mercredi 31 juillet 2013

Étranges rivages de Indridason ( 2010 )

LIVRE 

Découvrir le secret d'une ancienne disparition inexpliquée , celle de Matthildur, telle est la quête d' Erlendur.
On n'a jamais retrouvé la jeune femme prise par une terrible tempête en janvier 1942.
Mais une quête peut en cacher une autre, celle de son petit frère disparu lors d'une tempête de neige, alors qu'ils étaient enfants.
Ce moment où il a lâché la main de son frère, dont on n'a jamais retrouvé le corps , hante ses nuits depuis toujours, l'emplissant de culpabilité.
Trouvera-t-il un lieu, des restes , des ossements , des objets personnels des défunts ?
Rencontrera-t-il les bons témoins, les proches ? Démêlera t-il un drame de l'amour et de la jalousie ?
On peut compter sur l'opiniâtreté de notre commissaire  pour faire parler les vivants , pour ne jamais renoncer et repartir apaisé.

Un roman épuré , le même style délié que dans les précédentes oeuvres.
Je l'ai lu en 2 jours , sans me forcer.

Selon Guy Duplat ( La libre belgique du 25 février 2013 .)
“Étranges rivages” est la plus belle des enquêtes du commissaire Erlendur. Arnaldur Indridason revient sur le traumatisme qu’a connu son héros.

dimanche 28 juillet 2013

GATSBY LE MAGNIFIQUE de Baz Luhrmann

FILM

D'abord ,  LA  FORME  : de belles images chatoyantes, lumineuses , festives, éclatantes....
ça ressemble  un  peu à un défilé de clips-vidéos , sophistiqués, très réussis , mais qui laissent le spectateur avec une sensation de vide sidéral.

Ensuite, LE  FOND , l'histoire :  racontée , 30 ans après , par Nick Carraday, voisin de Gatsby , son admirateur inconditionnel, son confident  , témoin et acteur, même passif  , du drame qui va se nouer. 
La prestation de Tobey  Maguire ( Spiderman!!! ) sauve le film du naufrage.
Son regard naïf, sa présence discrète et attentive rafraîchissent de tant de lourdeurs et d'artifices.

A ses côtés, Di Caprio et C. Mulligan font pâle figure . Elle, insipide, inexistante , inexpressive ..... Lui, enfermé dans un costume qui l'étouffe.  

mercredi 17 juillet 2013

LE BAL d'Ettore SCOLA - 1983

FILM

VIVE   LE   DVD  qui nous permet de revisiter des films vieux de 30 ans!!!! ...eh oui .....et de redécouvrir un chef-d'oeuvre.
Un film sans paroles où les émotions se lisent à visage découvert.
Un lieu , une salle de bal.
Plusieurs  époques de l'Histoire de la France.
Les mêmes personnages la traversent. Ils se retrouvent , l'instant d'un bal , maladroits, touchants, ridicules, tentant bon gré mal gré de s'accorder, le temps d'une danse.
Scola les a filmés avec tendresse et réalisme. Les gros plans n'épargnent pas les travers d'un visage, les tics, les regards perdus ou avides, les gestes gauches , disgracieux ...
Film en boucle dont la scène finale renvoie magistralement à la scène d'ouverture.
Les espoirs de rencontre du début se clôturent sur des êtres solitaires qui quittent l'un après l'autre la salle.
Très émouvant !!!

Ettore Scola s'est inspiré d'une pièce de théâtre créée en 1981 par J.C. Penchenat .
Il célèbre 50 ans de danse de salon, depuis les années 30, en passant par la guerre, la libération, mai 68 et
le disco des années 80.
Les mêmes acteurs traversent les différentes époques . Leur métamorphose est une totale réussite.
(Cfr l'avis d'un journaliste de Libé )

 .... Et puis il y a l’essentiel ou presque : les acteurs, véritables génies du transformisme puisqu’ils jouent tous dans chaque
tableau et sous des rôles différents, à telle enseigne que certains sont méconnaissables d’un épisode à l’autre. Pour une fois,
l’expression « il faudrait tous les nommer » prend son sens puisqu’ils ont des rôles égaux et qu’ils sont tous parfaits.
Nommons-les donc : la troupe du Théâtre du Campagnol (étiquette générique et commune qui tombe bien puisqu’ils sont
plutôt nombreux : 23), avec une attention spéciale pour l’orchestre impassible.
Olivier Séguret – LIBÉRATION

Le Film a obtenu 3 Césars , notamment le César du    meilleur film    en 1984.
Une petite video en guise de mise en bouche ....
Cliquez sur ce lien:
http://www.youtube.com/watch?v=DcxZhFd0Pt8


dimanche 14 juillet 2013

ELENA de Andrei ZVIAGUINTSEF - 2011

FILM 

Le cinéaste russe nous a déjà proposé  2  chefs-d'oeuvre :  

- THE RETURN
- THE BANISHMENT
VOICI    " ELENA".

Russie moderne. Appartement "classe". Un couple d'un certain âge.


Elena illumine le film de sa présence douce, gracieuse, féline, tout en intériorité.
Epouse de Vladimir depuis 10 ans, elle évolue dans l'appartement cossu, elle ouvre les rideaux, prépare le petit déjeuner, range, propose à son mari les vêtements du jour ...
La parfaite fée du logis en somme, sauf qu'elle essaie d'aider , vaille que vaille, son fils mou et sa famille qui  vivent , eux,  dans un  misérable logis.
L'ARGENT est le moteur du film.  L'argent de Vladimir ira-t-il à  la famille d'Elena  ou à sa fille Katia, issue d'un premier mariage? Le film répond bien sûr à cette question d'une manière bien inattendue.

Au delà de l'histoire , l'intérêt du film réside dans son esthétisme, son rythme lent , cette manière si particulière de filmer Elena dans cet univers pourtant banal.
La caméra suit ses moindres déplacements dans l'appart, dans le métro, chez son fils .
Les gestes sont anodins. Elle se réveille, se coiffe , songe, regarde par la fenêtre, choisit une tenue...
Pas de sentiments exprimés, pas d'analyse psychologique.
C'est un ballet immobile , une suite de plans séquence muets mais si puissants.

Le film a obtenu le prix spécial du jury dans la section "Un certain regard"  au festival de Cannes 2011.

Voici une 2ème photo, celle  du couple Elena/Vladimir.


De bons voisins de Ryan David JAHN

LIVRE

Roman d'une grande noirceur. Aucun suspens possible.

Au retour de son travail de gérante de nuit d'un bar, une jeune femme est agressée, violée et tuée dans la cour d'un immeuble à appartements.
Il est 4 heures du matin. Plusieurs voisins l'aperçoivent, entendent ses cris, certains la reconnaissent...
Pourtant, personne ne bouge. Ils préfèrent croire que quelqu'un (?) a prévenu les secours.
Passivité, indifférence, lâcheté ? Au lecteur d'apprécier;
Au cours de cette scène et de l'agonie qui la suit, l'auteur a greffé plusieurs histoires parallèles, celles de
voisins quelconques: un fils et sa mère, un couple échangiste , une femme qui fait une scène à son mari rentré tardivement du bowling , deux hommes qui se découvrent physiquement...
Tous empêtrés dans des problèmes divers : lassitude du couple, surcharge de travail , peur des préjugés ...
restent sourds au drame qui se noue.

L' écriture est précise, technique, chirurgicale. L'histoire racontée si sobrement suscite immédiatement l'empathie du lecteur qui ne manque pas de s'identifier à cette victime, abandonnée de tous , qui se traîne
désespérément vers la porte d'entrée de l'immeuble, perdant tout son sang.
C'est ELLE l'héroïne.
Ce calvaire d'une nuit de mars 1964 (New York)  est minutieusement relaté. Le lecteur en sort tétanisé.

Signalons que l'écrivain a été récompensé par Le Prix du meilleur premier roman décerné chaque année  par la Crime Writers Association. 
Edition Actes Sud 2012.

jeudi 20 juin 2013

Un avion sans elle de Michel BUSSI.

LIVRE 

Rien de tel pour finaliser un bon polar qu'un dénouement imprévisible, inattendu ....
Le coup de théâtre . .... Alors pour le "coup", c'en est un. Mais il est tellement imprévisible, ailleurs, qu'il
semble totalement "hors sujet" , venu de nulle part, tel le " deus ex machina".

Ceci dit, l'intrigue est bien ficelée autour de l'identité problématique d'une petite fille de 3 mois , seule rescapée du crash de l'avion qui assurait la ligne Paris-Istanbul.
Deux familles , genre les Groseille et les Duquesnoy  se disputent LA survivante et s'entredéchirent , car il y avait non pas 1 , mais 2 bébés dans cet avion !!!                                                                                         Laquelle a survécu ? Laquelle a péri?          
Après +/- 526 pages , le lecteur apprend la vérité......   en se disant :  Ah, c'était donc ça !!!
Ce roman m'a paru trop ( si l'expression existe ? ) "monolinéaire" , trop "monothématique" ...
Il y avait un côté lassant, répétitif...

Tout ceci ne m'a pas empêchée de louer le précédent roman de M.Bussi : " Nymphéas noirs".                      L'enquête a cette fois pour cadre Giverny , patrie de Monet et de l'impressionnisme ....


mercredi 19 juin 2013

VLADIVOSTOK de Cédric Gras.

LIVRE

Je recommande chaudement à tout amoureux de la Russie ce petit opuscule , paru en 2011 aux éditions Libretto.
L'écriture est plaisante, simple , toujours légère , parfois drôle.  Le livre fourmille de détails insolites ,
d'anecdotes cocasses ( p128) ... On en apprend beaucoup sur la langue ( p87) , les fêtes ( l'incontournable Nouvel An russe...) , les femmes , l'amour ...
C. Gras recadre certaines idées reçues , dépoussière certains clichés sur l'hiver russe , la démesure ...
Impossible d'appréhender la Russie , sans évoquer son immensité ( une carte de la Russie est présente en début de livre ) , son climat extrême, ses distances incroyables , les fuseaux horaires ( 7h de décalage entre Moscou et Vladivostok ) , le transsibérien ( p 50 ) ...
Tout cela module, colore les relations humaines , la communication.

Quelques citations:

p 164 : en parlant de la démesure , l'auteur cite un proverbe russe:" Il  serait dommage de mourir en bonne santé." !!!
p 102 : "La Russie est saoule du 24 décembre, par solidarité avec les catholiques , jusqu'au 8 
 janvier, lendemain du Noël orthodoxe."
p 72 : " L'amour en Russie est un fait de géographie." !!!
p 52 : " Les Russes n'aiment pas beaucoup les adieux. Plus que personne, ils savent que les immensités terrestres séparent aussi bien que les océans."
p 76 : " Je dois à la Russie une chose : ma générosité.                                                                         J'ai appris à offrir des fleurs à une jeune fille sans rien attendre   .....  J'aime le fait qu'en Russie, on se partage rarement la note: une personne paie sans même que les autres protestent .... On ne se livre jamais à des comptes d'apothicaire ou à de fausses politesses."

Et voici pour conclure un EXTRAIT  du grand DOSTOÏEVSKI.
                                                                                                                                                                      Il définit  L'ÂME    SLAVE :

"C'est , avant tout, l'oubli de toute mesure, en toutes choses ....C'est le besoin de franchir toute limite,
le besoin d'aller jusqu'au bord de l'abîme, et là, en proie à une mortelle sensation d'angoisse, de s'y pencher 
à mi-corps, de voir jusqu'au fond et, dans certains cas , cependant rares, de s'y jeter la tête la première.
C'est un besoin de négation, même parfois chez l'homme le moins porté à nier, même chez le plus pieux. 
Un besoin de renier ses sentiments les plus sacrés, jusqu'à son propre idéal, jusqu'aux croyances populaires les plus vénérables .....
Il y a une espèce de hâte, d'empressement avec lequel le Russe aime à s'exhiber  aux minutes les plus caractéristiques de sa vie .... à s'exhiber en bien ou en mal
Parfois même, il ne sait plus s'arrêter.
Que ce soit l'alcool, la débauche, l'amour-propre, l'envie, voilà le Russe qui se laisse aller presque sans retour, prêt à tout briser , à renoncer à tout : à sa famille, à ses traditions , à Dieu.

Tel brave peut devenir tout à coup un abominable chenapan et un meurtrier.
                                                                    Extrait du " JOURNAL   D'UN   ÉCRIVAIN ". 1881.