lundi 27 novembre 2023

Un simple dîner de Cécile Tlili


 

LIVRE

Ce roman paru cet été a été sélectionné pour le Prix du Premier Roman 2023 et c'est mérité.Le style léger convient très bien pour nous faire vivre cette soirée que deux couples vont passer ensemble.On commence dans la cuisine avec l'hôtesse,Claudia qui prépare un curry de poulet en ce soir étouffant d'août.L'envie n'y est pas,ça sent la corvée pour celle qui doit régaler le couple amis que son mari veut honorer.Timide jusqu'à l'inhibition,elle se sent maladroite et très mal à l'aise.L'arrivée en retard de l'invitée ne va rien arranger...le dîner se déroule dans une ambiance chaotique.Chacun avance masqué,gardant ses petits secrets qui nous sont révélés à travers des monologues croisés.Les conversations sonnent faux,le balcon devient vite pour l'un ou l'autre un refuge,soit pour fumer,pour envoyer furtivement un texto.Le lecteur suit de près le flux de pensées,d'espoirs,de cachoteries de chacun.Et bien sûr,la soirée avance avec son lot de surprises,de menus coups de théâtre qui vont changer la donne.Il ne faut pas les révéler,la lecture s'en chargera.

Et donc une grande maîtrise dans l'écriture et la narration de ce dîner qui va modifier le destin de chacun des participants.Autant le dire,les hommes en prennent pour leur grade!,mais sans lourdeur ni insistance...c'est tout en finesse.Un premier roman très réussi:BRAVO.

 

 

mardi 14 novembre 2023

REVOIR PARIS de Alice Winocour


 FILM

 

Très touchée par ce film vu cet été qui respire l'humanité tout en évitant l'écueil du pathos, du mélo.
C’était un vrai défi de traiter ce sujet sensible des attentats de Paris...et de "l'après".
La vie a basculé pour les victimes qui se noient et errent déboussolées.
Pour Mia, l'une d'elles commence la quête du moindre souvenir, du détail qui fait sens, des êtres qui étaient à proximité...
Quête ardue, souvent frustrante,mais nécessaire pour s'en sortir et réinvestir sa vie.
C'est VIRGINIE EFIRA qui est Mia, l'héroïne de cette renaissance.
Interprétation tout en pudeur et retenue.
Jamais le visage ne surexprime, ni le regard qui se pose en douceur sur les autres.
Difficile de ne pas surinterpréter dans un rôle dramatique.
L'actrice y parvient totalement.
Un grand BRAVO 👌👏

L'AMOUR de François Bégaudeau


 LIVRE 

Je suis restée très extérieure,à distance de ce récit qui ne m'a jamais touchée,excepté peut-être la dernière page:magnifique.C'est la vie d'un couple ordinaire qui tient la longueur sur une quarantaine d'années,elle nous est racontée à travers des petits faits quotidiens,révélant les habitudes,les goûts de chacun,tout cela en référence à des repères temporels qui permettent au lecteur de situer l'époque et la progression chronologique.Pas de moments-phares donc,tels le premier baiser,le mariage,le premier enfant ...on les devine en contre-point,un peu hors-champ.

Si ce choix narratif est intéressant,il donne une impression de préfabriqué,de savamment construit et cela au détriment d'une quelconque émotion.C'est plein de clichés et cette temporalité externe finit par ressembler à une analyse sociologique plutôt qu'à une histoire d'amour,fût-elle simple,banale.Ce n'est pas parce qu'on raconte un amour banal et non un amour passionné qu'on doit tomber dans le simplisme.

Je rejoins l'avis de Nelly Kaprièlian du "Masque et la Plume",la seule du groupe qui n'a pas apprécié ce livre.Voici un lien des 4 interventions et à la fin celle de N.Kaprièlan.

 https://www.radiofrance.fr/franceinter/critique-l-amour-francois-begaudeau-signe-l-un-des-chefs-d-oeuvre-de-la-rentree-2635642?fbclid=IwAR2eIh0cY63za0wLnt1SZauCNaZy-sg_3vrsxguJ4C6m6PXSugZjG2APe3o

 

vendredi 10 novembre 2023

L'ÉCHIQUIER de Jean-Philippe Toussaint


 LIVRE

"Vrai Coup de Cœur🌹❤ pour ce livre écrit pendant le confinement qui fut pour l'écrivain un moment de bonheur,un moment d'écriture privilégié. Si le fil rouge du livre est son amour des échecs avec ces parties jouées contre son père qui "aimait plus la victoire aux échecs que le jeu lui-même", cette période de calme, de retrait est l'occasion de laisser remonter les souvenirs d'enfance,les amitiés en humanités et à l'université. Certaines pages sont proustiennes ( le chapitre 54).Pour décrire le projet de son livre,il utilise la belle métaphore de la descente aux abysses, aux profondeurs de soi qu'est l'écriture. Il analyse aussi l'acte d'écrire, cette recherche si exigeante du terme précis...il résout une difficulté de traduction, en trouvant LA phrase idéale,p137. C'est un récit personnel, chaleureux, plein d'anecdotes que l'on découvre en lien à notre propre histoire, ancienne ( les années 70/80) et récente ( les péripéties du Covid en 2020 😱🤔)


KILLERS OF THE FLOWER MOON de Martin Scorsese

FILM 

La découverte du pétrole a toujours attisé la convoitise.Les terres des Indiens Osage en sont un exemple terrifiant. Scorsese a pris ce sujet à cœur et à partir de faits réels : les meurtres des Indiens début 20ème, il nous propose une fresque épique de 3h25 minutes.Le temps long d'un récit qui mêle actions,scènes intimistes et portraits de personnages. Le tandem De Niro/ Di Caprio est au cœur de ce drame shakespearien. L'oncle cynique, odieux,tout en suavité manipule son neveu Ernest, un être faible et malléable pour accomplir ses œuvres crapuleuses:s'assurer que la fortune des Indiennes,celle du pétrole tombera bien dans l'escarcelle des maris et enfants. Tout en filmant les actes meurtriers, le cinéaste s'intéresse aux coutumes des Indiens.Des photos en noir et blanc, des scènes montrant les rites liés aux naissances et au deuil émaillent le récit, nous rendant ce peuple attachant. Il y a un souffle dans ce film, apporté notamment par la présence douce,silencieuse, bienveillante de l'épouse d'Ernest,Lily Gladstone. Force tranquille,elle est la lumière de ce film crépusculaire, note de bonté dans ce monde ténébreux de la cupidité et de la violence.

Voici une photo trouvée sur Wikipedia qui concerne les protagonistes des meurtres:L'oncle,W.K.Hale...Le neveu,Ernest Burkhart et la victime; son épouse indienne:Mollie.