autres. Ça a toujours été les autres. Leurs yeux cireux de poissons morts sur vos moeurs particulières, la vénération des vies droites et la religion cathodique. Leurs pères, premiers sur les courts de tennis, leurs mères, toutes assistantes de direction. Leurs virées à Auchan, les allées de gravier brossé, le papier peint relief, les casseroles en cuivre assorties, les doubles bols olives-noyaux. Et la moquette dans les chambres à coucher.Chez moi, j'avais du lino gris chiné. C'est plus facile à nettoyer, disait ma mère. Tu m'étonnes : même quand c'est propre, c'est sale."p10.

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