jeudi 13 octobre 2022

DISPARAÎTRE de Lionel Duroy


 LIVRE

J'ai déjà lu plusieurs livres de cet écrivain,toujours touchant de sincérité,prêt à se dévoiler,à partager ses doutes et ses faiblesses,lui qui vient d'une famille déjantée,chaotique,une famille de 10 enfants et ses parents irresponsables,toujours menacés d'expulsion! (lire "Le Chagrin"****)

Cette fois,ayant atteint l'âge de 70 ans,il réunit ses 4 enfants et leur annonce son projet:partir à vélo,traverser l'Europe vers Stalingrad (l'actuelle Volgograd).Cette réunion de famille est l'objet de la première partie du livre,la seconde est le récit de ce départ retardé! pour cause de forte infection urinaire,ensuite viennent les péripéties multiples rencontrées par ce cycliste accompli.Il parle du vélo comme un anti-dépresseur:..."durant tout le temps passé sur mon vélo j'ignore la dépression,c'est d'ailleurs bien pourquoi je pédale chaque jour depuis 50ans.",p233.Pédaler et écrire sont donc les deux activités qui alternent,l'une le jour,l'autre le soir.

Une série de surprises,de rencontres intéressantes martèlent son trajet.Il y a les moments de grâce,mais aussi des découragements et une interrogation sur le sens de cette entreprise qu'il vit comme un défi à la vieillesse,à l'immobilité.Ce paradoxe de Fernando Pessoa lui conviendrait bien:"Agir,c'est connaître le repos",pensée à laquelle souscrit Sylvain Tesson.

Ce qui est passionnant avec Duroy,c'est qu'on voyage avec lui,on visite des lieux,des maisons,des hôtels avec lui.On participe à son mouvement grâce à des références aux lieux visités dont il ne se prive pas de raconter l'histoire.Il n'hésite pas non plus à citer des livres de référence liées à ces lieux,des coups de coeur littéraires,comme Kaputt de Malaparte,p143... ou La leçon d'Allemand de Siegfried Lenz ou encore cet écrivain roumain:Petru Dumitriu,né à Bazias...Il me donne envie de lire les livres qu'il lit.

Ce roman reste léger avec des passages vraiment drôles,même si bien sûr, le voyage est  très symbolique et chargé de sens.Un regret:l'absence de carte pour suivre son trajet depuis le Sud de la France vers le Nord de l'Italie,la Slovénie,la Croatie et finalement,l'entrée en Roumanie par "le barrage hydroélectrique des Portes de Fer",p218.

Et voici un extrait sur les lieux où l'on a été heureux et où on revient:

"....j'ai des images de tous les hôtels où Esther et moi sommes descendus,en France comme à l'étranger, et jamais je ne retourne dans un de ces pays sans revenir m'asseoir dans le hall de notre hôtel,y prendre un verre et de nouvelles photos....La mémoire filtre la réalité,elle ne retient pas la vulgarité du quotidien,son ennui,ses contrariétés, et à l'inverse, elle amplifie les bonheurs...C'est pourquoi on ne perd pas son temps à revenir seul sur les lieux de ces bonheurs - parfois en quelques minutes seulement tout ce qui n'est plus, se rejoue avec tant de présence sous nos yeux..."p209.


Voici la bibliographie proposée à la fin du livre:



                             

                                               

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