lundi 23 septembre 2019

La goûteuse d'Hitler de Rosella Postorino

LIVRE

Ce roman d'une auteure italienne a connu un grand succès de librairie en ce début 2019.
On l'a appris après la guerre,Hitler inquiet pour sa vie exigeait que l'on goûte sa nourriture.

Et une dizaine de jeunes allemandes furent destinées à cette fonction.
C'est l'histoire de Rosa qui chaque jour est amenée en car dans un lieu où sont présentés les différents repas servis au Führer qu'il s'agit de goûter.
C'est une sorte de filet anti-empoisonnement et bien sûr manger constitue un acte assez terrifiant pour celles qui "goûtent" dans une inquiétude permanente.
Des liens d'amitié,de solidarité se nouent entre ces jeunes filles.
Le mari de Rosa parti au front est porté disparu et une idylle se noue peu à peu entre elle et un SS.

Ce roman m'a rappelé Olga de B.Schlink par cette ambiance des années de guerre,cette suspicion,cette angoisse qui les caractérise.
Roman très lisse,assez convenu quand même.
Ce n'est pas de la grande littérature,loin de là.
Les intervenants de l'émission du Masque et la Plume,émission du dimanche soir sur France Inter,ont descendu le livre en flèche!!!
Voici le lien:https://www.franceinter.fr/livres/la-gouteuse-d-hitler-de-rosella-postorino-le-point-godwin-de-la-litterature

jeudi 19 septembre 2019

LUCA de Frank Thilliez

LIVRE

Quand un cinglé s'en prend aux dérives de la technologie et dénonce les Gaffa et qu'il menace d'exécuter 2 personnes,un homme et une femme en direct sur les réseaux sociaux,la brigade du commandant Sharko se mobilise immédiatement.
Comment empêcher l'issue fatale de cette scène macabre suivie en "live" par des milliers d'internautes? 
C'est une fois encore la course contre la montre,le compte à rebours.
Vite réunir des indices,recouper des liens,...surtout trouver le lieu exact.
Tout cela prendra le temps du récit.
Ce sera une terrible chaîne de personnes impliquées:des mères porteuses,des enfants-médicaments,des médecins obsédés par des manipulations de l'ADN,par la quête d'immortalité,par le ralentissement du processus de vieillissement,grands thèmes des transhumanistes!!!
Un vrai "clan" aux pratiques monstrueuses,inhumaines. 
Ce sera une vraie descente aux enfers pour l'équipe d'enquêteurs qui vont de surprise en surprise...pour le lecteur addict aussi bien sûr.
De roman en roman,l'écriture de Thilliez s'affine alors qu'il traite de sujets aussi complexes que les dérives médicales et informatiques.
Plaisir de lire et de se laisser emmener dans cette enquête sulfureuse.
 

mercredi 18 septembre 2019

PARASITE de Bong Joon Ho

FILM

Palme d'Or ***du dernier festival de Cannes.
On comprend que le film du sud-coréen ait emballé le Jury.
Narration parfaitement maîtrisée.
Originalité du sujet:le subvertissement d'une famille par une autre.
Suspense constant.
Analyse sociale teintée d'humour.
On passe en douceur de la grosse farce machiavélique au drame rocambolesque.
Le film est assez inclassable:entre thriller/comédie/film social...

Les nombreuses qualités du film sont indiscutables.
Excellent jeu de tous les acteurs/actrices.
Contraste très réussi entre les 2 lieux d'habitation,entre les ressentis des habitants,riches d'un côté,pauvres de l'autre...notamment lors d'une pluie diluvienne qui noie les uns et s'offre comme un beau spectacle au regard des riches.
Scénario plein de trouvailles géniales,comme l'ampoule qui clignote et se décode en alphabet morse,scénario bondissant qui emmène le spectateur de surprise en surprise.
Rien n'est prévisible,vraiment rien...et surtout pas cette fin géniale.
Et pourtant,...je suis restée assez à distance de cette tragi-comédie. 

La scène d'ouverture où les ados assis à côté du WC cherchent une connexion Wi-Fi gratuite,très prometteuse pour la suite.Les voici:

                                



Dans la famille des riches,je demande la mère,rôle central dans le film.
Elle est parfaite dans ce personnage de mère un peu nunuche,naïve,totalement enfermée dans ses soucis de petite bourgeoise nantie.
La voici:                             
 

lundi 16 septembre 2019

La double vie de VERMEER de Luigi Guarnieri,2007

LIVRE

Après "La jeune mariée juive"*du même écrivain italien,j'ai lu cet ouvrage sur Vermeer ou plutôt sur l'incroyable histoire de ce faussaire hollandais,Han Van Meegeren qui au début du 20ème siècle a berné les critiques d'art les plus réputés,en leur faisant expertiser des tableaux qu'il a présentés comme d'authentiques Vermeer.
Il a commencé par peindre la scène des disciples à Emmaus et a continué son entreprise de génial imitateur.Ce n'est qu'en 1945 que la police vient l'interroger à propos de la collection que Goering a constituée pendant la guerre.La supercherie,l'immense arnaque éclate alors au grand jour et l'artiste de devoir prouver devant un comité d'experts que c'est bien lui l'auteur de ces tableaux,des faux Vermeer donc.C'est surréaliste!!!

Ce qui est passionnant,c'est toute l'époque où habitant à Nice,le faussaire s'exerce à son art d'imitateur de génie,choisissant les sujets,le support,les pigments d'époque (p68/69 le bleu lapis-lazuli ...le jaune célèbre de Vermeer,etc...)pour résister au scanner,enduisant ses tableaux d'une couche d'encre de chine,faisant des craquelures aussi.
Tous ces détails techniques se lisent comme autant d'indices d'un vrai polar pictural.
Dans un autre chapitre IX,est évoqué le personnage de Proust,Bergotte qui "meurt d'une attaque d'apoplexie après avoir admiré la "Vue de Delft" de Vermeer",p104.
Ce détour par l'oeuvre de Proust est tout à fait intéressant.
Et pour finir,on en apprend beaucoup sur ce personnage de Goering,passionné d'art qui s'était constitué pendant la guerre une fabuleuse collection d'oeuvres.
Son procès à Nuremberg est évoqué ainsi que les circonstances précises de sa fin par suicide (chapitre XVI)
Un roman bien ficelé donc,dont l'intérêt littéraire se conjugue avec un intérêt artistique et historique.

* lien de la critique du livre:
https://parlonscinebouquins.blogspot.com/2019/08/la-jeune-mariee-juive-de-luigi.html

 

mercredi 11 septembre 2019

L'ÉLOGE DU RISQUE de Anne Dufourmantelle

LIVRE***

C'est le second livre de la psychanalyste que je termine,avec le même émerveillement,le même apaisement aussi.
Ça fait un bien fou de lire tous ces risques qui nous libèrent bien plus qu'ils ne nous enferment.A.Dufourmantelle prend à contre-pied pas mal de croyances,de certitudes bien ancrées.Elle les travaille au corps,elle les déshabille,les désarticule,les déjoue et nous les ressert de façon brute et transcendée.
Toutes ces peurs qui scandent les grandes étapes de notre vie,à commencer par celle d'être abandonné lorsque nous naissons...ensuite peur d'aimer,peur de rompre,peur de vivre tout simplement...
Il faut alors oser,oser ou prendre des risques:celui d'aimer bien sûr,seulement...celui d'être soi-même,de quitter sa famille,...le risque du pari pascalien ou du saut dans le vide de Kierkegaard,philosophe cher à la psychanalyste...le risque de l'oubli,de la variation
Extrait:
"La névrose complique, fait des compromis, donne pour reprendre aussitôt, négocie : le symptôme est un usurier qui attend le paiement d'une dette auquel il rappelle constamment son débiteur. La névrose n'aime pas les variations, les suspectant de faire acte d'une dangereuse audace, l'air de rien. En musique, la variation élabore autour d' un thème simple tout un monde... 
La variation n'est pas l'esquive, même si elle y ressemble. Elle est un art très formel de la répétition choisie, et donc, surmontée. Elle fait entrer dans la répétition même un dispositif d'invention suprême, je dirais presque d'égarement. La variation nous fait croire qu'on aurait pu se perdre, avant de nous reprendre doucement par la main pour nous ramener vers le thème principal, puis nous en éloigner imperceptiblement, à nouveau...p184.

Le risque de l'inattendu...
Extrait:
"L’incertitude est ce dont la névrose a le plus horreur. Toute notre organisation névrotique (et nous sommes tous névrosés) consiste à faire barrage à l’inattendu. L’inconscient est un GPS qui intègre toutes les données de votre généalogie, de votre enfance et de ce que vous avez vécu. Il vous indique des chemins et des routes qu’il trouve plus sûrs ou moins encombrés. Si vous lui donnez un itinéraire ou un lieu inconnu, il va tout faire pour que vous n’y alliez pas parce qu’il y a trop de risques.

Le risque de la passion..
Extrait:
"On veut l'intensité sans le risque. C'est impossible
L'intensité c'est le saut dans le vide, la part d'inédit, ce qui n'a pas encore été écrit et qui pourtant en nous est en attente, de précisément ça. 
La passion est une disposition qui naît en nous depuis l'enfance, que l'on peut faire croître ou diminuer mais totalement altérer, jamais."p41.

C'est donc une suite de très courts chapitres,une quarantaine...qui se proposent à notre réflexion. 
Extrêmedensité de la pensée et écriture minutieuse,si percutante,affûtée.
Ce livre est tout simplement EXCEPTIONNEL

mercredi 4 septembre 2019

BLUEBIRD de Geneviève Damas

LIVRE

La critique a accueilli très favorablement ce 3ème roman de l'auteure belge.
Si j'ai beaucoup,vraiment beaucoup aimé "Si tu passes la rivière" et "Patricia",les deux précédents romans,je suis cette fois très réservée....et déçue.
Une jeune fille réalisant qu'elle est enceinte décide d'adresser à son futur bébé une lettre,une longue lettre où elle exprime un maelström de sentiments contrastés,ses peurs,ses espoirs,ses déceptions.Elle a rompu avec ses parents et vit près de sa grand-mère.
Je n'ai jamais vraiment été touchée par ces états d'âme,je ne suis pas du tout entrée dans cet univers forcément plein de doutes et de questions.
J'ai trouvé ça convenu,prévisible,répétitif surtout.
Ça tourne en rond et la fin est si frustrante,ouverte comme on dit,mais on ne sait toujours pas ce qui va advenir de ce futur enfant.
C'est littérairement habile bien sûr,mais ça m'a un peu laissé l'impression qu'on se fichait de moi.
N'aurait-il pas été préférable de réserver le roman à une catégorie "Jeunesse"?
Il aurait sûrement mieux trouvé son public. 

Voici par contre le lien de ma critique de "Si tu passes la rivière",Prix des Lycéens en 2013.
https://parlonscinebouquins.blogspot.com/2015/08/si-tu-passes-la-riviere-de-genevieve.html