dimanche 23 décembre 2018

BOURBON KID auteur anonyme

LIVRE

C'est le Tome 7 des aventures de cette bande de tueurs,les Dead Hunters qui vont devoir s'affronter à Caïn,esprit maléfique qui agit sur terre depuis des millénaires,bien déterminé à éliminer le Bourbon Kid,chef des Dead Hunters.
Et pour ce faire,Caïn a un don,celui de rentrer dans le corps des autres (notamment celui de César,d'Hérode...) et de les posséder.Ce personnage à lui seul constitue un redoutable ressort narratif,car il est toujours là où on ne l'attend pas et ça dynamise les situations. 
Si vous n'avez jamais lu un tome de cette saga (J'avais juste lu Le Livre sans Nom,le premier paru en 2006),il est temps de faire connaissance avec ces personnages baroques,farfelus,si improbables...car on rencontre aussi des goules,des vampires...
Tout semble possible dans ce monde qui mélange allègrement les genres:le récit d'aventures,le conte de fées,le polar...mais aussi les émotions:des pointes de sentimentalisme alliées à de la violence à la Tarentino,cad que du sang gicle,une tête tombe...
C'est burlesque,rocambolesque,déjanté,ça part dans tous les sens tout en assumant un certain fil narratif.Le style est souvent cru,toujours efficace.
Bref,une expérience littéraire à tenter,car cette oeuvre ,c'est un vrai ovni dans le champ de la littérature. 

UNE AFFAIRE DE FAMILLE de Kore-eda

FILM
 
Très déçue par cette Palme d'or 2018 😞😞😞
D'autres films dont COLD WAR la méritaient amplement 👌
Je me suis vraiment ennuyée,ça n'avançait pas...
Trop répétitif,poussif, inintéressant...les mêmes scènes de repas ( nouilles qui dégoulinent de la bouche😞), scènes de bain, d'achats "volés",de parties de pêche se répètent à l'envi Tout ça pour nous sensibiliser à cette famille hors norme...
Malheureusement, l'émotion n'était pas au rendez-vous,je suis restée fort perplexe,peu convaincue par ce film socialisant plus que social,larmoyant plus qu'émouvant😮😮😮

jeudi 13 décembre 2018

INTÉRIEUR JOUR de Marc DUGAIN

LIVRE

La réalisation du film "L'échange des princesses",c'est 2 ans de la vie de cet écrivain si attachant.
C'est surtout un grand moment de bonheur et d'accomplissement sur lequel il revient à travers ce livre-journal,sorte de making-off littéraire.
On découvre les coulisses du film:les impératifs du tournage,le choix des lieux,les contre-temps,les couacs de dernière minute (une jeune actrice se désiste),l'indispensable préparation des acteurs...surtout qu'ici ,beaucoup d'enfants jouent,ils interprètent les personnages du jeune roi Louis XV et des princesses "échangées".
(Son propre fils joue Louis XV enfant et il n'est pas l'acteur le plus facile à diriger!!!)
L'Histoire de France est aussi convoquée,en particulier la dynastie des Bourbons:Louis XIV,la Régence,Louis XV...Le réalisateur se sent proche de cet enfant roi,si fragile,si peu destiné à régner,dépositaire de la couronne à 5 ans.Tous ceux qui autour de lui pouvaient prétendre au trône sont décédés.
Il n'hésite pas à établir des parallèles entre la grande Histoire et son histoire personnelle,entre les personnages historiques et les siens:son père,son grand-père,gueule cassée de la guerre 14-18,sa grand-mère juive...des êtres fracassés,marqués par le malheur qui le touchent tellement,car Marc Dugain est profondément humain,sensible à la fragilité des êtres,celle des enfants en particulier.
Il nous le dit page 88:
"C'est de là que vient cet intérêt proche de l'obsession que j'ai pour les individus subitement plongés dans les affres de la grande histoire qui ne fait pas plus de cas d'eux qu'une vague géante qui les roulerait avant de les rejeter désarticulés sur une plage.
Il en va de même pour ces enfants que j'ai filmés.
Ils sont à la fois la grande histoire et les victimes innocentes de celle-ci car au XVIIIè siècle les enfants,tout autant que les femmes,sont bafoués quand ils survivent aux multiples épidémies qui les emportent.
Il faudra une longue évolution pour que l'enfant soit tout simplement aimé." 

Ses goûts cinématographiques,ses choix littéraires aussi sont évoqués.
Barry Lindon l'a inspiré par sa splendeur esthétique.Il aime le Melancholia de Lars Von Trier...Il a consacré deux de ses romans et films à des figures politiques incontournables:Staline et J.Edgar Hoover,directeur de la CIA pendant 40 ans.
Selon lui,deux grands pervers narcissiques!!,p101 à 103.

Ce livre est donc extrêmement touchant,car l'auteur s'y dévoile autant qu'il nous instruit.
Sa réussite tient à ce va et vient entre vie personnelle,souvenirs et réflexions diverses sur des sujets qui lui tiennent à coeur,tout cela dans un style simple,accessible,surtout très naturel.

Voici 2 photos qui illustrent le soin,l'esthétique du film:

                                 






 Voici le lien de ma critique du film rédigée en Janvier 2018:
 https://parlonscinebouquins.blogspot.com/2018/01/lechange-des-princesses-de-marc-dugain.html

samedi 8 décembre 2018

L'ALLÉE DU SYCOMORE de John GRISHAM

LIVRE

Un bon gros policier (+/- 700 pages) à lire au coin du feu!!!... C'est parfait.
John Grisham est connu pour ses romans juridiques.C'est encore le cas.
Le contexte est celui d'un héritage contesté.Contesté,car les héritiers légitimes se voient déshérités par un testament manuscrit de dernière minute au profit d'une jeune femme de ménage.Ce testament annulant de fait celui qui fut homologué précédemment auprès d'un notaire.  
Donc un problème de succession assez banal...,sauf que ça se passe au Mississipi dans les années 80 et que les héritiers sont blancs et la jeune femme qui a soigné et accompagné le défunt atteint d'un cancer est noire.
Une coquette somme,genre 24 millions est à la clé de ce différend juridique qui va devoir se régler devant un jury composé de blancs...et de quelques noirs...
Ambiance!!!...tension,passes d'armes,pièges d'avocats se succèdent.
C'est passionnant et l'intérêt du lecteur est bien entendu soutenu par LA question:
Pourquoi cet homme,Seth Hubbard qui a amassé une vraie fortune l'a-t-il exclusivement réservée à la seule Lettie?
Comment le jury va-t-il trancher?Qui va gagner ce procès? 
On le découvre bien sûr au terme d'une histoire rondement menée. 

vendredi 7 décembre 2018

Faire effraction dans le réel EMMANUEL CARRÈRE

LIVRE
Sûrement un grand honneur d'être le sujet "vivant" de cet hommage collectif.
L'ouvrage de presque 600 pages réunit une grande variété d'articles consacrés à Emmanuel Carrère.
Les contributeurs sont aussi bien des proches que des romanciers,des cinéastes comme Olivier Assayas.Ils témoignent,analysent,interrogent l'oeuvre de l'écrivain.
(Certains articles sont de lui ou des interviews...)
L'intention, c'est de décrypter cette oeuvre originale et surtout l'itinéraire de Carrère.
Journaliste au début,il est devenu écrivain et cinéaste ("Retour à Kotelnitch",2003, documentaire sur une petite ville russe)
Autre évolution:les romans du début sont devenus des récits ancrés dans le "RÉEL",dans des faits divers.Le plus connu étant celui de J.C.Romand,cet homme qui après avoir menti aux siens pendant 20 ans,a assassiné sa famille et ses parents..."L'adversaire" est le titre de ce récit-témoignage écrit à la 1ère personne.
C'est l'humain qui intéresse Carrère,le vertigineux et parfois monstrueux humain.
Tellement russe,tellement dostoievskien,cette fascination pour le Mal,la noirceur,"le côté obscur de la force"...
Dans "Le Royaume",p431,Carrère évoque ces années passées à écrire L'adversaire:
"Même les plus assurés d'entre nous,je pense,éprouvent avec angoisse le décalage entre l'image qu'ils s'efforcent tant bien que mal  de donner à autrui et celle qu'ils ont d'eux-mêmes dans l'insomnie,la dépression, quand tout vacille et qu'ils se tiennent la tête entre les mains,assis sur la cuvette des chiottes.
Il y a à l'intérieur de chacun de nous une fenêtre qui donne sur l'enfer,
nous faisons ce que nous pouvons pour ne pas nous en approcher,et moi j'ai de mon propre chef passé sept ans de ma vie devant cette fenêtre médusé."

Voici les principaux titres des livres d'Emmanuel Carrère..extrait de Wikipedia:
 

 Romans:
  • L'Amie du jaguar, Flammarion, 1983
  • Bravoure, POL, 1984
  • La Moustache, POL, 1986
  • Hors d'atteinte ?, POL, 1988
  • La classe de neige, POL, 1995 Prix Femina 1995

Récits:

  • L'adversaire, POL, 2000
  • Un roman russe, POL, 2007
  • D'autres vies que la mienne, POL, 2009
  • Limonov, POL, 2011  
  • Le royaume, POL, 2014

dimanche 25 novembre 2018

LA SEULE HISTOIRE de Julian Barnes

LIVRE

Le romancier britannique n'est pas un inconnu en littérature francophone.
Cette fois,il publie un roman d'initiation,genre éducation sentimentale à l'anglaise,car cette "seule histoire" est évidemment le récit d'un premier amour qui marque chacun(e) de sa trace indélébile.

Ici,c'est Paul,jeune homme de 19 ans qui s'emballe d'une femme bien plus âgée que lui,Susan.Ils se rencontrent à l'occasion d'un tournoi de tennis et nouent peu à peu des liens de plus en plus intimes.On est dans les années 60 et l'action se situe dans la banlieue londonienne.
Cette histoire d'amour est racontée dans un style séduisant et pourtant simple,sans apprêts...Beaucoup de délicatesse dans l'approche de ces deux êtres,une fine analyse psychologique.
Il ne faut pas être pressé quand on lit ce roman.Il y a une certaine lenteur et les cent premières pages me sont apparues comme un long prélude... et puis,ça décolle.
La construction narrative est aussi très habile et significative,s'accordant parfaitement aux périodes de cette histoire d'amour.
La première partie est racontée en JE,on passe ensuite au VOUS,ce qui implique davantage le lecteur dans le déroulement des événements et la troisième partie adopte la forme plus distanciée du IL.Intéressant pour accompagner une sorte de bilan,une vision d'après-coup.

Voici une citation qui résume la pensée du narrateur: 

"Un premier amour détermine une vie pour toujours : c'est ce que j'ai découvert au fil des ans.
Il n'occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures, mais elles seront toujours affectées par son existence. Il peut servir de modèle, ou de contre-exemple. Il peut éclipser les amours ultérieures ; d'un autre côté il peut les rendre plus faciles, meilleures. Mais parfois aussi, un premier amour cautérise le cœur, et tout ce qu'on pourra trouver ensuite, c'est une large cicatrice"p94. 

Il y a aussi 2 pages d'anthologie à propos de ce que l'auteur nomme "les catégories de sexe" où il place ce qu'il nomme "le sexe triste" tout en bas de l'échelle.
Il le différencie du bon sexe,du mauvais sexe,du sexe solitaire et de "pas de sexe du tout",pages158 à 160,pages incroyables!!!

jeudi 22 novembre 2018

Bohemian Rhapsody de Bryan Singer

FILM

Les génies sont souvent des êtres tourmentés, torturés, décalés,instables...mais dotés d'une puissance créatrice fulgurante.
Ils font éclater les codes et ouvrent une nouvelle ère.
Pensons à Rimbaud, Mozart,Michel-Ange.
Freddie Mercury en est un.Assurément.

Le biopic retrace le destin de ce chat égaré,mal à l'aise dans sa bisexualité, prêt à tous les excès...et d'une sensibilité exacerbée.
Film bien construit qui alterne les moments de création des chansons,la vie du groupe Queen et l'itinéraire personnel...avec en point d'orgue,le mythique concert "Live Aid" en 1985.
Casting parfait.Tous les acteurs sont performants et crédibles👏👏👏


https://www.facebook.com/BohemianRhapsodyMovie/


                                                         

                                     L'acteur Rami Malek assure un max.

Sa présence en scène est vraiment bluffante:quelle débauche d'énergie,quelle gestuelle.
Vraiment rien à envier à Michael Jackson!!!  

Avec le recul...,le film consacré à Freddie Mercury me semble le constat d'une grande solitude:enfant de réfugiés pakistanais,il était désapprouvé par un père qui attendait de lui d'autres performances.Souvent séparé de sa fiancée,Mary pendant les tournées du groupe,il souffre de cette absence et quand il réalise sa bisexualité,il s'entoure souvent de personnes incongrues,peu capables de combler ses manques affectifs.
Son excentricité,ses tenues extravagantes,ses soirées orgiaques masquaient un tempérament d'une extrême sensibilité.
Finalement,c'est le destin d'un être solitaire qui apprendra à s'aimer une fois que sa relation à son ami,Jim Hutton le stabilisera.

lundi 19 novembre 2018

FAMILLE PARFAITE de Lisa Gardner

LIVRE

Lisa Gardner a déjà publié une grande quantité de polars,avec plus ou moins de bonheur.
"La maison d'à côté",2009 était une réussite du genre.
Cette fois encore,l'auteure parvient à nous tenir en haleine avec un sujet assez banal:le kidnapping d'une famille.Sauf que c'est Lisa Gardner qui le traite,mêlant habilement l'enquête policière,les impressions de la mère récemment trompée par son mari,propriétaire d'une société prospère,la description des ravisseurs etc...
On navigue entre huis-clos familial,interrogatoires des proches et rivalité policière.
Qui est le commanditaire? Comment payer la rançon?Où est séquestrée la famille composée de ce couple et de leur fille ado?
Ce sont ces questions auxquelles policiers du FBI ou du Comté du New Hampshire doivent répondre au plus vite,bien sûr...Une vidéo et son ultimatum temporel a été rapidement postée.
Jusqu'au bout,on se demande QUI  est à l'origine de l'enlèvement et veut se faire un max de tunes...On a bien sûr sa petite idée au fil des interrogatoires des proches...et on se félicite d'avoir eu la bonne intuition.

lundi 12 novembre 2018

LE GRAND BAIN de Gilles Lellouche

L’image contient peut-être : une personne ou plus et personnes debout


FILM

Le film nous propose une belle brochette d'acteurs,bien dirigés, totalement crédibles.
On sourit plus qu'on ne rit,car ces hommes,genre paumés,bras cassés sont surtout touchants,touchants de maladresse,de rêves dérisoires.
Leur Amérique à eux,c'est de se retrouver pour ce cours de natation synchronisée,de s'encourager, de s'écouter...de peut-être réaliser une performance...
Donc une comédie réjouissante, fraternelle,...un chouïa trop longue, à mon goût.
Et aussi...,pourquoi avoir poussé le personnage du coach, interprété par Leïla Bekhti jusqu'à l'hystérie?...elle crie,elle hurle sur les apprentis nageurs... Inutile outrance😞
 

FRÈRE D'ÂME de David Diop

                                 


 LIVRE 

Pas facile de parler d'un roman qu'on n'a pas trop aimé,alors que de nombreux lecteurs et critiquent littéraires l'encensent.Je m'y risque.
Le propos:deux soldats,des tirailleurs sénégalais sont engagés dans les combats de la Grande Guerre.L'un des deux est tué laissant l'autre,l'ami d'enfance démuni,hagard,sombrant dans la folie.
La première partie suit cette dérive existentielle et les gestes insensés qui l'accompagnent.
Retiré du front,évacué vers l'Arrière,le paysan d'Afrique se remémore son enfance solaire où les deux amis vivaient dans l'insouciance.
Histoire simple,très simple,d'une grande pauvreté narrative.
L'écriture que beaucoup qualifient de lumineuse,épurée,poétique,je l'ai surtout trouvée répétitive,lassante,parfois incongrue...
Bref,je n'ai pas du tout vibré pour ce roman qui m'a plongée dans l'ennui et la perplexité.
  

samedi 10 novembre 2018

Tu t'appelais MARIA SCHNEIDER de Vanessa Schneider

LIVRE

Raconter la vie tourmentée,gâchée,tragique de sa cousine,tel est le propos de Vanessa Schneider et c'est une réussite.
Le point de vue de l'auteure est ce regard d'une enfant de 6/8 ans qui voit souvent débarquer chez ses parents sa cousine plus âgée,telle une âme en peine.
Elle s'adresse à elle en utilisant le tu,ce qui rend le témoignage si vivant,si intime.
Elle exprime tout ce mélange de sentiments éprouvés à l'égard de la cousine célèbre et si démunie:admiration,fascination,compassion,parfois frayeur enfantine devant les excès de celle qui a trouvé refuge dans la drogue.
Le ton est juste,il évite le piège du voyeurisme ou de l'apologie.Témoin privilégié de ce destin tragique,l'auteure raconte les faits,les instants marquants,tout en s'impliquant personnellement dans le récit qu'elle vit comme une dette dont on s'acquitte.
Les deux cousines avaient fait le projet de rédiger ensemble la biographie de Maria.
Son décès en 2011 a empêché sa réalisation.Vanessa s'est donc emparé du sujet et l'a traité en solo.
Voici la 4ème de couverture:
  « Tu étais libre et sauvage. D’une beauté à couper le souffle. Tu n’étais plus une enfant, pas encore une adulte quand tu enflammas la pellicule du "Dernier Tango à Paris", un huis clos de sexe et de violence avec Marlon Brando. 
Tu étais ma cousine. J’étais une petite fille et tu étais célèbre. Tu avais eu plusieurs vies déjà et de premières fêlures. Tu avais quitté ta mère à quinze ans pour venir vivre chez mes parents. Ce Tango marquait le début d’une grande carrière, voulais-tu croire. Il fut le linceul de tes rêves. 
Tu n’étais préparée à rien, ni à la gloire, ni au scandale. Tu as continué à tourner, mais la douleur s’est installée. Cette histoire, nous nous étions dit que nous l’écririons ensemble. Tu es partie et je m’y suis attelée seule, avec mes souvenirs, mes songes et les traces que tu as laissées derrière toi..."

Le style est au service de ce projet aussi délicat qu'ambitieux:des phrases courtes,percutantes.Inutile de s'appesantir,d'en remettre des couches.Dire l'essentiel et le dire finement.C'est total réussi.

                                                

                                                  Maria Schneider

lundi 5 novembre 2018

COLD WAR de Pawel Pawlikowski

FILM

Attention CHEF-D'OEUVRE****
Ma-gni-fi-que

Ce film réunit tant de qualités:qualité des acteurs,qualité de la photographie,qualité du montage,qualité de la narration, de la musique,des chants...
Et bien sûr,cette mise en scène,prix remporté au dernier festival de Cannes.
Le film méritait évidemment la Palme d'Or. 
Les 6 minutes de standing ovation suite à sa présentation à Cannes témoignent de l'enthousiasme du public qui lui ne s'y est pas trompé!!!

Cette histoire d'amour vécue dans le contexte "glaçant" de la guerre froide dans les années 50/60 est juste éblouissante.Les acteurs,Joanna Kulig et Tomasz Kot servent le film avec sincérité et talent.L'actrice s'est intensément préparée pour endosser son rôle de danseuse/chanteuse.Le résultat est bluffant.
Le réalisateur polonais a beaucoup hésité avant d'opter pour le Noir et Blanc.
Excellent choix qui semble évident quand on regarde le film et que,dès le début,on oublie cette caractéristique.
Un dernier mot sur cette mise en scène si intelligente.Elle fait preuve d'un remarquable esprit de synthèse:chaque séquence nous livre l'essentiel,sans s'attarder,ni développer inutilement...Le spectateur a compris.Fondu au noir,on passe à l'épisode suivant.

Allez voir ce film.N'hésitez pas.Il ravit le coeur et les yeux.

                                               

 

 

mercredi 31 octobre 2018

THE SISTERS BROTHERS de Jacques Audiard


FILM  

  

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JOHN C. REILLY

J

Voilà un western fort éloigné du western traditionnel, même s'il en a tous les codes: chevauchée fantastique dans des paysages à couper le souffle,tueurs à gages,saloons où règnent alcool et coups de gâchette, ruée vers l'or...
On le sait,ce qui intéresse Audiard, c'est L'HUMAIN..., l'humain sous toutes ses formes :liens puissants entre deux frères,mais aussi entre deux amis...
Ce film est l'occasion,le prétexte ?.. une nouvelle fois, d'interroger l'âme humaine,sa capacité à se transcender, à vaincre le fatalisme, à se racheter,devenir meilleur, différent...
Après DEEPHAN,palme d'or 2015 Audiard reprend ses thématiques de la fraternité,de la rédemption,de l'apaisement familial.
Un mot quand même du casting : les 4 acteurs sont dirigés avec
maestria,ils jouent juste et servent parfaitement ce film si particulier. 

Joaquin Phoenix,Jake Gyllenhaal,Riz Ahmed....et surtout JOHN C.REILLY,acteur que chacun reconnaît aisément,car il a joué pour les plus grands:Scorsese,Paul Anderson...Des films comme Magnolia,La Ligne Rouge,Gangs of NewYork...C'est lui qui a suggéré à Jacques Audiard d'adapter le livre éponyme au cinéma.Il est la figure centrale du film.Il est le frère protecteur,le confident,l'amoureux timide...Il est tout ça et plus encore.BRAVO à cet immense acteur


.
 

lundi 29 octobre 2018

Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain

LIVRE

Roman passionnant,notamment pour ceux qui étaient ados ou jeunes adultes dans les années 50/60.
Marc Dugain analyse méticuleusement,avec multe détails le contexte des 2 assassinats,celui de JFK en novembre 1963 et cinq ans plus tard,celui de son frère Bobby,alors candidat aux primaires du parti démocrate.
C'est l'enquête sur les enquêtes.
Beaucoup de mensonges,d'omissions,de manipulations,de témoins menacés,voire assassinés lors des deux enquêtes qui accréditent,dans les deux cas, la thèse du tueur isolé:Lee Oswald en 63 ou Sirhan en 68.
On a soigneusement éliminé des vidéos,photos,interrogatoires qui révélaient d'autres acteurs,d'autres personnes présentes à proximité.Même furtivement croisées,elles étaient proches des scènes de crime,mais leurs témoignages concordants se sont comme évanouis dans la nature.
L'analyse balistique (l'angle de tir,l'impact et le nombre de balles...) n'a pas non plus été approfondie,car elle révélait la présence d'un second tueur.
En effet,le pistolet de Sirhan ne contenait que 8 balles et 10 impacts ont été découverts,p343. 

Parallèlement à cette enquête,le narrateur s'interroge sur sa propre histoire,celle de ses parents,sur la disparition à 1 an d'intervalle de son père,psychiatre renommé et de sa mère...
Morts suspectes:suicide? assassinat?improbable lien avec la tragédie des Kennedy?

Voici un extrait,p234:
"Ma petite histoire entrait dans la grande.Le fait était déjà assez extraordinaire pour être souligné.Mais il se trouvait en plus que cette grande histoire était le sujet de mes études....Les deux enquêtes se rejoignaient irrésistiblement pour ne former qu'une seule toile où les recherches s'imbriquaient..." 

Ce qui est aussi très réussi dans le roman,c'est l'analyse psychologique très fine de Bobby,le petit frère...Il apparaît comme un être fragile,réservé,peu charismatique,souffrant de dépression chronique qui devint fervent admirateur de Camus.Il puisait une certaine force dans cette pensée de l'absurde,de l'homme révolté et actif.
Il est la figure centrale du roman.
On croise nombre de personnages qui appartiennent à la Grande Histoire,notamment ce Edgar Hoover***,directeur du FBI pendant 50 ans,personnage influent,aux relations souvent conflictuelles avec les Kennedy.
Il n'hésitait pas à mettre sur écoute un grand nombre de personnalités,comme Marilyn Monroe,Martin Luther King...Celles-ci apparaissent aussi dans le roman,de même que Johnson du parti républicain,opposant à Robert Kennedy. 

*** On peut recommander le docu-fiction de Marc Dugain consacré à cette étrange personnalité:
"La malédiction d'Edgar",2013.

dimanche 21 octobre 2018

Une douce lueur de malveillance (en anglais "ill will") de DAN CHAON

LIVRE

"Nous n'arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes.
Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires.
Les événements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une." 
Épigraphe du roman.

Le roman mélange le thriller et le drame psychologique.
Le personnage central,Dustin,thérapeute de profession!!!... vit dans le déni et l'illusion.
30 ans auparavant,ses parents,un oncle et une tante ont été assassinés et quand il convoque les souvenirs de cette tuerie ,cela semble nébuleux,incertain.
Son ancrage dans le présent semble tout aussi chaotique.Contacts superficiels,voire inexistants avec ses fils.Il ne perçoit pas la toxicomanie de l'un des deux et reste si distant de l'autre.Aucun dialogue consistant ne se noue entre père et fils.
Il y a quelque chose de cassé,irrémédiablement cassé dans la mécanique familiale.
Cet aveuglement se manifeste aussi dans la sphère professionnelle,quand Dustin se laisse embobiner par un patient,soi-disant ex-flic.Un type pas clair,pas net qui le convainc peu à peu de l'existence d'un serial killer qui noie ses victimes après les avoir séquestrées... 

On le voit,le roman joue avec succès sur deux tableaux,celui de l'introspection psychologique et celui de l'enquête policière.
Véritable handicapé de la communication,assailli de doutes et de questions,à la fois manipulé et manipulateur,victime et bourreau,Dustin s'englue,se perd dans une spirale qui lui sera fatale.
 

dimanche 7 octobre 2018

Débâcle de Lize Spit

LIVRE

Premier roman d'une écrivaine néérlandophone.
Glaçant.Dérangeant.Cruel...etc
Le lecteur est plongé dans l'univers glauque d'un petit village flamand.
L'héroïne Eva,adolescente de 14 ans vit dans une famille bancale,parents alcooliques,surtout la mère,irresponsables.
Ses voisins,amis d'école lui font jouer des jeux dangereux qui tournent vite au sordide. 
Jeux d'ados,jeux d'initiation.
Le dénouement de l'histoire se situe dans la logique implacable du récit.

J'ai plusieurs fois voulu abandonner cette lecture,tant elle me donnait la nausée.
Je suis restée fort à distance de cet univers d'ados,de cette écriture réaliste jusqu'au cynisme.C'est la curiosité du final qui m'a tenue.
 

lundi 24 septembre 2018

Matthew McConaughey,acteur


MATTHEW Mc CONAUGHEY

Laetitia Masson rend hommage à cet immense acteur dans une émission cinématographique d'ARTE, "Blow up".
Je partage tout ce qu'elle exprime sur ses films,ses choix,sa personnalité.
Elle parle si bien d'INTERSTELLAR,ce film si poignant,remarquablement servi par l'acteur.
Citons,parmi une longue filmographie,quelques films évoqués par Laetitia Masson.

2011:La défense Lincoln:il joue le personnage de l'avocat,Mickey Haller.
2013:The wolf of Wall Street avec Di Caprio de Scorsese.
2013:Dallas Buyers Club:il interprète un cowboy texan séropositif.
2014:Interstellar de Christopher Nolan.
2014: True detective,une série.

Voici le lien d'ARTE:
https://youtu.be/T51GhYM5zWs

(Il faut faire un clic droit sur le lien et l'ouvrir dans un nouvel onglet,ça marche)

                                                  

lundi 3 septembre 2018

BURNING de Lee Chang-dong

FILM

Le cinéaste coréen nous avait déjà proposé en 2010 POETRY,un film éminemment poétique centré sur une délicieuse grand-mère qui sentant les premiers signes d'Alzeimer,s'inscrit à un cours de poésie...
Voici le lien de ma critique:
http://parlonscinebouquins.blogspot.com/2011/08/poetry-de-lee-chang-dong.html

Cette fois encore,c'est un être marginal,à part,laissé-pour-compte qui est au centre d'un film mêlant intrigue amoureuse,thriller oppressant et fresque sociale.
Le tout baignant dans une puissante ambiance poétique.
Le film se déroule avec lenteur,avec des silences appuyés,des non-dits... laissant tout l'espace aux images qui sont souvent d'une beauté à couper le souffle.
On suit le quotidien de deux jeunes hommes que tout oppose.Caractères et milieu social.
L'un est assuré,détendu,évoluant dans un milieu social aisé,alors que l'autre qui vit à la campagne est complexé,peu sûr de lui,apeuré...surtout si passif,même si on le sent habité par une rage sourde et étouffée.
Une jeune fille pétillante,gracieuse,enfantine est leur pôle d'attraction,leur aimant.
Comment mener à terme cet imbroglio?
Comment percer les secrets,le mystère de ces trois êtres qui s'inventent parfois des histoires,se mentant à eux-mêmes et aux autres..?
Comment démêler le vrai du faux? les épisodes du chat et du puits,notamment,sont emblématiques de ces questions.
Le film en tout cas se termine en apothéose.La dernière scène est tout simplement bluffante.