jeudi 9 février 2023

LA VIE ORDINAIRE de Adèle Van Reeth


 LIVRE

La philosophe Adèle Van Reeth entreprend une large réflexion sur la vie ordinaire,ses moments forcément répétitifs qui rythment nos vies à tous.C'est un exercice de philosophie assez plaisant à lire,car elle a du style.Elle sait tourner une phrase et ne manque pas d'humour et d'autodérision***. Très vite,elle distingue "l'ordinaire" du "quotidien" (p28) et précise les définitions du mot ordinaire,les synonymes,l'étymologie latine,etc...,p68.Elle multiplie les références à plusieurs penseurs-phare comme Emerson,Nietzsche,Camus aussi... Tous ont écrit des choses intéressantes sur la banalité de nos existences.Elle n'hésite pas non plus à partager des épisodes de sa vie personnelle:ses voyages,son rapport à ses beaux-enfants,ses vacances consacrées à l'écriture et surtout sa maternité:la grossesse,les souffrances de l'accouchement,les premiers temps avec bébé....C'est parfois un peu pathétique,mais pas déplaisant.

Bref,ce petit essai qui oscille entre profondeur philosophique et soubresauts d'une "vie ordinaire" a le mérite d'être accessible à tout lecteur,surtout lectrice qui à certaines pages trouve matière à s'identifier.

*** l'un ou l'autre extrait révélateur du style :

 "Le problème avec la vie quotidienne, c’est que les soucis n’y sont jamais graves. Ce ne sont pas des catastrophes, mais des petites pointes, des « épines domestiques » (le mot est de Montaigne) fourbes car imprévisibles, continuelles et inévitables. Un évier à déboucher, une toiture à réparer, et les rêves d’harmonie s’effondrent. Nous sommes si peu. Les tracas domestiques sont des drames en robe de chambre. À tout moment, ces phrases (« qui voudra de la tisane ? »), objets (le dessous de plat en liège légèrement brûlé) ou événements (« j’ai ENCORE perdu mes clefs, tu m’ouvriras ? ») transpercent l’épais matelas de déni qui enrobait, croyais-je, mon univers domestique",p56.

En vacances,on vient la convier à un jeu de société qu'elle déteste:

"....autour du plateau de Monopoly... c'est une marmite percée dont l'eau glacée se répand goutte après goutte sur un crâne qui n'a rien demandé et qui rêve d'aller se coucher ou de travailler en paix."p72. 

 

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