mercredi 25 novembre 2015

D'APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE de Delphine de Vigan


LIVRE

Le dernier livre de Delphine de Vigan semble faire l'unanimité si l'on en croit les critiques et la récente récompense du prestigieux Prix Renaudot.
Je ne partage pas du tout ce bel unisson.....et autant le dire de suite,j'ai abandonné ma lecture vers la page 200,me contentant de feuilleter la suite .....Pas envie de continuer,pas d'intérêt pour le dénouement (une amie me l'a racontée et a confirmé mon ressenti).
Cette histoire de Delphine qui se laisse peu à peu envahir par une amie qui investit sa sphère privée,qui perce à jour sa personnalité et l'emmène sur le chemin glissant du doute,du doute littéraire m'a mise fort mal à l'aise ....Cette emprise qui s'étend et se précise jour après jour m'a semblé fort artificielle,peu crédible aussi ...                                                                                          
Comment l'écrivain à la personnalité quelque peu chaotique,aux nombreuses faiblesses,peurs  avouées et reconnues par elle (elle les décrit fort bien dans le premier chapitre ....) peut-elle se laisser embarquer dans cette "histoire",cette prise de possession d'elle-même,cette manipulation? C'est invraisemblable.

Tout m' a semblé peu convaincant:les personnages proches (un François si attentionné,mais si naïf aussi, sans cesse surpris par la tournure des événements),les faits,la progression de la relation...

L'écriture aussi a perdu l'acuité qu'elle avait dans le précédent roman que j'avais beaucoup aimé.                                                                                                                                                      Critique sur ce Blog :http://parlonscinebouquins.blogspot.be/2012/01/rien-ne-soppose-la-nuit-de-d-de-vigan.html


Rien à voir non plus avec "MISERY" de Stephen King, si subtil, si audacieux.

Certains osent la comparaison.

Bref , je rejoins l'avis d'une bloggeuse française ( http://leblogduneprovinciale.com/dapres-une-histoire-vraie/) et cite certains passages de sa critique:
 
... "J’ai été déçue dès les premières pages. Certes le style de Delphine de Vigan est là. L’écriture est toujours aussi agréable mais je n’ai pas du tout accroché à la trame proposée par l’auteure.
Delphine de Vigan a écrit un thriller psychologique sous la forme d’un récit – faussement ? – autobiographique.
Elle veut nous amener à une réflexion sur l’importance du réalisme en littérature.
Elle met en scène une écrivaine, prénommée Delphine qui lutte devant la page blanche et n’arrive plus à écrire. Cette impuissance, une autre femme, la mystérieuse L, va s’en emparer, remplissant le vide par la séduction, la possession. Au fil du récit L va manipuler Delphine et lui prendre son âme.
Je me suis ennuyée, j’ai trouvé l’intrigue poussive et pesante. Les états d’âme d’un écrivain à succès qui souffre devant la page blanche ne m’ont pas émue. Le huis clos théâtral entre ces deux femmes, l’une dominatrice, l’autre soumise m’ont laissée de glace. Le final qui laisse planer le doute sur la véritable manipulation ne m’a pas convaincue.
Mais ce qui m’a surprise ce sont les critiques dithyrambiques sur ce bouquin.
En effet, après l’avoir lu, je suis allée me documenter sur les avis des journalistes littéraires et partout ce ne sont qu’éloges et applaudissements.                                       Suis je la seule à ne pas avoir aimé ?...."

( passage souligné par moi)

dimanche 22 novembre 2015

THE DROP de M.R.ROSKAM


FILM  POLICIER

Dennis Lehane,auteur de nombreux polars dont l'inoubliable  "Mystic River" a participé au scénario inspiré de son livre.

L'action se déroule dans un bar à l'ambiance glauque,mafieuse.Bob (Tom Hardy) est le barman,cousin du patron,un quinquagénaire blasé, impliqué dans des coups louches.
Le bar est braqué.Bob découvre un jeune chien blessé dans une poubelle et il rencontre une jeune femme (Noomi Rapace,révélée dans le Millenium de D. Fincher).
Celle-ci l'aide à soigner le chien et une complicité s'installe entre eux....ensuite...
Eh bien ensuite,ça se corse avec l'irruption de commanditaires mafieux,d'un ex de la jeune femme....avec l'enquête aussi menée par un flic qui a tout pigé,mais n'a pas de preuves....
Voilà ... suite à l'écran,comme on dit.

Le personnage principal donne le ton au film.Il est tranquille,ses gestes sont précis,lents,mesurés.
Ses paroles aussi,jamais un mot plus haut que l'autre.
Face aux révélations,aux événements qui se précipitent,il reste imperturbable
Un grand calme donc,mais faut pas qu'on l'énerve ... ce qui risque d'arriver!!!
Cette énergie douce,cette personnalité sans aspérités,sans excès... ni colère,ni emballement... fait l'intérêt du film auquel on a reproché ce défaut.

Je cite la critique de la Libre Belgique du 24/9/2014:
"....Roskam démontre qu'il connaît ses gammes,mais à force d'être appliquée,sa mise en scène débouche sur un film sans aspérité,un peu timoré.Comme si,à l'image d'un des personnages,le réalisateur cachait son jeu."

Je ne partage pas cet avis.Il faut vraiment se laisser prendre par cette lenteur,ce calme,cette distanciation aussi dont fait preuve  le héros,même si elle est assez inhabituelle,inattendue dans ce genre de polar. 




 

CONGO INC. "Le testament de Bismarck" de IN KOLI JEAN BOFANE

LIVRE

L'écrivain né au Congo nous a livré ( en 2014 ) un livre étonnant.
C'est l'histoire d'un jeune pygmée,très au fait des nouvelles technologies et jeux vidéos qui décide de rejoindre la capitale,Kinshasa pour se réaliser,vivre sa vie de "mondialiste" comme il dit.                                                                                                                                                            Bofane est un grand, ...un tout grand conteur.... On est happé par cette histoire invraisemblable,tour à tour drôle,truculente et cruelle,car c'est aussi une gifle que ce roman.

Notre jeune mondialiste en herbe va en effet se retrouver parmi les enfants des rues,"les shégués",les laissés pour compte du Congo.Kinshasa en compte +/- 23.000 de ces orphelins qui ont perdu leurs parents dans les multiples guerres.
Il va offrir ses services à un ancien seigneur de guerre,peu recommandable,véreux,qui a bien compris que le sous-sol des forêts regorge de minerais en tous genres....Ce serait donc aussi bien de raser les arbres.Le cynisme et le machisme dans un seul homme.
D'autres enfants des rues constituent un bel échantillon de personnages divers et variés:une toute jeune fille qui a sauvé ses 2 frères et se prostitue,un ami chinois et bien d'autres...

Ce récit parvient tour à tour à nous faire sourire et à nous faire froid dans le dos.
Une scène d'un réalisme et d'une violence inouïe.Des questions graves posées en filigrane.
Sur la corruption,la colonisation, sur la richesse minière de ce pays que les grandes puissances convoitent avec tant d'âpreté depuis 1885,depuis Bismarck... 

Pour mieux comprendre le propos de l'écrivain,voici le lien de son intervention à l'émission de France 5 "La Grande Librairie en janvier 2015.

https://www.youtube.com/watch?v=AWxUsnDOibM

Un extrait aussi de la fin du livre:

"L’algorithme Congo Inc*. avait été imaginé au moment de dépecer l’Afrique, entre novembre 1884 et février 1885 à Berlin. Sous le métayage de Léopold II, on l’avait rapidement développé afin de fournir au monde entier le caoutchouc de l’Équateur, sans quoi l’ère industrielle n’aurait pas pris son essor comme il le fallait à ce moment-là. .…. L’engagement de Congo Inc. dans le second conflit mondial fut décisif. .…. le concept mit à la disposition des États-Unis d’Amérique l’uranium de Shinkolobwe qui vitrifia une fois pour toutes Hiroshima et Nagasaki .….. Il contribua généreusement à la dévastation du Vietnam en permettant aux hélicoptères Bell H1-Huey, les flancs béants, de cracher du haut des airs des millions de gerbes du cuivre de Likasi et Kolwezi à travers les villes et les campagnes ..…Congo Inc. fut plus récemment désigné comme le pourvoyeur attitré de la mondialisation, chargé de livrer les minerais stratégiques pour la conquête de l’espace, la fabrication d’armements sophistiqués, l’industrie pétrolière, la production de matériel de télécommunication high-tech."p271,272.

Inc. = Incorporated. 

jeudi 19 novembre 2015

CAMILLE,MON ENVOLÉE de Sophie DAULL

LIVRE

Tant de pudeur,de délicatesse,de simplicité et d'humanité aussi pour décrire,exprimer,partager la douleur d'une mère qui voit "partir" sa fille de 16 ans en quelques jours.
Un défi que l'écrivain,maman de Camille relève.
Pas de vains apitoiements,épanchements.Juste des faits,des gestes à accomplir,des pensées...
Et pourtant ça arrache le coeur,on est bouleversé,retourné,profondément en phase avec elle.

D'un drame personnel, Sophie Daull a su faire une oeuvre universelle,accessible à chacun.

Un extrait pour illustrer la qualité du style :

"On est remontés dans la voiture depuis Saint-Valéry.... C'est papa qui conduit pendant que je passe des coups de fil,des textos.Compulsivement,maladivement,j'annonce,j'informe...Camille est morte lundi.Camille est morte lundi.Camille est morte lundi.On est tout au fond d'un puits,mais des visages à la surface se penchent vers notre gouffre,crient,lancent des cordes,des échelles,des lianes de survie.
On les saisit,on se brûle les paumes,on se griffe les ongles à la douleur des autres,on s'emplit les poumons de leur chagrin pour que l'air soit respirable.On roule sans autre paysage que notre cataclysme du dedans..." p147.

et aussi: "Je ne veux pas être consolée" p54.
           

lundi 16 novembre 2015

007 SPECTRE de Sam Mendes

FILM

Le dernier James Bond tient-il toutes ses promesses?
Les avis sont contrastés.

En tout cas,la scène d'ouverture à Mexico,le jour de la fête des morts est époustouflante.
Hélicoptère tournoyant,virevoltant à souhait avec lutte corps à corps entre Bond et son ennemi,un pur régal.C'est efficace,trépidant,filmé à une vitesse vv prime,tout comme la course poursuite dans Rome aussi réussie que celle sur les toits de Sienne ( "Quantum of Solace").

J'ai plus de réserves quant au propos du film et au jeu des acteurs.

La mission de James Bond, mission non légitimée par son QG,consiste à infiltrer une puissante organisation internationale nuisible, Spectre pour en découvrir le chef,le méchant "Christophe Waltz".Sa quête l'amènera en Autriche,puis à Tanger aux côtés de la belle Léa Seydoux.Occasion d'en mettre plein la vue aux spectateurs avec des vues sublimes de la neige,puis du Sahara.
Comme cette mission est pâlotte,peu consistante par rapport aux missions précédentes.
Elle manque de ressort,de punch, de rebondissements surtout ...exception faite de la petite séance de piqûres intracrânienne que subit notre pauvre 007.

Autre point faible: les personnages principaux.
Christophe Waltz ,sur employé dans des rôles de méchant,est devenu la caricature de lui-même et peu crédible,il est limite ennuyeux,sans parler de Monica Bellucci dont la courte apparition est totalement convenue.Daniel Craig lui endosse une fois encore le costume de 007 avec ce mélange de froideur et de donjuanisme vintage,dont le charme n'opère plus beaucoup.En fait, ce sont les deuxièmes rôles qui sauvent la mise:Q, le génie informaticien à l'humour sec et au look improbable et Moneypenny,l'assistante noire,naturellle,à l'aise dans son rôle.

Bref,il y avait de l'action,de magnifiques images,de belles bagnoles vrombissantes qui assuraient un peu le service par défaut.