LIVRE
Ce roman,c'est un vrai uppercut.On le reçoit en pleine figure.
Le fil rouge de l'histoire,c'est Vernon Subutex,un quadragénaire sympa,disquaire qui faute de payer son loyer se fait expulser.
Commence le parcours du combattant:trouver de petites planques,"s'inviter" chez un couple pour garder le chien,recontacter des ex...La débrouille quoi,ça marche un temps,mail il se retrouve bien vite à la rue,SDF parmi les sdf,livré au bon vouloir des passants.
Cette galère est l'occasion pour l'écrivain de déployer tout son ART.
Écriture fracassante,vive,directe,parfois brutale,argotique,voire vulgaire (on n'échappe pas à "couillon,connard,enfoiré,pétasse,suceur de bites"...etc).
Galerie de portraits dignes de La Bruyère.(j'en citerai des exemples)
Analyse psychologique et sociale implacable.Tout le monde en prend pour son grade:les assoiffés de pouvoir(p117),les faux compatissants,les maris violents,les mères étouffantes (Sophie,mère de Xavier),les drogués,les filles botoxées...
Quelques extraits:
"Passé quarante ans, tout le monde ressemble à une ville bombardée. Il tombe amoureux quand elle éclate de rire - au désir s'ajoute une promesse de bonheur, une utopie de tranquillités emboîtées -, il suffira qu'elle tourne la tête vers lui et se laisse embrasser, et il accédera à un monde différent. Vernon sait faire la différence: excité, c'est le bas-ventre qui palpite, amoureux, ce sont les genoux qui faiblissent. Une partie d'âme s'est dérobée - et le flottement est délicieux, en même temps qu'inquiétant: si l'autre refuse de rattraper le corps qui sombre dans sa direction, la chute sera d'autant plus douloureuse qu'il n'est plus un jeune homme. On souffre de plus en plus, à croire que la peau émotionnelle devient plus fragile, ne supporte plus le moindre choc." p 106.
"Elle s’habille chez Zara, quand elle trouve quelque chose à sa taille. Elle se passionne pour l’huile d’olive, le thé vert, elle s’est abonnée à Télérama et elle parle de recettes de cuisine, au boulot, avec ses collègues. Elle a fait tout ce que ses parents désiraient qu’elle fasse. Sauf qu’elle n’a pas eu d’enfant, alors le reste, ça ne compte pas. Aux repas de famille, elle fait tache. Ses efforts n’ont pas été récompensés."
Marie-Ange:"Elle n'est pas jolie.Elle est sèche,son expression est dure,ses lèvres sont trop fines.Elle s'habille mal.Elle a une dégaine de meuf désespérée qui aurait récupéré dans la poubelle d'une vieille dame trois vieux pulls élimés qu'elle a superposés sur un pantalon à pinces..." p84.
Sylvie:"Qu'elle le lâche,pitié,qu'elle le lâche!
Il écoute Johnny Cash au casque en écoutant des bières.Il respire.Il l'a eue dix jours,non-stop,sur le dos.Cette fille parle dès qu'elle ouvre un oeil.Elle aspire l'air.
Le premier soir,il trouvait ça mignon mais il a vite réalisé qu'elle croassait,penchée sur son épaule et surveillant ses moindres gestes..." p154.
Coup de cafard de Vernon:"Le corps de Vernon se raidit,quelque chose gronde en lui qui le fait paniquer...Chaque souvenir est piégé.Une couverture qu'il avait gardée bien tirée sur l'angoisse glisse***...la peau est mise en contact." p100
Vernon amoureux:"Il avait oublié à quel point on se sent vivant, exactement à ce moment-là : quand on sait que c'est en route, et que chaque geste vient confirmer cette impression. Il avait senti ses veines se gonfler d'une euphorie étrange, et caractéristique : la délicieuse ivresse d'avant le premier baiser."
Ce roman,c'est un vrai uppercut.On le reçoit en pleine figure.
Le fil rouge de l'histoire,c'est Vernon Subutex,un quadragénaire sympa,disquaire qui faute de payer son loyer se fait expulser.
Commence le parcours du combattant:trouver de petites planques,"s'inviter" chez un couple pour garder le chien,recontacter des ex...La débrouille quoi,ça marche un temps,mail il se retrouve bien vite à la rue,SDF parmi les sdf,livré au bon vouloir des passants.
Cette galère est l'occasion pour l'écrivain de déployer tout son ART.
Écriture fracassante,vive,directe,parfois brutale,argotique,voire vulgaire (on n'échappe pas à "couillon,connard,enfoiré,pétasse,suceur de bites"...etc).
Galerie de portraits dignes de La Bruyère.(j'en citerai des exemples)
Analyse psychologique et sociale implacable.Tout le monde en prend pour son grade:les assoiffés de pouvoir(p117),les faux compatissants,les maris violents,les mères étouffantes (Sophie,mère de Xavier),les drogués,les filles botoxées...
Quelques extraits:
"Passé quarante ans, tout le monde ressemble à une ville bombardée. Il tombe amoureux quand elle éclate de rire - au désir s'ajoute une promesse de bonheur, une utopie de tranquillités emboîtées -, il suffira qu'elle tourne la tête vers lui et se laisse embrasser, et il accédera à un monde différent. Vernon sait faire la différence: excité, c'est le bas-ventre qui palpite, amoureux, ce sont les genoux qui faiblissent. Une partie d'âme s'est dérobée - et le flottement est délicieux, en même temps qu'inquiétant: si l'autre refuse de rattraper le corps qui sombre dans sa direction, la chute sera d'autant plus douloureuse qu'il n'est plus un jeune homme. On souffre de plus en plus, à croire que la peau émotionnelle devient plus fragile, ne supporte plus le moindre choc." p 106.
"Elle s’habille chez Zara, quand elle trouve quelque chose à sa taille. Elle se passionne pour l’huile d’olive, le thé vert, elle s’est abonnée à Télérama et elle parle de recettes de cuisine, au boulot, avec ses collègues. Elle a fait tout ce que ses parents désiraient qu’elle fasse. Sauf qu’elle n’a pas eu d’enfant, alors le reste, ça ne compte pas. Aux repas de famille, elle fait tache. Ses efforts n’ont pas été récompensés."
Marie-Ange:"Elle n'est pas jolie.Elle est sèche,son expression est dure,ses lèvres sont trop fines.Elle s'habille mal.Elle a une dégaine de meuf désespérée qui aurait récupéré dans la poubelle d'une vieille dame trois vieux pulls élimés qu'elle a superposés sur un pantalon à pinces..." p84.
Sylvie:"Qu'elle le lâche,pitié,qu'elle le lâche!
Il écoute Johnny Cash au casque en écoutant des bières.Il respire.Il l'a eue dix jours,non-stop,sur le dos.Cette fille parle dès qu'elle ouvre un oeil.Elle aspire l'air.
Le premier soir,il trouvait ça mignon mais il a vite réalisé qu'elle croassait,penchée sur son épaule et surveillant ses moindres gestes..." p154.
Coup de cafard de Vernon:"Le corps de Vernon se raidit,quelque chose gronde en lui qui le fait paniquer...Chaque souvenir est piégé.Une couverture qu'il avait gardée bien tirée sur l'angoisse glisse***...la peau est mise en contact." p100
Vernon amoureux:"Il avait oublié à quel point on se sent vivant, exactement à ce moment-là : quand on sait que c'est en route, et que chaque geste vient confirmer cette impression. Il avait senti ses veines se gonfler d'une euphorie étrange, et caractéristique : la délicieuse ivresse d'avant le premier baiser."
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