LIVRES: I) REBECCA.
C'est le même envoûtement que celui ressenti lors de ma première lecture.
J'avais 12 ans.Ce fut mon premier roman après "Le club des cinq" "La Comtesse de Ségur"...Une petite Madeleine de Proust littéraire.
L'écriture est magnifique.L'histoire puise dans les profondeurs de l'âme humaine, dans ses replis cachés.C'est le Romantisme à l'état pur avec ses émotions retenues, son questionnement existentiel,son domaine mystérieux,Manderley,battu par les vents et la mer,sa fragile et candide héroïne,narratrice de cette histoire,dont le Nom n'apparaît jamais.
Héroïne solitaire et taraudée,obsédée par l'ombre de la première Madame de Winter qui,bien que morte,a laissé partout des traces de sa présence,de sa gestion du domaine...
L'art des détails,porteurs de tant de sens:un mouchoir retrouvé,un vase précieux,une écriture identifiable,,la lettre R,le parfum aussi de la dame de Manderley...,sans parler de la fameuse robe de bal.
Merci à Tatiana de Rosnay dont le livre "Manderley for ever"m'a rappelé l'existence de ce roman.
Tatiana de Rosnay, une inconditionnelle de Daphné du Maurier qui lui voue un admiration sans bornes,est entrée en contact avec sa famille,connaît ces chères Cornouailles qui abritent le célèbre manoir. Elle semble incollable sur tout ce qui concerne Daphné du Maurier.(voir ma critique du 12 juillet 2015)
Quelques extraits:
1) sur la présence indélébile de Rebecca qui hante les lieux:
"J'étais comme une invitée attendant le retour de la maîtresse du logis...."p158OU
"Il ne m'appartenait pas du tout, il appartenait à Rebecca. Elle était toujours dans la maison, comme Mrs Danvers l'avait dit, elle était dans cette chambre de l'aile ouest, elle était dans la bibliothèque, dans le petit salon, dans la galerie au dessus du hall. Même dans le petit vestiaire où pendait son imperméable. Et dans le jardin, et dans les bois, et dans la maisonnette en pierre sur la plage. Ses pas résonnaient dans le corridor, son parfum traînait dans l'escalier. Les domestiques continuaient à suivre ses ordres, les plats que nous mangions étaient les plats qu'elle aimait. Ses fleurs préférées remplissaient les chambres. Rebecca était toujours Mme de Winter. Je n'avais rien à faire ici."
2) sur le romantisme de son héroïne:
"J'aurais voulu rester ainsi, sans parler, sans écouter les autres, retenant ce précieux moment pour toujours, parce que nous étions tous paisibles, satisfaits, et même un peu somnolents comme l'abeille qui bourdonnait autour de nous. Dans quelques instants, ce serait différent ; demain viendrait, puis après-demain, puis l'année prochaine. Et nous serions changés peut-être, nous ne nous retrouverions jamais plus assis exactement ainsi. Les uns s'en iraient, ou seraient malades, ou mourraient ; l'avenir s'étendait devant nous, inconnu, invisible, autre peut-être que ce que nous désirions, que ce que nous prévoyions. Mais cet instant était assuré, on ne pouvait pas y toucher. Nous étions assis ensemble, Maxim et moi, la main dans la main, et le passé et le futur n'avaient aucune importance" p118.
II) L'AUBERGE DE LA JAMAÏQUE
Deuxième roman que j'ai lu...ou relu?
Le récit s'ouvre sur une nuit apocalyptique,nuit de tempête,de landes battues par les vents,pendant laquelle l'héroïne,récemment orpheline,rejoint sa tante mariée à un aubergiste.
Voici un extrait:
"Elle était inexorable, cette pluie qui cinglait les vitres du coche et s'infiltrait dans un sol rude et stérile. Il n'y avait pas d'arbres, sauf un ou deux peut-être qui tendaient aux quatre vents leurs branches dénudées, ployés et tordus par des siècles d'intempéries. Et les orages et le temps avaient si bien noircis que si, par aventure, le printemps s'égarait en un tel endroit, aucun bourgeon n'osait se transformer en feuille, de crainte de mourir de froid. La terre était pauvre, sans prés ni haies ; on ne voyait que des pierres, de la bruyère noire et des genêt rabougris."
La suite est du même acabit.Mélange de terreur,de menaces et de sauvagerie avec un zeste d'intrigue amoureuse pour assaisonner le suspens qui est au rendez-vous,car le Mal n'est pas nécessairement incarné là où on l'imagine.
Daphné du Maurier se révèle à nouveau une toute grande romancière,capable de créer des atmosphères sordides,des liens complexes.Elle tient le lecteur en haleine... jusqu'au bout.
On comprend aisément qu'elle ait pu inspirer de grands cinéastes,tel Hitchcock. Celui-ci a réalisé le film:"Jamaïca Inn"
III) MA COUSINE RACHEL
Troisième roman.
L'échec d'une histoire d'amour finalement lié à un malentendu.
Malentendu sur les intentions des personnes,sur les valeurs qui les guident.
Pour l'un Philippe,un amour sincère,un désir inaltérable de rendre l'autre heureux,de le garder tout proche.Pour la cousine Rachel, c'est tout autre chose.C'est l'argent,le moteur,le mobile de ses agissements.
OU .... comment perdre irrémédiablement celle qu'on chérissait,qu'on désirait combler de biens inestimables,sans qu'on n'ait rien vu venir.Un pathétique perdant!!!
Thème bien moderne,bien actuel qui explique que la romancière ne soit absolument pas
"Has been".
C'est le même envoûtement que celui ressenti lors de ma première lecture.
J'avais 12 ans.Ce fut mon premier roman après "Le club des cinq" "La Comtesse de Ségur"...Une petite Madeleine de Proust littéraire.
L'écriture est magnifique.L'histoire puise dans les profondeurs de l'âme humaine, dans ses replis cachés.C'est le Romantisme à l'état pur avec ses émotions retenues, son questionnement existentiel,son domaine mystérieux,Manderley,battu par les vents et la mer,sa fragile et candide héroïne,narratrice de cette histoire,dont le Nom n'apparaît jamais.
Héroïne solitaire et taraudée,obsédée par l'ombre de la première Madame de Winter qui,bien que morte,a laissé partout des traces de sa présence,de sa gestion du domaine...
L'art des détails,porteurs de tant de sens:un mouchoir retrouvé,un vase précieux,une écriture identifiable,,la lettre R,le parfum aussi de la dame de Manderley...,sans parler de la fameuse robe de bal.
Merci à Tatiana de Rosnay dont le livre "Manderley for ever"m'a rappelé l'existence de ce roman.
Tatiana de Rosnay, une inconditionnelle de Daphné du Maurier qui lui voue un admiration sans bornes,est entrée en contact avec sa famille,connaît ces chères Cornouailles qui abritent le célèbre manoir. Elle semble incollable sur tout ce qui concerne Daphné du Maurier.(voir ma critique du 12 juillet 2015)
Quelques extraits:
1) sur la présence indélébile de Rebecca qui hante les lieux:
"J'étais comme une invitée attendant le retour de la maîtresse du logis...."p158OU
"Il ne m'appartenait pas du tout, il appartenait à Rebecca. Elle était toujours dans la maison, comme Mrs Danvers l'avait dit, elle était dans cette chambre de l'aile ouest, elle était dans la bibliothèque, dans le petit salon, dans la galerie au dessus du hall. Même dans le petit vestiaire où pendait son imperméable. Et dans le jardin, et dans les bois, et dans la maisonnette en pierre sur la plage. Ses pas résonnaient dans le corridor, son parfum traînait dans l'escalier. Les domestiques continuaient à suivre ses ordres, les plats que nous mangions étaient les plats qu'elle aimait. Ses fleurs préférées remplissaient les chambres. Rebecca était toujours Mme de Winter. Je n'avais rien à faire ici."
2) sur le romantisme de son héroïne:
"J'aurais voulu rester ainsi, sans parler, sans écouter les autres, retenant ce précieux moment pour toujours, parce que nous étions tous paisibles, satisfaits, et même un peu somnolents comme l'abeille qui bourdonnait autour de nous. Dans quelques instants, ce serait différent ; demain viendrait, puis après-demain, puis l'année prochaine. Et nous serions changés peut-être, nous ne nous retrouverions jamais plus assis exactement ainsi. Les uns s'en iraient, ou seraient malades, ou mourraient ; l'avenir s'étendait devant nous, inconnu, invisible, autre peut-être que ce que nous désirions, que ce que nous prévoyions. Mais cet instant était assuré, on ne pouvait pas y toucher. Nous étions assis ensemble, Maxim et moi, la main dans la main, et le passé et le futur n'avaient aucune importance" p118.
II) L'AUBERGE DE LA JAMAÏQUE
Deuxième roman que j'ai lu...ou relu?
Le récit s'ouvre sur une nuit apocalyptique,nuit de tempête,de landes battues par les vents,pendant laquelle l'héroïne,récemment orpheline,rejoint sa tante mariée à un aubergiste.
Voici un extrait:
"Elle était inexorable, cette pluie qui cinglait les vitres du coche et s'infiltrait dans un sol rude et stérile. Il n'y avait pas d'arbres, sauf un ou deux peut-être qui tendaient aux quatre vents leurs branches dénudées, ployés et tordus par des siècles d'intempéries. Et les orages et le temps avaient si bien noircis que si, par aventure, le printemps s'égarait en un tel endroit, aucun bourgeon n'osait se transformer en feuille, de crainte de mourir de froid. La terre était pauvre, sans prés ni haies ; on ne voyait que des pierres, de la bruyère noire et des genêt rabougris."
La suite est du même acabit.Mélange de terreur,de menaces et de sauvagerie avec un zeste d'intrigue amoureuse pour assaisonner le suspens qui est au rendez-vous,car le Mal n'est pas nécessairement incarné là où on l'imagine.
Daphné du Maurier se révèle à nouveau une toute grande romancière,capable de créer des atmosphères sordides,des liens complexes.Elle tient le lecteur en haleine... jusqu'au bout.
On comprend aisément qu'elle ait pu inspirer de grands cinéastes,tel Hitchcock. Celui-ci a réalisé le film:"Jamaïca Inn"
III) MA COUSINE RACHEL
Troisième roman.
L'échec d'une histoire d'amour finalement lié à un malentendu.
Malentendu sur les intentions des personnes,sur les valeurs qui les guident.
Pour l'un Philippe,un amour sincère,un désir inaltérable de rendre l'autre heureux,de le garder tout proche.Pour la cousine Rachel, c'est tout autre chose.C'est l'argent,le moteur,le mobile de ses agissements.
OU .... comment perdre irrémédiablement celle qu'on chérissait,qu'on désirait combler de biens inestimables,sans qu'on n'ait rien vu venir.Un pathétique perdant!!!
Thème bien moderne,bien actuel qui explique que la romancière ne soit absolument pas
"Has been".
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