dimanche 13 décembre 2015

L'HERMINE de Christian VINCENT

FILM

Mais où donc avez-vous déjà vu cette actrice?Un indice?... elle est danoise.Mais bon sang,mais c'est bien sûr.... dans la série télévisée "BORGEN"...Elle tient le rôle-titre.
Et aussi dans le formidable "After the wedding",film de 2005.

Elle s'appelle Sidse Babeth Knudsen et joue aux côtés de Fabrice Luchini dans ce film très réussi, à l'affiche en ce moment.
Fabrice Luchini y interprète le rôle d'un président de Cour d'assises très crédible,réputé intraitable et que les retrouvailles avec une des jurés va infléchir,attendrir...
Il a reçu le prix du meilleur interprète à la Mostra de Venise en septembre dernier.

Tous deux sont remarquables.Luchini joue sobre et juste.C'est un film intéressant,intelligent et sensible,non dénué d'humour et de légèreté alors que le sujet principal ( le jugement d'un jeune père pour infanticide est à tout le moins grave.) 
  
A signaler,une scène où les jurés réunis sur le temps de midi dans un snack échangent leurs points de vue et ressentis respectifs...C'est à mourir de rire,tellement juste et bien vu comme microcosme sociologique de la France du Nord (le procès se déroule à St Omer...) 

Bref, on s'instruit,on vibre et on se divertit sans voir passer le temps. 

Je retranscris ci-après le texte auquel les jurés doivent souscrire :


Les jurés d’un jury d’assises doivent prêter serment

Chaque juré doit dire « Je le jure » après avoir écouté le président lire le texte suivant :

« Vous jurez et promettez d’examiner avec l’attention la plus
scrupuleuse les charges qui seront portées contre X..., de
ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui
l’accuse, ni ceux de la victime, de ne communiquer avec personne
jusqu’après votre déclaration, de n’écouter ni la haine ou la
méchanceté, ni la crainte ou l’affection, de vous rappeler que
l’accusé est présumé innocent et que le doute doit lui profiter,
de vous décider d’après les charges et les moyens de défense,
suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l’impartialité
et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre et de
conserver le secret des délibérations, même après la cessation
de vos fonctions. »

vendredi 11 décembre 2015

L'HEURE TROUBLE de Johan THEORIN


 LIVRE

Ce polar suédois mérite bien une place de choix parmi la littérature policière.
Le suspens bien présent s'allie avec une réelle poésie.Le récit baigne dans cette ambiance brumeuse,maritime des contrées suédoises auxquelles nous ont habitués les Hennig Mankell et Camilla Lackberg.
Le rythme est lent,progressif,les questions se multiplient autour de la disparition d'un enfant quelque 20 ans plus tôt,les pistes suivies par le grand-père l'emmènent à s'interroger sur un étrange personnage suspecté de 2 crimes à l'époque....Il se serait réfugié en Amérique du Sud et son corps aurait été rapatrié en Suède.
Mais est-ce bien son corps qui se trouve dans le cercueil? Qui l'a aidé? Qui a été payé pour un échange d'identité? Pourquoi l'ami du grand-père est-il retrouvé mort près d'une de ses sculptures?
Ces questions se densifient tout au cours du récit.

Je me rends compte que j'ai oublié d'évoquer le personnage central de l'histoire,la mère de l'enfant disparu,Julia,hantée par cette disparition qui revient dans son village natal,Stenvik,qui réveille les mémoires enfouies,qui foule le chemin,qui réinvestit la maison où plus personne n'a dormi...C'est elle qui relance l'enquête,c'est elle le moteur de l'action. 

Une lecture prometteuse,intéressante.On est en complète immersion.
 

mercredi 25 novembre 2015

D'APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE de Delphine de Vigan


LIVRE

Le dernier livre de Delphine de Vigan semble faire l'unanimité si l'on en croit les critiques et la récente récompense du prestigieux Prix Renaudot.
Je ne partage pas du tout ce bel unisson.....et autant le dire de suite,j'ai abandonné ma lecture vers la page 200,me contentant de feuilleter la suite .....Pas envie de continuer,pas d'intérêt pour le dénouement (une amie me l'a racontée et a confirmé mon ressenti).
Cette histoire de Delphine qui se laisse peu à peu envahir par une amie qui investit sa sphère privée,qui perce à jour sa personnalité et l'emmène sur le chemin glissant du doute,du doute littéraire m'a mise fort mal à l'aise ....Cette emprise qui s'étend et se précise jour après jour m'a semblé fort artificielle,peu crédible aussi ...                                                                                          
Comment l'écrivain à la personnalité quelque peu chaotique,aux nombreuses faiblesses,peurs  avouées et reconnues par elle (elle les décrit fort bien dans le premier chapitre ....) peut-elle se laisser embarquer dans cette "histoire",cette prise de possession d'elle-même,cette manipulation? C'est invraisemblable.

Tout m' a semblé peu convaincant:les personnages proches (un François si attentionné,mais si naïf aussi, sans cesse surpris par la tournure des événements),les faits,la progression de la relation...

L'écriture aussi a perdu l'acuité qu'elle avait dans le précédent roman que j'avais beaucoup aimé.                                                                                                                                                      Critique sur ce Blog :http://parlonscinebouquins.blogspot.be/2012/01/rien-ne-soppose-la-nuit-de-d-de-vigan.html


Rien à voir non plus avec "MISERY" de Stephen King, si subtil, si audacieux.

Certains osent la comparaison.

Bref , je rejoins l'avis d'une bloggeuse française ( http://leblogduneprovinciale.com/dapres-une-histoire-vraie/) et cite certains passages de sa critique:
 
... "J’ai été déçue dès les premières pages. Certes le style de Delphine de Vigan est là. L’écriture est toujours aussi agréable mais je n’ai pas du tout accroché à la trame proposée par l’auteure.
Delphine de Vigan a écrit un thriller psychologique sous la forme d’un récit – faussement ? – autobiographique.
Elle veut nous amener à une réflexion sur l’importance du réalisme en littérature.
Elle met en scène une écrivaine, prénommée Delphine qui lutte devant la page blanche et n’arrive plus à écrire. Cette impuissance, une autre femme, la mystérieuse L, va s’en emparer, remplissant le vide par la séduction, la possession. Au fil du récit L va manipuler Delphine et lui prendre son âme.
Je me suis ennuyée, j’ai trouvé l’intrigue poussive et pesante. Les états d’âme d’un écrivain à succès qui souffre devant la page blanche ne m’ont pas émue. Le huis clos théâtral entre ces deux femmes, l’une dominatrice, l’autre soumise m’ont laissée de glace. Le final qui laisse planer le doute sur la véritable manipulation ne m’a pas convaincue.
Mais ce qui m’a surprise ce sont les critiques dithyrambiques sur ce bouquin.
En effet, après l’avoir lu, je suis allée me documenter sur les avis des journalistes littéraires et partout ce ne sont qu’éloges et applaudissements.                                       Suis je la seule à ne pas avoir aimé ?...."

( passage souligné par moi)

dimanche 22 novembre 2015

THE DROP de M.R.ROSKAM


FILM  POLICIER

Dennis Lehane,auteur de nombreux polars dont l'inoubliable  "Mystic River" a participé au scénario inspiré de son livre.

L'action se déroule dans un bar à l'ambiance glauque,mafieuse.Bob (Tom Hardy) est le barman,cousin du patron,un quinquagénaire blasé, impliqué dans des coups louches.
Le bar est braqué.Bob découvre un jeune chien blessé dans une poubelle et il rencontre une jeune femme (Noomi Rapace,révélée dans le Millenium de D. Fincher).
Celle-ci l'aide à soigner le chien et une complicité s'installe entre eux....ensuite...
Eh bien ensuite,ça se corse avec l'irruption de commanditaires mafieux,d'un ex de la jeune femme....avec l'enquête aussi menée par un flic qui a tout pigé,mais n'a pas de preuves....
Voilà ... suite à l'écran,comme on dit.

Le personnage principal donne le ton au film.Il est tranquille,ses gestes sont précis,lents,mesurés.
Ses paroles aussi,jamais un mot plus haut que l'autre.
Face aux révélations,aux événements qui se précipitent,il reste imperturbable
Un grand calme donc,mais faut pas qu'on l'énerve ... ce qui risque d'arriver!!!
Cette énergie douce,cette personnalité sans aspérités,sans excès... ni colère,ni emballement... fait l'intérêt du film auquel on a reproché ce défaut.

Je cite la critique de la Libre Belgique du 24/9/2014:
"....Roskam démontre qu'il connaît ses gammes,mais à force d'être appliquée,sa mise en scène débouche sur un film sans aspérité,un peu timoré.Comme si,à l'image d'un des personnages,le réalisateur cachait son jeu."

Je ne partage pas cet avis.Il faut vraiment se laisser prendre par cette lenteur,ce calme,cette distanciation aussi dont fait preuve  le héros,même si elle est assez inhabituelle,inattendue dans ce genre de polar. 




 

CONGO INC. "Le testament de Bismarck" de IN KOLI JEAN BOFANE

LIVRE

L'écrivain né au Congo nous a livré ( en 2014 ) un livre étonnant.
C'est l'histoire d'un jeune pygmée,très au fait des nouvelles technologies et jeux vidéos qui décide de rejoindre la capitale,Kinshasa pour se réaliser,vivre sa vie de "mondialiste" comme il dit.                                                                                                                                                            Bofane est un grand, ...un tout grand conteur.... On est happé par cette histoire invraisemblable,tour à tour drôle,truculente et cruelle,car c'est aussi une gifle que ce roman.

Notre jeune mondialiste en herbe va en effet se retrouver parmi les enfants des rues,"les shégués",les laissés pour compte du Congo.Kinshasa en compte +/- 23.000 de ces orphelins qui ont perdu leurs parents dans les multiples guerres.
Il va offrir ses services à un ancien seigneur de guerre,peu recommandable,véreux,qui a bien compris que le sous-sol des forêts regorge de minerais en tous genres....Ce serait donc aussi bien de raser les arbres.Le cynisme et le machisme dans un seul homme.
D'autres enfants des rues constituent un bel échantillon de personnages divers et variés:une toute jeune fille qui a sauvé ses 2 frères et se prostitue,un ami chinois et bien d'autres...

Ce récit parvient tour à tour à nous faire sourire et à nous faire froid dans le dos.
Une scène d'un réalisme et d'une violence inouïe.Des questions graves posées en filigrane.
Sur la corruption,la colonisation, sur la richesse minière de ce pays que les grandes puissances convoitent avec tant d'âpreté depuis 1885,depuis Bismarck... 

Pour mieux comprendre le propos de l'écrivain,voici le lien de son intervention à l'émission de France 5 "La Grande Librairie en janvier 2015.

https://www.youtube.com/watch?v=AWxUsnDOibM

Un extrait aussi de la fin du livre:

"L’algorithme Congo Inc*. avait été imaginé au moment de dépecer l’Afrique, entre novembre 1884 et février 1885 à Berlin. Sous le métayage de Léopold II, on l’avait rapidement développé afin de fournir au monde entier le caoutchouc de l’Équateur, sans quoi l’ère industrielle n’aurait pas pris son essor comme il le fallait à ce moment-là. .…. L’engagement de Congo Inc. dans le second conflit mondial fut décisif. .…. le concept mit à la disposition des États-Unis d’Amérique l’uranium de Shinkolobwe qui vitrifia une fois pour toutes Hiroshima et Nagasaki .….. Il contribua généreusement à la dévastation du Vietnam en permettant aux hélicoptères Bell H1-Huey, les flancs béants, de cracher du haut des airs des millions de gerbes du cuivre de Likasi et Kolwezi à travers les villes et les campagnes ..…Congo Inc. fut plus récemment désigné comme le pourvoyeur attitré de la mondialisation, chargé de livrer les minerais stratégiques pour la conquête de l’espace, la fabrication d’armements sophistiqués, l’industrie pétrolière, la production de matériel de télécommunication high-tech."p271,272.

Inc. = Incorporated. 

jeudi 19 novembre 2015

CAMILLE,MON ENVOLÉE de Sophie DAULL

LIVRE

Tant de pudeur,de délicatesse,de simplicité et d'humanité aussi pour décrire,exprimer,partager la douleur d'une mère qui voit "partir" sa fille de 16 ans en quelques jours.
Un défi que l'écrivain,maman de Camille relève.
Pas de vains apitoiements,épanchements.Juste des faits,des gestes à accomplir,des pensées...
Et pourtant ça arrache le coeur,on est bouleversé,retourné,profondément en phase avec elle.

D'un drame personnel, Sophie Daull a su faire une oeuvre universelle,accessible à chacun.

Un extrait pour illustrer la qualité du style :

"On est remontés dans la voiture depuis Saint-Valéry.... C'est papa qui conduit pendant que je passe des coups de fil,des textos.Compulsivement,maladivement,j'annonce,j'informe...Camille est morte lundi.Camille est morte lundi.Camille est morte lundi.On est tout au fond d'un puits,mais des visages à la surface se penchent vers notre gouffre,crient,lancent des cordes,des échelles,des lianes de survie.
On les saisit,on se brûle les paumes,on se griffe les ongles à la douleur des autres,on s'emplit les poumons de leur chagrin pour que l'air soit respirable.On roule sans autre paysage que notre cataclysme du dedans..." p147.

et aussi: "Je ne veux pas être consolée" p54.
           

lundi 16 novembre 2015

007 SPECTRE de Sam Mendes

FILM

Le dernier James Bond tient-il toutes ses promesses?
Les avis sont contrastés.

En tout cas,la scène d'ouverture à Mexico,le jour de la fête des morts est époustouflante.
Hélicoptère tournoyant,virevoltant à souhait avec lutte corps à corps entre Bond et son ennemi,un pur régal.C'est efficace,trépidant,filmé à une vitesse vv prime,tout comme la course poursuite dans Rome aussi réussie que celle sur les toits de Sienne ( "Quantum of Solace").

J'ai plus de réserves quant au propos du film et au jeu des acteurs.

La mission de James Bond, mission non légitimée par son QG,consiste à infiltrer une puissante organisation internationale nuisible, Spectre pour en découvrir le chef,le méchant "Christophe Waltz".Sa quête l'amènera en Autriche,puis à Tanger aux côtés de la belle Léa Seydoux.Occasion d'en mettre plein la vue aux spectateurs avec des vues sublimes de la neige,puis du Sahara.
Comme cette mission est pâlotte,peu consistante par rapport aux missions précédentes.
Elle manque de ressort,de punch, de rebondissements surtout ...exception faite de la petite séance de piqûres intracrânienne que subit notre pauvre 007.

Autre point faible: les personnages principaux.
Christophe Waltz ,sur employé dans des rôles de méchant,est devenu la caricature de lui-même et peu crédible,il est limite ennuyeux,sans parler de Monica Bellucci dont la courte apparition est totalement convenue.Daniel Craig lui endosse une fois encore le costume de 007 avec ce mélange de froideur et de donjuanisme vintage,dont le charme n'opère plus beaucoup.En fait, ce sont les deuxièmes rôles qui sauvent la mise:Q, le génie informaticien à l'humour sec et au look improbable et Moneypenny,l'assistante noire,naturellle,à l'aise dans son rôle.

Bref,il y avait de l'action,de magnifiques images,de belles bagnoles vrombissantes qui assuraient un peu le service par défaut.
 
 

 

jeudi 29 octobre 2015

COMING HOME de Zhang YIMOU

FILM

Ce film chinois fut présenté au festival de Cannes 2014,hors compétition.

Le thème de l'amnésie ne pouvait qu'être traité avec une immense délicatesse par le cinéaste qui nous a déjà offert des oeuvres difficiles peut-être,mais magnifiques,comme "Épouses et concubines" dans les années 90.

Un homme revient d'exil,réhabilité à la fin de la révolution culturelle,mais son épouse (la remarquable Gong Li) ne le reconnaît pas,voit en lui un quelconque camarade.
Face à ce déni,quelle attitude adopter?
Le mari,relogé non loin de son épouse,avec patience et tendresse lui rend divers services.
Il lui lit des lettres écrites par lui en exil,mais jamais envoyées,il raccorde un piano et joue des airs qu'ils aimaient...
Bref,il tente de reconnecter ce cerveau embué.
Y arrivera-t-il?Pas sûr.
Leur fille aussi qui découvre un père qu'elle n'avait jamais vu,apporte sa contribution.

Toute la trame narrative s'articule évidemment autour du paradoxe d'une femme qui attend,espère le retour d'un mari qui de fait est revenu.
C'est ce qui fait l'originalité du récit.Tout est filmé avec une lenteur et une sensibilité qui renforcent l'intériorité des personnages.

                                             
 

jeudi 22 octobre 2015

MILLÉNIUM 4 de David LAGERCRANTZ

LIVRE

Une suite à la trilogie écrite par Stieg Larsson.Cela semble passionnant.
Lecture en cours.
L'écrivain suédois a repris avec succès les mêmes héros Salander, la Hackeuse? et Blomkvist,le journaliste.Il s'agit ni plus ni moins de pirater le site de la NSA,excusez du peu!!!

Critique plus élaborée,à suivre... 

Eh bien, j'ai aimé,j'ai beaucoup aimé ce Millenium 4,tout comme la revue Telerama.
On est pris dès les premières pages par l'intrigue qui nous immerge dans le monde du piratage informatique,mais aussi celui sur les traces d'un savant à la recherche de l'Intelligence Artificielle,et dont le fils,autiste se révèle capable de résoudre des opérations mathématiques de haut vol (factorisation des nombres premiers ...).
L'écrivain parvient à habilement entremêler divers fils narratifs.On passe aisément d'un personnage à l'autre,sans explications superflues,même si parfois l'écriture apparaît quelque peu naïve.
Quant aux 2 protagonistes des précédents Millenium,ils sont bien présents avec leurs côtés d'ombre et d'éclat pour le plus grand bonheur du lecteur.

Citons un extrait de la critque de Télérama du 28/8/2015  

"Et Lisbeth Salander ? Et Mikael Blomkvist ? ... Qu'est-ce qu'ils deviennent ?                              C'était évidemment l'enjeu le plus délicat pour David Lagercrantz qui a choisi, là encore, la fidélité à Stieg Larsson. Ses personnages n'ont rien perdu de leur charme, ni de leur complexité. 

 Lisbeth, à coup sûr la plus grande réussite de la série, a toujours autant de peps, de liberté, de violence et de cœur, autant de combats à mener contre les fantômes du passé (sa sœur Camilla revient en force), autant de talent pour percer les codes informatiques les plus verrouillés, et l'on se réjouit de la voir pénétrer les serveurs de la NSA comme on jubilait quand elle se vengeait de son abominable tuteur.

Quant à Blomkvist, le héros, au début du livre, est fatigué. Ecrivain, mais aussi journaliste, David Lagercrantz met en scène la crise de la presse, l'érosion des ventes, la baisse de la publicité, et les pressions exercées par les actionnaires sur les rédactions pour trouver des sujets plus « consensuels », plus « glamour », moins « déprimants »....                                                              . Lagercrantz rend compte avec une grande crédibilité des doutes et du découragement du reporter. Jusqu'au moment où il va croiser le chemin du jeune professeur spécialiste d'intelligence artificielle et flairer le sujet qui pourrait bien relancer les ventes et la réputation de son journal..."

Bref, Millenium 4 est une réussite.Ne boudons pas notre plaisir.


lundi 19 octobre 2015

LE DERNIER MESSAGE DE SANDRINE MADISON de Thomas H. COOK

LIVRE

L'épouse de Sam Madison est retrouvée morte chez elle.Tous deux sont professeurs d'université dans une petite ville des USA,Coburn en Géorgie.
Près du lit où elle est étendue recouverte d'un drap, des cachets de Demerol,une bougie allumée,un livre,un guide de voyage des pays méditerranéens,corné à la page de la ville française d'Albi où le couple séjourna dans une grande harmonie....mais aussi et surtout,un message d'adieu(?),dernière phrase écrite de la main de Sandrine qui évoque la reine Cléopâtre.

Sandrine s'est-elle suicidée? a-t-elle pensé à la mort de Cléopâtre?
Le procureur n'adhère pas à cette thèse et Sam se retrouve accusé du meurtre de sa femme.
Le procès a lieu,les témoins défilent à la barre,les révélations se succèdent ....le lecteur apprend que la maladie de Charcot avait été diagnostiquée peu de temps avant chez Sandrine,il apprend aussi et surtout que Sam montrait peu d'empathie pour sa femme, que le couple n'allait pas bien,que le mari a eu une maîtresse,que Sandrine confiait son mal-être à d'autres...etc

Bref,certains témoignages sont accablants et révèlent des faits insoupçonnés même pour Sam.Le grand intérêt de ce roman policier,c'est bien sûr de suivre le procès et découvrir "in fine" la décision du jury,mais surtout d'entrer dans le for intérieur de Sam, dans ses souvenirs,ses doutes,ses regrets,ses hypothèses aussi sur un éventuel piège que Sandrine lui aurait tendu...Pendant le procès,il est assailli par tout un maelström d'émotions.

Nous tenons là une fine analyse du couple,de son fonctionnement,de ses manques et égarements,une approche de l'alchimie complexe de l'amour.


 

THE LOFT de Erik Van Looy

FILM

Ce thriller américain d'Erik Van Looy est un remake d'un film flamand sorti en Belgique en 2008.Déjà,c'était une réussite et l'adaptation américaine par le même cinéaste,fidèle au film initial ne démérite pas.

Le spectateur comme dans tout bon thriller est embarqué dans de fausses pistes (notamment celle d'une vengeance féminine...),il s'interroge à l'instar des enquêteurs sur les causes du décès de le jeune femme retrouvée morte dans le "Loft": suicide ou assassinat?
A qui profiterait le crime? Y a-t-il eu chantage? versement d'argent dans un choix immobilier?
Qui d'autre avait la clé du loft?Qui y est venu la veille au soir?

Une série de questions qui maintiennent l'attention et l'intérêt du spectateur... avec un final bien sûr fort inattendu.
Les acteurs sont tous excellents,hommes et femmes.Et la présence de Matthias Schoenaerts dans un rôle de "macho/drogué" n'est pas négligeable.

BREF... ,j'ai aimé et vous le recommande,chers lecteurs du Blog.
 
 

dimanche 18 octobre 2015

THE "SECOND" BEST EXOTIC MARIGOLD HOTEL de John MADDEN

FILM

La suite du premier "Indian Palace" qui nous avait enthousiasmés.

Quelle redite!!...Quelle resucée!! (définition du dico: "répétition sans intérêt d'un sujet déjà traité") ...Quel manque d'imagination,d'inventivité!!...
On prend les mêmes et on recommence.Chacun le sait,on ne change pas une équipe gagnante,sauf qu'ici on est sur le terrain du cinéma,de l'Art avec un grand A. 

Je reprends à mon compte des extraits d'une critique lue sur "www.cinoche.com".,signée Martin GIGNAC.
C'est bien vu, bien écrit,j'y adhère complètement.

" ...Déjà là, le sentiment de redite est fort. Ce sont les mêmes thèmes que le volet d'introduction. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est cette légèreté qui s'est évaporée. Du coup, on se fait davantage happer par les morales et les bons sentiments, les leçons de vie gluantes et le sentimentalisme de bas étage. À force de vouloir émouvoir vainement, l'effort n'en devient que plus dérisoire.
Sans doute que les comédiens s'amusent fort. Sauf qu'ils le font plus que le spectateur, ce qui est toujours étrange. Réunir Judi Dench, Maggie Smith, Bill Nighy, Ronald Pickup, Celia Imrie et le "jeunot" Richard Gere ne peut que donner quelque chose de banal. Il faut pourtant leur offrir quelque chose à se mettre sous la dent. Ici, ils en font des tonnes pour pas grand-chose, essayant de soutirer un peu de vie à des personnages unidimensionnels. Ça ne fonctionne presque jamais et c'est bien dommage....



Un peu d'audace, c'est surtout ce qui manque au menu. Il y en avait dans les recoins de cette histoire qui suit tout de même un homme qui paye pour tuer sa femme et un charmant Dev Patel qui met pratiquement son mariage prochain en péril pour s'occuper du charismatique Richard Gere. Des sous-entendus qui ne sont jamais exploités, de peur de froisser un public cible formaté qui en a vu d'autres. À force de tout traiter avec un grain de sel en niant plus souvent qu'autrement la gravité de la vieillesse, The Second Best Exotic Marigold Hotel en devient une simple version édulcorée de la vie de tous les jours, qui n'est même pas bon à donner le goût de voyager et de continuer à rêver..."

Pour lire la critique complète,voici le lien: 
 http://www.cinoche.com/films/bienvenue-au-marigold-hotel-2/critiques/un-film-deja-vieux.html

STILL THE WATER de Naomi Kawase

FILM

Un hymne à la nature,certes.Une nature magnifiée.
Paysages splendides d'un île au sud du Japon.

La cinéaste,Naomi Kawase,aime les banyans,les forêts,elle aime la mer,les grandes vagues,le ressac,l'écume,les cieux violets.... le vent,l'eau,la terre... 
Tout ça pulse comme la vie et la mort des humains.
Beaucoup de pudeur,de profondeur,d'intériorité pour accompagner les derniers moments d'une mère.
Une interrogation métaphysique sur l'amour naissant entre 2 ados,sur les liens mère-fille...

Mais aussi quelle lenteur,trop de lenteur...sans doute un ingrédient nécessaire pour un film d'une telle intensité poétique.Les évidentes qualités esthétiques du film n'ont pas suffi à convaincre le Jury du festival de Cannes 2014.
Il n'a obtenu aucune récompense,alors qu'on parlait en coulisses de "chef-d'oeuvre".

                                         

 
 

dimanche 11 octobre 2015

2084 de Boualem SANSAL

LIVRE

Boualem SANSAL n'est pas un inconnu dans le paysage littéraire francophone.L'écrivain algérien a été récompensé de plusieurs prix en 2008 pour :"Le village de l'allemand".
Magnifique roman.
                          
  • Grand prix RTL-Lire 2008
  • Grand prix SGDL du roman 2008
  • Prix Louis-Guilloux 2008
  • Prix Nessim-Habif 2008
Cette fois ,il nous emmène en "Abistan",pays imaginaire bien sûr mais qui peut ressembler,évoquer des pays où le radicalisme religieux règne.

L'Abistan vénère Yölah, représenté sur terre par son prophète Abi.Le peuple tout entier de l'Abistan vit dans cette ferveur religieuse,sans se poser de questions,sans sortir de la norme, sans faire un pas de travers....sauf? ....sauf notre Ati,le héros du roman,personnage banal ,sans réelle culture mais qui va commencer à se poser des questions sur des êtres vivant hors de l'empire?La notion de frontière l'interpelle et son ami plus érudit va l'éclairer.

Le roman est écrit avec beaucoup de drôlerie,tout en posant de graves questions sur l'influence de la religion,le maintien d'un peuple dans l'ignorance et l'idolâtrie,2 piliers de toute dictature.

Boualem Sansal,récemment  invité dans l'émission "La grande librairie" sur France 5  n'a pas caché son pessimisme quant au futur des pays musulmans.