dimanche 1 juin 2014

LES YEUX DANS LES ARBRES de Barbara KINGSOLVER

LIVRE 


Roman  de 600 pages. Lumineux, noir, terrible, dur , envoûtant, implacable... 
Je recommande  particulièrement cette lecture à tout amoureux de l'Afrique,de la terre africaine,à tous ceux qui ont emporté avec eux une part de ce sol congolais,de ses habitants et dont l'âme est en partie restée là-bas.

Une enfance africaine pour 4 filles originaires de Géorgie (Atlanta) dont le père,pasteur psychorigide reste enfermé dans ses convictions,sourd au mal être des siens.Une enfance africaine au milieu des invasions de fourmis, des pluies diluviennes,de la malaria,du venin mortel du "mamba",mais aussi entourée des doux caméléons, des noirs si fatalistes et si généreux du peu qu'ils possèdent.

Récit remarquablement construit grâce aux voix alternées de la mère et des 4 filles aux destins divergents et marquées pour toujours à l'encre noire.
L'intérêt du récit est aussi historique. En effet, les faits se déroulent à la fin de la période coloniale(  entre le 30 juin 1960 et le 17 janvier 1961 , jour de la mort de Lumumba...)
On croise au détour d'un épisode des personnages , tels que Lumumba, Tshombé,le jeune Mobutu... On n'est pas loin de Léopoldville ( rebaptisée Kinshasa) ,à Kilanga , en pleine brousse.Au loin, les troubles de l'Indépendance ont commencé.

Merci à Tamara qui a mis ce livre entre mes mains de lectrice.

Je joins à la critique un texte que j'ai écrit en 2003 sur cet "arrachement" à la terre africaine:

   LE CHOC DU RETOUR.

"Parents, enfants, filles,adolescents,nous avons quitté l'Afrique pour retrouver la "mère-patrie" et y vivre.Ce qui nous réunit?Des couleurs,celles de la latérite,des bougainvilliers,des flamboyants,... des parfums,celui de la poussière,de la vanille...
Un plaisir de fouler le sol pieds-nus,une vie à ciel ouvert,à portes ouvertes, la soudaineté de la tombée de la nuit toujours à la même heure,une liberté d'aller et venir...surtout une sauvagerie qui nous tient au coeur et au corps et nous différencie irrémédiablement de nos compatriotes.Car ce retour forcé a fait de nous,des déplacés,des déracinés,pris de plein fouet par le froid, le gel,la bruine,les mines grises,l'horizon bouché,l'espace restreint.
Les quatre murs de nos appartements de fortune,nous les vivions comme des animaux en cage,condamnés à tourner en rond,en quête d'air et de lumière.
Finis les fruits savoureux,les volcans majestueux,les jeux organisés à l'ombre des eucalyptus,fini de grimper aux arbres ,de courir surtout...
En verité,c'est peu de dire que nous avons laissé là-bas une part de nous-mêmes."


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