SHE SAID de Maria Schrader

 FILM

Film à l'affiche en Belgique.                    Plusieurs films sont déjà sortis à propos des scandales sexuels d'Hollywood dont en 2019 Bombshell servi par 3 grandes actrices.   Mais cette fois,il s'agit de l'enquête menée par 2 journalistes opiniâtres sur l'affaire Weinstein,jugée depuis lors au tribunal.      Elles ne lâchent rien et essaient d'obtenir des témoignages,des révélations,des enregistrements...autant de preuves des agissements de cet homme surpuissant depuis les années 90.

Gros coup de coeur pour cette enquête,pour la ténacité de ces 2 femmes,leur sensibilité,leur infime délicatesse.Elles font preuve d'une extrême empathie à l'égard des "victimes",respectant leur désir de silence,leur réticence à témoigner vu que souvent elles ont signé des accords de totale confidentialité.Elles insistent,sans les harceler et parviennent en douceur à les convaincre.  C 'est toute la durée d'une enquête laborieuse qui débouche sur le fameux article du New York Times,après avoir contacté Harvey Weinstein lui-même et certains collaborateurs financiers que nous suivons.Un excellent moment-cinéma,comme on dit,qui ne laissera personne insensible et pourtant il évite la dramatisation,la sensiblerie.Ce sont des faits,des faits précis,rien que des faits et c'est rédhibitoire.On songe bien sûr au film Les hommes du président de 1976.Deux journalistes enquêtaient sur le scandale du  Watergate/écoutes téléphoniques...

Maria Schrader est aussi la réalisatrice d'une mini-série qui a connu un grand succès:UNORTHODOX.Lien de ma critique:

 https://parlonscinebouquins.blogspot.com/2021/05/unorthodoxmini-serie.html

 

La leçon d'allemand de Siegfried LENZ

 LIVRE

Ce roman est considéré comme un joyau de la littérature allemande.Il a fait grand bruit lors de sa parution en 1968.Il vient récemment d'être porté à l'écran.C'est aussi un livre majeur pour Lionel Duroy qui l'évoque dans ses romans.

L'écrivain raconte ce passé sombre du nazisme,de son idéologie et des arrestations arbitraires,sujet traité tant de fois,mais ici c'est avec une écriture si minutieuse et ultra-poétique qu'on découvre la vie d'un jeune garçon,Siggi au bord de l'Elbe,dans une contrée balayée par les vents,une contrée de tourbe,de moulins,de nids de mouettes.On est en 1943 et le père de Siggi,policier de Rugbüll est chargé d'arrêter un peintre juif,de confisquer ses oeuvres.Il lui est aussi interdit de peindre.Les deux hommes,sont des amis,de grands amis,mais le sens du devoir,l'obéissance aux règles l'emportent chez le policier,peu importe leur amitié.Siggi très proche du peintre assiste à tout ça et nous le décrit.Phrase après phrase,scène après scène,émotion après émotion.Il est ravagé et progressivement,une vraie haine de ce père rigide,à l'autorité sèche,dépourvu d'empathie s'empare de lui.Elle est explicitement décrite p445:

"...cette peur était plus forte encore que la haine qui soudain m'envahit;la haine qui me donna envie de me jeter sur lui et de frapper à coups de poing ses jambes et ses hanches.Cette satisfaction béate.Ce calme dangereux.Je ne pouvais plus le regarder..." 

Il faut éviter de révéler la FIN.Fin qui nous explique pourquoi Siggi qui a maintenant 25 ans est soumis à une "punition"/rédaction dont le thème est "Les joies du devoir":titre déjà problématique..

TRIANGLE OF SADNESS de Ruben ÖSTLUND

FILM
 

On a déjà tout entendu et tout écrit sur cette Palme d'Or 2022.Film clivant qui enchante certains et en rebute d'autres par ses excès,son délire grotesque,sa grossièreté,ses clichés...etc.En tout cas,c'est un film dérangeant,qui met mal à l'aise,même si on rit... et qui ne laisse aucun spectateur indifférent à bord de cette croisière rocambolesque.

Le cinéaste suédois dont c'est la deuxième palme d'or (excusez du peu!) excelle à filmer les moments où ça dérape:petits incidents comme la mouche qui vole dans un plan ou un ascenseur dont la porte ne ferme plus...ou grandes catastrophes,genre tempête,repas de gala qui tourne au fiasco...On va de surprise en surprise,rien n'est prévisible dans cette succession de gags savoureux.On s'amuse donc et on en prend pour son grade,car le film fonctionne comme un miroir déformant.C'est bien notre société mercantile,futile,artificielle qui est ciblée:les millionnaires baveux,les mannequins/influenceurs obnubilés par leur image...le mépris des petits,des travailleurs de l'ombre.

Le film s'ouvre sur une première partie où une scène de couple dure 25 minutes à propos du paiement d'une addition au resto.Quelle prouesse cinématographique!!! Tenir sur une telle durée relève de l'obsessionnel,mais surtout repose sur des dialogues savamment écrits.L'un et l'autre argumente,insiste,se défend... et ça m'a rappelé la dispute du couple du premier film du cinéaste SNOW THERAPY qui n'en finit pas,elle reprochant à son mari de s'être éclipsé au moment de l'avalanche.Elle ne lâche rien,revient sans cesse à la charge,de façon quasi obsessionnelle.Juste incroyable.

Personnellement,c'est cette première partie qui m'a le plus bluffée.Elle m'a cueillie,surprise,sans doute que j'en avais peu entendu parler...

 

La ligne de nage de Julie OTSUKA

 LIVRE

L'auteure japonaise nous avait enchantés avec son précédent roman "Certaines n'avaient jamais vu la mer" * et on se réjouissait de lire celui-ci.C'est à nouveau très réussi.On retrouve le style si particulier,assez lent et cette narration en nous.Ce NOUS,ce sont les nageurs et nageuses du "monde d'en bas" qui forment une communauté soudée et très ritualisée.Chacun,son couloir dans la piscine.Chacun ses habitudes,son type de nage,son caractère.Nous nageons avec eux et comprenons combien la natation ressemble à une cérémonie.Quand une fissure apparaîtra au fond,le récit basculera et s'ouvrira sur une autre partie où Alice,une des nageuses âgées se retrouve en "résidence privée" p94.

L'univers de ce lieu est juste terrifiant avec sa liste de conseils,procédures,recommandations "amicales"! ...et services à disposition des résidents.C'est décrit avec férocité et cynisme.C'est sans appel.Un exemple de ce qui est proposé:"des moments de lecture feinte! qui sont apaisantes..."p111. 

* le lien de ma critique de 2017:

https://parlonscinebouquins.blogspot.com/2017/08/certaines-navaient-jamais-vu-la-mer-de.html

 

Une somme humaine de Makenzy ORCEL

 

LIVRE

C'est terrible, c'est sombre, dur... 

Une vraie gifle, comme on dit.L'héroïne raconte depuis l'outre-tombe son enfance chaotique,son adolescence barrée, sa fuite vers Paris où le réel ne lui fera pas non plus de cadeaux... Le personnage de la mère, c'est pire que la Thénardier ..et l'entourage familial et social est caractérisé par des personnages toxiques. Comment s'en sortir? Comment se construire après tout ça? Difficile, voire impossible. 

Voilà pour l'histoire.Récit très éclaté,ça part dans tous les sens et on a l'impression d'une succession d'anecdotes,de situations bien ciblées.Par exemple,sur sa voisine rousse:passage extra,p253...mais aussi une charge contre le cinéma français,p354 ... ou encore une nuit au cimetière du Père Lachaise,p387.Les événements récents et certaines tendances incontournables ont aussi inspiré l'écrivain haïtien:le 13 Novembre 2015,le cauchemar des attentats p458...,l'accueil infamant des immigrés p397 ...Et tous ces événements sont entrecoupés de faits de la vie de la narratrice,tels que l'incroyable lettre reçue de son père p335 à 360... ou ses rencontres amoureuses...sa vie assez chaotique... Tout ça donne un peu le tournis et la sensation d'une performance littéraire.C'est inhabité.On se demande à partir d'où il écrit.

Mais il sait écrire et cela sauve la mise.L'écriture se renouvelle et les points de vue aussi.L'écrivain glisse habilement quelques courts textes,intitulés Audio,p277... ce sont des portraits,des instantanés et leur mérite est de rompre la monotonie. 

Le jury Goncourt qui l'a conservé dans ses 4 derniers finalistes a sûrement été sensible à la qualité de l'écriture, si particulière, si originale. Peu de ponctuation, un texte serré... Mais une telle écriture séduira-t-elle un large public de lecteurs?Pas sûr.

LE JEU DE LA DAME de Walter TEVIS/1983

LIVRE

Suite au succès de la mini-série "The Queen's Gambit" sortie sur Netflix en 2020,le livre paru en 1983 a été traduit en français.Ce roman est magnifique et le plaisir des images de la série en toile de fond donne vie au récit,même si on connaît l'histoire de cette orpheline,Beth Harmon,sur-douée des échecs et de son ascension progressive dans le monde si masculin de ce jeu.Nous sommes dans le Kentucky,dans les années 60 avec cette rivalité russo-américaine qui contamine même le jeu d'échecs.Nous suivons la carrière de la championne,sa participation aux tournois,son état d'esprit mental surtout...Est-elle prête à affronter les tout grands?à les battre et à quel prix? car sa vie est tout sauf équilibrée.Toute petite à l'orphelinat,Beth a compris le pouvoir des petites "pilules vertes",calmantes et ensuite l'alcool aussi viendra la libérer de ses tensions,de sa solitude aussi...

Franchement,je recommande ce roman surtout pour son écriture.Une écriture sèche,mordante,efficace qui met en valeur les grandes étapes de sa vie.Les descriptions de l'une ou l'autre partie d'échecs, celle contre Benny Wats ou contre le maître russe,Borgov par exemple sont passionnantes.Pas nécessaire d'être un grand joueur pour comprendre ce qui se passe:la tension, les enjeux...Il est relativement rare de lire le livre après le film,mais ça peut s'avérer un vrai "plus".C'est la cas ici.

Voici quelques extraits pour illustrer ce style... et notamment ces phrases "à trois temps":

"...Des garçons arrivaient du couloir et s'alignaient le long du mur pour regarder la petite fille quelconque venue de l'orphelinat qui passait de joueur en joueur avec l'énergie résolue d'un César sur le champ de bataille,d'une Anna Pavlova sous les feux des projecteurs..."p59

"...Elle ne jouait que contre l'échiquier,avec les lignes de force gravées à sa surface:les petits champs têtus des pions,le gigantesque champ de la dame,les gradations entre les deux.Juste avant que le temps de Goldmann soit épuisé,elle le mit échec et mat."p135

"...Deux filles qu'elle connaissait voulaient devenir infirmières.Beth ne participait jamais à ces conversations;elle était déjà ce qu'elle voulait devenir."p169

"...Au bout d'un moment,une pensée simple lui traversa l'esprit:je ne joue pas contre Benny Wats;je joue aux échecs"p190  

"...Elle avait trois mille dollars sur son compte épargne,elle n'était plus vierge et elle avait appris à boire."p205 

 
 

DISPARAÎTRE de Lionel Duroy

 LIVRE

J'ai déjà lu plusieurs livres de cet écrivain,toujours touchant de sincérité,prêt à se dévoiler,à partager ses doutes et ses faiblesses,lui qui vient d'une famille déjantée,chaotique,une famille de 10 enfants et ses parents irresponsables,toujours menacés d'expulsion! (lire "Le Chagrin"****)

Cette fois,ayant atteint l'âge de 70 ans,il réunit ses 4 enfants et leur annonce son projet:partir à vélo,traverser l'Europe vers Stalingrad (l'actuelle Volgograd).Cette réunion de famille est l'objet de la première partie du livre,la seconde est le récit de ce départ retardé! pour cause de forte infection urinaire,ensuite viennent les péripéties multiples rencontrées par ce cycliste accompli.Il parle du vélo comme un anti-dépresseur:..."durant tout le temps passé sur mon vélo j'ignore la dépression,c'est d'ailleurs bien pourquoi je pédale chaque jour depuis 50ans.",p233.Pédaler et écrire sont donc les deux activités qui alternent,l'une le jour,l'autre le soir.

Une série de surprises,de rencontres intéressantes martèlent son trajet.Il y a les moments de grâce,mais aussi des découragements et une interrogation sur le sens de cette entreprise qu'il vit comme un défi à la vieillesse,à l'immobilité.Ce paradoxe de Fernando Pessoa lui conviendrait bien:"Agir,c'est connaître le repos",pensée à laquelle souscrit Sylvain Tesson.

Ce qui est passionnant avec Duroy,c'est qu'on voyage avec lui,on visite des lieux,des maisons,des hôtels avec lui.On participe à son mouvement grâce à des références aux lieux visités dont il ne se prive pas de raconter l'histoire.Il n'hésite pas non plus à citer des livres de référence liées à ces lieux,des coups de coeur littéraires,comme Kaputt de Malaparte,p143... ou La leçon d'Allemand de Siegfried Lenz ou encore cet écrivain roumain:Petru Dumitriu,né à Bazias...Il me donne envie de lire les livres qu'il lit.

Ce roman reste léger avec des passages vraiment drôles,même si bien sûr, le voyage est  très symbolique et chargé de sens.Un regret:l'absence de carte pour suivre son trajet depuis le Sud de la France vers le Nord de l'Italie,la Slovénie,la Croatie et finalement,l'entrée en Roumanie par "le barrage hydroélectrique des Portes de Fer",p218.

Et voici un extrait sur les lieux où l'on a été heureux et où on revient:

"....j'ai des images de tous les hôtels où Esther et moi sommes descendus,en France comme à l'étranger, et jamais je ne retourne dans un de ces pays sans revenir m'asseoir dans le hall de notre hôtel,y prendre un verre et de nouvelles photos....La mémoire filtre la réalité,elle ne retient pas la vulgarité du quotidien,son ennui,ses contrariétés, et à l'inverse, elle amplifie les bonheurs...C'est pourquoi on ne perd pas son temps à revenir seul sur les lieux de ces bonheurs - parfois en quelques minutes seulement tout ce qui n'est plus, se rejoue avec tant de présence sous nos yeux..."p209.

Voici la bibliographie proposée à la fin du livre:

                             

                                               

Cher Connard de Virginie Despentes

LIVRE 

On sent un coeur qui bat derrière ce texte,même si la romancière s'efface derrière ses personnages.

Ce dernier livre de Virginie Despentes rencontre de nombreux détracteurs autant que des fans enthousiastes.Il a carrément été encensé dans l'émission "Le masque et la plume",notamment par Frédéric Beigbeder,mais les réseaux sociaux ne se privent pas de le descendre en flammes.

Moi,j'ai trouvé ce roman épistolaire intéressant,bien construit et super bien écrit.Elle coche toutes les cases de notre époque,de ses principales problématiques.Dans leurs échanges de lettres,Oscar et Rebecca abordent le harcèlement des femmes,Metoo,les réunions permettant de tenir lors d'une sevrage à l'alcool ou à la drogue.Oscar a arrêté de boire et Rebecca de se droguer.Ils vont vivre le Covid,les confinements de façon assez positive.Lui se sent moins seul quand il participe à des réunions Zoom de son groupe de AA et découvre une réelle fraternité,elle recourt de moins en moins aux services d'un dealer.Les réseaux sociaux et leurs dérives sont aussi très présents.

C'est très bien écrit avec des passages d'une grande fulgurance,notamment sur l'éducation des fils,p75,76 ou sur les hommes et la liste de ce qu'ils ne subiront jamais contrairement aux femmes,p303.Ce qu'elle écrit est presque prémonitoire sur ce qui se passe en ce moment en Iran:les femmes et leurs cheveux coupés...

Un extrait du début du roman où elle évoque le partage sur Internet:

"...Je lance une pierre avec la foule lors de la cérémonie de lapidation et j'appelle ça "partager".J'ai senti que la réalité dite virtuelle commençait à s'infiltrer chez moi comme de l'eau qui passerait sous les portes et s'accumulant obligerait à patauger dedans."Quelle image parlante!!!

 

 

La nuit des pères de Gaëlle Joss

 LIVRE

Récit très touchant,sensible dont l'auteure Gaëlle Joss a le secret.Il nous parle de la souffrance d'une fille,Isabelle que son père si mutique et fermé a toujours dévalorisée.Prévenue par son frère Olivier de l'état de santé déclinant de ce père,Isabelle rejoint le village natal situé dans les Alpes.Lors de ce retour,la "mal-aimée" est traversée par un flot d'émotions,elle qui a quitté ces lieux depuis si longtemps.Elle retrouve un père diminué,confus,posant les mêmes questions...Parviendra-t-elle à se rapprocher de lui,à percer la carapace et surtout à découvrir les secrets de cet homme?Par petites touches,nous approchons du mystère d'un être,d'une terrible épreuve qui l'a marqué pendant la guerre d'Algérie.Comme tout enfant,Isabelle apprend à reconnaître les failles...et à pardonner. 

Voici un extrait sur les lieux dont je me sens assez proche:

"La mémoire des lieux.Je n'y peux rien,je porte ça en moi depuis toujours.J'ai la mémoire monstrueuse,oui,monstrueuse,hémorragique,débordante.Parfois,un visage s'efface ou un nom s'évapore.Un lieu jamais.Dix ans plus tard,je peux me souvenir de la disposition d'une chambre d'hôtel,d'un appartement,d'un restaurant,même si je n'y suis entrée qu'une fois...",p37.

 

Une heure de ferveur de Muriel Barbery

 LIVRE

On se souvient tous du premier? ou deuxième livre de Muriel Barbery:"L'élégance du hérisson" de 2006 qui évoquait la rencontre d'une concierge et d'une jeune fille de 11 ans qui se découvrent beaucoup de points communs.Roman délicieux,rafraîchissant.Plusieurs romans ont suivi,récemment marqués par un grand intérêt pour le Japon.

C'est le cas de ce roman de la rentrée littéraire dont le héros,Haru Ueno sera à jamais séparé de sa fille Rose qu'il a eue d'une courte liaison avec une française,Maud.En effet la mère lui a interdit tout contact avec l'enfant.Ce sont donc les thèmes de l'absence,de la séparation qui traversent ce roman qui malheureusement n'échappe pas à de nombreux clichés de la culture japonaise:le saké,on en boit beaucoup,la neige,les cerisiers,les fleurs...C'est une jolie écriture,raffinée comme une estampe japonaise,poétique à souhaits,mais un ennui profond s'installe au cours de la lecture que j'ai eu du mal à terminer.Les personnages sont peu attachants,on reste à distance,on ressent peu d'émotion et on n'est rarement surpris ou déstabilisé.Tout ça reste très beau,mais assez vide,sans âme.

Ce roman m'a peu touchée,peu intéressée.Je suis restée fort à distance.Une fibre poétique affûtée est indispensable pour apprécier ce récit,j'en suis visiblement dépourvue.Voici l'avis d'une auteure et blogueuse qui,elle aussi, est restée au bord du chemin,Yasmina Behagle:

 https://www.youtube.com/watch?v=uwlbkLRQmqs&ab_channel=YasminaBehagle

LES TOURMENTÉS de Lucas Belvaux

 LIVRE***

Un premier roman du cinéaste belge très réussi.Tout est intelligemment mené.Construction subtile de la narration où divers narrateurs se succèdent et complètent notre perception de lecteur de façon fluide.Une écriture épurée,assez sèche,bourrée d'infinitifs sert très bien une histoire qui réunit les caractéristiques du thriller.En effet,c'est haletant,on est pris par ce contrat à honorer contre une belle somme d'argent,contrat qui prendra la forme d'une chasse à l'homme.Mais ça,c'est pour dans 6 mois,pour la fin de l'histoire,car il s'agit pour le personnage principal de se préparer et tout régler pour sa famille:femme et 2 fils dont nous découvrons au fur et à mesure les points de vue.Belle analyse de la psychologie des personnages,notamment celle de l'ami de toujours qui lui a proposé ce défi.Chacun des 2 amis épie l'autre,le scrute,croit savoir le pourquoi du comment.La tension monte et explose à la fin du roman. 

Terrible récit.Sombre,rude,intense,crépusculaire.Cette réussite n'a rien d'étonnant au vu des nombreux films que Lucas Belvaux a réalisés avec brio.Voici:

• 1993 : Parfois trop d'amour
• 1996 : Pour rire
• 2003 : Un couple épatant, Cavale et Après la vie/Trilogie
  
• 2006 : La Raison du plus faible
• 2009 : Rapt
• 2012 : 38 Témoins***
• 2014 : Pas son genre***
• 2017 : Chez nous
• 2020 : Des hommes

Le Lac de nulle part de Pete FROMM

 

LIVRE

 

Gros coup de COEUR pour cette formidable aventure sur les lacs canadiens.

C'est intense,haletant, passionnant, raconté avec brio.

Le pitch:Un père propose à ses enfants jumeaux une escapade dans la région des Lacs au Canada,le genre d'activités qu'ils pratiquaient l'été durant l'enfance.

Maintenant,ils sont de jeunes adultes et on est déjà en octobre.

Que va-t-il se passer, comment va s'organiser cette expédition assez insolite???

L'écrivain américain nous prend par la main et nous emmène dans ce trip où la nature ne va pas se révéler des plus amicale...

Je recommande vivement

Vous ne lâcherez plus le livre.

 

Le livre précédent de l'écrivain "La vie en chantier" était déjà une pépite.

 

                               

                             

Le parfum des fleurs la nuit de Leïla Slimani

LIVRE-COUP DE COEUR***

Ce texte court est une contribution à la collection "Ma nuit au Musée".Leïla Slimani a accepté de relever ce défi de passer une nuit dans un Musée et d'en publier le récit.Elle nous raconte donc cette nuit au Musée d'Art contemporain de Venise,"la Punta della Dogana".

Ce n'est pas par amour des oeuvres d'art qu'elle n'évoquera que peu et comme ressort à ses réflexions,mais pour l'expérience de l'enfermement.Enfermement volontaire dans un Musée qui lui rappelle l'enfermement dans sa chambre de jeune fille à Rabat,l'occasion pour elle d'évoquer ce paradoxe d'un besoin d'intériorité,d'une "chambre à soi",d'une intimité indispensable à l'écriture et en même temps,un besoin de sortir des murs,de la "cellule" familiale,une soif de découvrir le monde,malgré sa peur des autres...("Moi,c'est le dehors qui me fait peur.Ce sont les autres,leur violence,leur agitation.Je n'ai jamais eu peur de la solitude...p38.)

L'écrivaine nous ouvre la porte de sa personnalité,de son histoire.Elle se confie sur son enfance,son père,objet d'accusations injustes,sur son écriture et les écrivains qui l'inspirent.Son admiration et son amitié pour Salman Rushdie,sa proximité avec Milan Kundera.Elle évoque aussi Marilyn Monroe dont elle reconnaît la voix dans le Musée,p101...Elle parle de son besoin compulsif de voyages,de la cigarette qui lui manque cette nuit...du rapport à son corps et surtout du travail solitaire de l'écrivain.Ce texte est une pépite,ça se déguste comme une délicieuse praline.Je recommande vivement***

La Punta della Dogana à Venise:

                                   

 
 

 

LE COEUR CONVERTI de Stefan Hertmans

LIVRE
 

C'est le deuxième roman de Stefan Hertmans,écrivain néerlandophone que je lis cet été ...Il a l'art d'emmener son lecteur avec lui dans une incroyable aventure.L'écriture brillante et la construction du récit assurent une vraie réussite.

Il s'agit d'imaginer/reconstituer à l'aide de documents l'histoire de cette jeune chrétienne de la fin du 11ème siècle,la belle Vigdis qui s'éprend d'un juif et quitte tout:sa famille,sa religion,sa ville Rouen pour le suivre,l'accompagner dans une périlleuse traversée de la France...et rejoindre Narbonne,centre de rayonnement judaïque à l'époque.Cet improbable voyage nous est décrit avec brio.Les nombreuses épreuves,les dangers en tous genres:rencontre d'animaux sauvages,traversée de rivières,ponts ..;et surtout l'indispensable vigilance face à la famille des chevaliers qui les poursuit.L'écrivain lui-même part sur les traces du couple en fuite,il visite des églises,des synagogues,des cathédrales (celle de Bourges, de Clermont- Ferrand ,notamment ) et il s'imprègne de l'esprit de l'époque et des fugitifs.Il alterne donc deux époques et les confronte,nous offrant une vision personnelle de l'histoire.

Mais surtout c'est le portrait de cette femme qui est passionnant,on s'attache à elle,on souffre avec elle,on se sent proche de cette héroïne courageuse,déterminée qui plus d'une fois se sort d'énormes difficultés.Héroïne du Moyen-Age qui est un modèle pour notre époque.

Voici un passage où l'écrivain décrit cette statue de la duchesse de Berry dans la cathédrale de Bourges.C'est magnifique*** et la photo:

"...C'est ce visage,cette expression que j'avais en tête à Rouen,...quand je la voyais descendre en clopinant le village de montagne.Elle a dû aussi porter ce genre de vêtements somptueux durant ses jeunes années ...même si ce riche brocart convient mieux à cette femme mariée de la noblesse que j'ai ici sous les yeux.Le marbre de son vêtement est peint de motifs délicats;ses petits seins sont élégamment mis en valeur par un plissé raffiné;le marbre non peint représentant les manchettes de sa chemise en dentelle est d'un grand raffinement.Les mains sont jointes fermement et sereinement;les pouces fins pressés l'un contre l'autre suggèrent la concentration dans la prière.Les extrémités pointues de ses doigts brillent.Le col haut fermé autour de son cou,dépasse de son vêtement et monte jusque sous ses oreilles.Il dissimule et souligne la force frêle de son cou et de sa tête,sa volonté et son intense focalisation sur l'espoir contenu dans sa prière.Dans son dos,la magnifique ceinture est agrémentée d'une large boucle.La lanière en cuir retombe élégamment dans la traîne de son vêtement." p114

 

Decision to leave de Park Chan-wook

 FILM

Le réalisateur sud-coréen revenait à Cannes cette année après 6 ans.Son dernier film Mademoiselle y avait remporté un vif succès.Il propose une enquête policière doublée d'une histoire d'amour.En effet,l'inspecteur doit éclairer les circonstances du décès d'un homme:accident d'alpinisme ou assassinat? Très vite,l'épouse semble suspecte et il lui revient de confronter indices,alibis,tracking de téléphones...etc Son attirance devient manifeste lors des interrogatoires et certains détails ne trompent pas,comme la livraison de délicieux sushis à la femme.

Peu à peu ,le lien amoureux s'intensifie et l'inspecteur de passer des nuits (il est insomniaque) à observer à la jumelle les agissements de la femme,quitte à délaisser la sienne.La question qui se pose est:"Comment un inspecteur "amoureux" peut-il professionnellement instruire à charge? Évident conflit d'intérêt qui rythme la 2ème partie du film où le couple vit intensément cet impossible amour.Impossibilité illustrée par des contacts à distance,des enregistrements différés,des ratages jusqu'à la séquence finale,bien sûr inéluctable.

On a raison de reprocher des longueurs à la 2ème partie,mais quelle beauté des vues,des plans,des champs/contre-champs...D'une beauté à couper le souffle et le prix de la mise en scène décerné au Festival de Cannes est archi mérité.Quelle densité des images.Chaque plan est une pépite,très soigné,très travaillé.Un régal.

                                       

 

UNE ASCENSION de Stefan Hertmans

 LIVRE

Le livre était présent dans les coups de coeur de la Libre Belgique pour l'été.Le sujet m'intéressait.Comment réagir quand on découvre après 20 ans que la maison achetée a appartenu à un collaborateur notoire de la 2ème guerre mondiale?C'est le "pitch" comme on dit maintenant.L'écrivain raconte donc l'histoire d'une maison, d'une famille,d'une ville aussi,la ville de Gand,ville natale de l'écrivain dont il nous partage son amour.

En 1979,après cette stupéfiante découverte,l'écrivain part sur les traces de ses occupants.Le père,Willem Verhulst,son enfance dans la maison,sa mère protectrice,ses soeurs...son intérêt grandissant pour l'idéologie nazie qui l'amènera pendant la guerre à fortement collaborer avec l'ennemi,en dressant des listes,en espionnant,en opérant des arrestations,tout en menant une vie de couple et de famille aux apparences bien ordinaires,sauf que peu à peu il s'absente les nuits,revient tourmenté,épuisé et ne donne aucune explication aux siens.

L'écrivain a pu reconstituer cette "Ascension" grâce à ses contacts avec les enfants,un fils et deux filles,le fils devenu un membre de loge maçonnique et éminent professeur de l'Université de Gand.Leur mère et 2ème épouse de Willem,d'origine hollandaise était horrifiée de ce qui se tramait,horrifiée,mais totalement impuissante aussi.Il a également consulté des archives,des documents,est parti sur le terrain.Ce roman est interpelant et passionnant,il nous montre de l'intérieur cette Flandre divisée,cette Flandre déchirée entre partisans du IIIème Reich et résistants.Le père de famille ,en 44,sentant la défaite allemande s'enfuit vers l'Allemagne pour échapper aux représailles.Il sera cependant arrêté et restera quelques années en prison.La visite de la maison telle qu'il la fit avec le notaire de l'époque nous la rend familière,de plus des photos des lieux,objets et personnes viennent avantageusement concrétiser le récit.On a également envie de visiter Gand,son château des Comtes de Flandre ...et pourquoi pas la petite ruelle où est bâtie la fameuse maison à la glycine.

CE MATIN-LÀ de Gaëlle Josse

 

LIVRE

Le passage de Gaëlle Josse à la Grande Librairie* en 2021 m'a donné envie de lire ce livre qu'elle évoquait.J'en suis très contente.C'est une écriture habitée.On sent une âme,un coeur qui bat...Elle est tellement fragile,cette Clara qui n'en peut plus,qui ne peut plus continuer,qui s'effondre,qui abandonne,renonce.Le lecteur peut facilement s'identifier à cette femme,à son vécu.On la suit dans son quotidien,dans ses humeurs,ses tentatives de s'accrocher..quand même...petits gestes,petites sorties,surtout présence attentionnée de l'une ou l'autre...Pourra-t-elle se reconstruire?Reprendre comme avant ou pas?Redonner du sens ...et de quelle manière?par quels changements?

Ces questions sont au coeur de ce joli livre,plein d'humanité et de tendresse,servi par une écriture fine,délicate et précise. 

Voici le lien de La Grande Librairie: https://www.facebook.com/watch/?v=506971457323254&extid=CL-UNK-UNK-UNK-AN_GK0T-GK1C-GK2C&ref=sharing

TOP OF THE LAKE/Saison 2

SÉRIE 

CHINA GIRL 

On m'a déconseillé cette saison 2...et pourtant j'ai accroché.Il faut éviter de la comparer à la Saison1 qui était grandiose.La Saison 2 est plus profonde, plus sensible, car elle explore davantage la MATERNITÉ:*le lien fragile entre Robin et sa fille retrouvée                                                                             *les mères porteuses                                                                                                                     *la policière enceinte                                                                                                                     *la difficulté d'une mère adoptante (personnage incarné par une Nicole Kidman ,assez agaçante dans ce rôle...)                                                                           Dans les 2 saisons,la cinéaste néo-zélandaise a porté son attention aux enfants,aux ados...     La pédophilie,la prostitution sont des sujets au coeur de cette série bouleversante.

Voici un lien vers le journal Le Monde fort élogieux:

https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/15/top-of-the-lake-le-retour-d-une-serie-sublime_5499736_3246.html

TOP OF THE LAKE/Saison 1 de Jane CAMPION

 

 

 SÉRIE

Jane Campion,cinéaste sacrée à Cannes pour "La leçon de piano",1993 ...et plus récemment remarquée pour "The power of the dog" s'est investie en 2013 dans cette mini-série qui a connu un grand succès.C'est la SAISON 1 qui sera suivie en 2017 d'une SAISON 2 pas encore vue.

Je n'ai trouvé que des qualités à cette série.D'abord,la beauté fulgurante des paysages néo-zélandais qui sont le cadre de l'action,elle n'est pas sans rappeler le décor somptueux de Power of the dog.Ensuite,cette sensibilité de la cinéaste qui envahit tout et nous bouleverse,comme si elle avait mis tout son être,toutes ses convictions dans cette réalisation.Il s'agit avant tout de figures féminines...,de l'enquêtrice, jouée par cette grande actrice Elisabeth Moss,aussi de femmes plus âgées qui ont trouvé un havre de paix non loin du lac sous la férule d'une gourou,incarnée par Holly Hunter...toutes sont des blessées de la vie,cabossées...autant que Tui,cette adolescente disparue au début de la série et qui fait l'objet de l'enquête.Oui:c'est un univers essentiellement féminin,n'en déplaise à certains!!...et les hommes n'ont vraiment pas le beau rôle.Leur insupportable machisme,leur pouvoir inconditionnel exercé sur femmes et enfants,un certain instinct de prédateur,voilà ce que dénonce la série.

Série vraiment bien foutue,bien construite:plusieurs affaires se croisent,plusieurs lieux et les pistes nombreuses assurent un vrai suspens tout au long des 6 épisodes.

A voir....ou revoir. 

Grand-Hotel Europa de Ilja Leonard Pfeijffer

 LIVRE

C'est toujours une gageure de mêler plusieurs genres dans une seule oeuvre.C'est le cas cette fois.Le narrateur rejoint un hôtel après une rupture amoureuse pour écrire et il va bien sûr trouver une solide source d'inspiration dans la rencontre de plusieurs personnages dont le groom réfugié africain...le majordome à la grande classe ainsi que divers clients de l'hôtel.Et donc on découvre la genèse de cette histoire d'amour avec Clio à Gênes puis à Venise,amis aussi l'histoire personnelle des clients...etc.

Tout ça est prétexte à de multiples considérations sociologiques sur l'Italie qui vit dans le passé,sur Venise défigurée par le tourisme de masse(p81 et 82:on a droit à toute l'histoire de Venise),la Sérénissime qui se noie et s'effondre,sur l'immigration qui est plus une chance qu'une menace (p220),sur les oeuvres du Caravage (p138 à 145),sur le Pakistan (p198),sur la Chapelle Sixtine abîmée par le CO2 dégagé par les visiteurs(p420),sur les Musées en général dont les boutiques rapportent plus que les expos elles-mêmes,sur Abu Dhabi,irrespirable,ville de tous les records financiers notamment (p508)......et surtout,surtout sur le TOURISME en général,la plaie universelle de notre époque!.Un "vrai" tourisme nécessiterait un contact plus étroit,plus direct avec la population locale (p222) et pas ce surf superficiel dont on croit qu'il nous a fait rencontrer "l'autre"!!!..à coups de photos et de selfies.

Et là,l'écrivain perd son public plus intéressé par son histoire d'amour,le caractère de son amie historienne de l'art,les causes de la chute... que par cette somme de digressions,de thèses que nous partageons pour la plupart.Dommage,cet éparpillement,cet éclatement de l'oeuvre dans tous les sens.Ceci dit,l'écriture est vraiment au rendez-vous.

LABYRINTHES de Frank Thilliez

 

LIVRE

Il est vraiment très fort,cet écrivain.Fort pour nous emmener dans une histoire folle organisée autour de plusieurs figures féminines,plus intrigantes les unes que les autres.Une jeune fille enlevée par un prédateur-écrivain,passionné d'échecs...Une journaliste qui visiblement rencontre des problèmes d'identité...Une romancière recluse dans un chalet où les ondes ne parviennent pas..etc

Tout ça va s'orchestrer d'une main de maître pour le plus grand plaisir des lecteurs.On est rarement déçu par un thriller de Thilliez. 

Samouraï de Fabrice Caro

 LIVRE

Quel champion de l'écriture et de la drôlerie,ce Fabrice Caro***.Cette histoire est un régal.Chaque paragraphe est un petit bijou.Un jaillissement d'images à flux continu.On retrouve le même genre d'homme décalé qui nous avait enchantés dans "Broadway" qui évolue entre l'univers d'un Pessoa,si réfractaire aux autres et à toute vie en société et celui d'un Woody Allen,champion de l'absurde.Un être qui ignore les codes sociaux les plus élémentaires,incapable de trouver la juste place,la bonne répartie, sorte d'inadapté qui a atterri sur une planète inconnue.

Le talent,la réussite viennent de son écriture affutée,précise et...si drôle surtout.C'est jubilatoire...vraiment. 

Quelques extraits:

"Mylène nous a invités Jeanne,Florent et moi à un vernissage et j'avais envie de tout sauf d'aller à un vernissage,je n'ai envie de voir personne,d'échanger avec personne...."p114

Il répond à un psy:

"...je n'ose pas lui répondre que ça fait des années que j'ai besoin d'un soutien psychologique mais qu'il est un peu tard,à moins que le soutien n'ait un effet rétroactif et radical,un effet chlore choc,parce que chez moi c'est vert depuis bien longtemps..."p198.

Une scène irrésistible où Leo,l'enfant de ses amis enfonce une crevette dans le nez de son frère,sans que personne,même pas les parents, ne réagisse.C'est décrit avec un rare talent...un vrai moment de grâce.p148 à 154.

 

Donald Ray POLLOCK...

 LIVRES  POLICIERS

 

Elle est vraiment incroyable cette littérature américaine!!! 

Je viens de lire l'un après l'autre 2 romans de Donald Ray Pollock:

"Le diable,tout le temps" en 2012

"Une mort qui en vaut la peine" en 2016....

et j'en sors décoiffée,rabotée...

                                                                                                                                                Quel univers! Quels personnages odieux, mauvais, marqués par la misère...et pourtant attachants. Remarquable construction du récit où les personnages éloignés les uns des autres se rencontrent, se croisent comme par enchantement à un moment de l'histoire. Écriture puissante,précise avec des phrases bien tournées et parfois un vocabulaire très cru. Descriptions d'une grande qualité visuelle ( on "voit" les champs,la ferme,le camp militaire...etc) L'écrivain nous raconte une histoire sans aucun jugement sur les personnages, juste des observations factuelles. A l'instar d'autres écrivains américains tels Chris Offut...ou Ron Rash...ou encore David Joy Bref, c'est enlevé,ça percute. On en sort groggy. 

 

Ce lien qui détaille le récit et le commente avec intérêt: http://monromannoiretbienserre.blog.tdg.ch/archive/2016/09/21/donald-ray-pollock-une-mort-qui-en-vaut-la-peine-la-part-d-o-278978.html

Les Ravissantes de Romain Puertolas

 LIVRE

Il y a l'histoire... et puis il y a l'écriture.Et souvent l'une sauve l'autre,mais cette fois c'est un double naufrage....Alala!!!

C'est un récit lisse d'une grande banalité.Les faits se suivent,les pistes sont développées suite à la disparition inexpliquée de trois adolescents dans une petite localité de l'Arizona.Et si l'enquête piétine,c'est faute de preuves,de faits concomitants,mais les soupçons des enquêteurs se tournent de plus en plus vers une secte qui fait tache dans cette ville et attire l'antipathie de tous...et donc l'écrivain nous prend gentiment  par la main pour nous emmener vers un dénouement vraiment déroutant... et tellement tiré par les cheveux.

Franchement,qui peut adhérer à une histoire aussi invraisemblable?....A mon avis,pour cet été,il y a bien d'autres pépites littéraires à découvrir.

UN PLAN SIMPLE de Scott Smith/1995

 

LIVRE...Coup de Coeur***

Comment réagir quand on découvre la somme de 4 millions de dollars dans l'épave d'un avion?C'est ce qui arrive à deux frères et un copain qui recherchent leur chien qui a fugué dans la neige.Que vont-ils faire de ce pactole?Le déclarer à la police?Le partager?Le cacher,le temps d'en savoir plus sur l'origine de cette somme colossale?

La lecture de ce thriller psychologique est palpitante,addictive,car bien sûr la première décision en entraîne une autre qui implique d'autres choix délicats ...C'est ainsi un engrenage vertigineux dans lequel plusieurs personnes vont être entraînées.Le lecteur se pose lui-même la question de ce qu'il ferait quand des faits nouveaux insoupçonnés surviennent,car le roman interroge sans cesse nos valeurs et notre sens moral.

Ce premier roman a connu un énorme succès à sa sortie aux USA et le Grand Stephen King n'a pas manqué d'en faire l'éloge dans la 4ème de couverture.Voici ce qu'il en dit:

" Le meilleur roman à suspense des années 90. Pensez à James M. Cain, pensez à Thomas Harris... Pensez à qui vous voulez, mais lisez ce livre. C'est le meilleur suspense qui ait figuré sur la liste des best-sellers depuis Le Silence des Agneaux. " Stephen KING.

Le roman a été porté à l'écran en 1998 et garantie de qualité,c'est l'écrivain lui-même qui en a écrit le scénario.Voici le lien du trailer:

 https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19448377&cfilm=12318.html