mercredi 10 février 2016

SERENA de Ron RASH

LIVRE

 Mais quelle est donc la recette "magique" de l'écrivain américain pour écrire des romans aussi beaux,aussi puissants,aussi poétiques,aussi.......?
C'est le 3ème roman de lui que je lis avec le même bonheur.
Quel voyage chaque fois.
Pourtant,ce récit est fort différent des deux autres et il aurait de quoi rebuter certains lecteurs,car on y découvre un couple diabolique aux desseins meurtriers.
Un couple donc très antipathique,elle une sorte de lady Macbeth,lui amoureux est à son entière dévotion.Riches propriétaires forestiers,ils embauchent à tour de bras des ouvriers,mal payés, risquant sans cesse leur vie.Ces prédateurs sans scrupules semblent prêts à abattre tous les arbres de la planète tant leur appât du gain est grande,ils n'hésitent pas à soudoyer,voire éliminer ceux qui voudraient leur barrer la route,contrecarrer leurs projets.
Et donc au fur et à mesure,se produisent  accidents inexpliqués,décès sans cause apparente,chutes,etc...
En contre-point de ces deux êtres vils,le personnage de Rachel apporte humanité,tendresse au récit.Sans dévoiler le lien précis au couple,disons qu'elle aussi est un obstacle à leur folle ambition.Et il lui faudra fuir avec son enfant,loin,très loin pour échapper aux griffes des"rapaces".Ce sera une traque impitoyable.

Ce roman aux accents sociaux est écrit avec ce même sens du suspense,on ne lâche plus le livre,car on veut savoir si vengeance il y aura...ou pas!!!
L'écriture est toujours aussi belle,percutante,poétique.Quelques extraits:

" Elle se rendit compte qu'on pouvait avoir aussi faim de mots que de nourriture, parce que leur absence creusait le même vide au-dedans de vous, un vide qu'il fallait combler pour pouvoir affronter une nouvelle journée."

 "Les bois étaient silencieux et attentifs, on aurait dit que les arbres se serraient les uns contre les autres, comme s’ils attendaient non seulement la pluie, mais qu’on leur raconte une histoire."

 "Serena se débarrassa de ses dessous. En la contemplant, Pemberton se demanda si le jour viendrait jamais où il pourrait la regarder nue sans être ébloui. Il ne parvenait pas à l'imaginer et croyait qu'à l'instar de certaines lois des mathématiques et de la physique, la beauté de Serena était immuable. "Dans la beauté, elle marche". Ces paroles récitées bien des années auparavant, d'une voix aussi sèche que la poussière de craie dont l'air de la salle de classe était chargé, étaient les premières d'un poème de lord Byron, que Pemberton n'avait écouté que pour mieux se moquer des sentiments qu'il exprimait. Mais maintenant, il comprenait leur vérité, car la beauté de Serena était ainsi - une aura autour de laquelle le monde ouvrait un espace inviolable, afin qu'elle puisse s'avancer sans risquer la moindre souillure." 

La description d'une attaque d'ours ( p91) est juste incroyable.

Le roman écrit en 2008 a été traduit en français en 2011

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