LIVRELe narrateur est jardinier et récemment il a été engagé pour rénover,réorganiser la belle propriété d'Arnaud Loubet,rédacteur en chef à la télévision.Il entame donc les aménagements, accompagné de son chien Lebowski,un brave toutou derrière une apparence de molosse.Il attache son chien au pied d'un arbre et celui-ci,sortant de son habituelle torpeur se met à gratter la terre avec frénésie pour déterrer un os.Curieux.Intrigant.S'agit-il d'un os animal ou humain? question? Cet os devient vite le ressort, le levier d'une histoire incroyable,surréaliste dont l'écrivain manie les ficelles avec brio.C'est passionnant et réjouissant:tout est décrit avec un humour léger et subtile.
Le roman brille par cette drôlerie et aussi par sa composition littéraire complexe et si intéressante.En effet,d'abord le narrateur,Jim Carlos nous raconte sa prise de contact avec ce client en mal de renouveau,les invitations à partager un apéro,un p'tit café ou un repas sur le pouce...Ensuite,on découvre des carnets qui revisitent les faits avec un tout autre éclairage.De plus,ce thriller qui nous tient en haleine jusqu'au bout s'accompagne d'une efficace charge sociale:en effet,l'écrivain n'hésite pas à "dézinguer" ce monde des parvenus,des tout-puissants, si sûrs d'eux et cette richesse thématique accroît notre intérêt de lecteur.
Ce second roman de Vincent Maillard est une réussite.Vivement recommandé pendant cet été maussade.
Voici un extrait:le portrait du maître de maison/un bijou:
"On sent bien d’ailleurs que l’homme est un homme de projets. Il
s’appelle Arnaud Loubet. Il a, à l’époque, cinquante et un ans, il est
plus grand que moi, il mesure donc plus d’un mètre quatre-vingts. Son
visage est ambigu, le front, les yeux et le nez expriment une grande
détermination, mais les joues sont un peu molles, et le menton un peu
faiblard. Ça ne se remarque pas tout de suite car le tout est flouté et
harmonisé par une belle chevelure blanche de patriarche, ou de patron, à
mi-chemin entre la coupe d’un pilote de ligne et celle d’un mandarin de
la littérature. Bref, l’homme a un projet. Il veut créer un jardin
potager dans ce coin de la propriété. « J’ai bien réfléchi à la question
», me dit-il. C’est un homme construit, qui réfléchit, qui analyse, qui
se fait une opinion, puis qui décide.
« Pour moi, ici, c’est parfait, ajoute-t-il en tendant les mains vers la zone prévue.
– Mais… avec le mur et les arbres, c’est à l’ombre.
– Et alors ?
– Alors si vous voulez que ça pousse, à la lumière, c’est mieux. »
L’homme m’a regardé en plissant légèrement les yeux. Il m’a choisi parce
que je suis un jardinier spécialisé dans les aménagements
éco-bio-permaculture-garantis-sans-pesticide, etc. L’inverse exact de
tout ce qui avait été fait sur ces trois hectares depuis Louis-Philippe.
Mais l’homme, comme tout le monde, entamait son grand virage vers le
bio, le durable, la sobriété heureuse de Pierre Rabhi et de tout ce qui
se vendait bien en matière de consommation écoresponsable..."P11.
