mercredi 19 juin 2013

VLADIVOSTOK de Cédric Gras.

LIVRE

Je recommande chaudement à tout amoureux de la Russie ce petit opuscule , paru en 2011 aux éditions Libretto.
L'écriture est plaisante, simple , toujours légère , parfois drôle.  Le livre fourmille de détails insolites ,
d'anecdotes cocasses ( p128) ... On en apprend beaucoup sur la langue ( p87) , les fêtes ( l'incontournable Nouvel An russe...) , les femmes , l'amour ...
C. Gras recadre certaines idées reçues , dépoussière certains clichés sur l'hiver russe , la démesure ...
Impossible d'appréhender la Russie , sans évoquer son immensité ( une carte de la Russie est présente en début de livre ) , son climat extrême, ses distances incroyables , les fuseaux horaires ( 7h de décalage entre Moscou et Vladivostok ) , le transsibérien ( p 50 ) ...
Tout cela module, colore les relations humaines , la communication.

Quelques citations:

p 164 : en parlant de la démesure , l'auteur cite un proverbe russe:" Il  serait dommage de mourir en bonne santé." !!!
p 102 : "La Russie est saoule du 24 décembre, par solidarité avec les catholiques , jusqu'au 8 
 janvier, lendemain du Noël orthodoxe."
p 72 : " L'amour en Russie est un fait de géographie." !!!
p 52 : " Les Russes n'aiment pas beaucoup les adieux. Plus que personne, ils savent que les immensités terrestres séparent aussi bien que les océans."
p 76 : " Je dois à la Russie une chose : ma générosité.                                                                         J'ai appris à offrir des fleurs à une jeune fille sans rien attendre   .....  J'aime le fait qu'en Russie, on se partage rarement la note: une personne paie sans même que les autres protestent .... On ne se livre jamais à des comptes d'apothicaire ou à de fausses politesses."

Et voici pour conclure un EXTRAIT  du grand DOSTOÏEVSKI.
                                                                                                                                                                      Il définit  L'ÂME    SLAVE :

"C'est , avant tout, l'oubli de toute mesure, en toutes choses ....C'est le besoin de franchir toute limite,
le besoin d'aller jusqu'au bord de l'abîme, et là, en proie à une mortelle sensation d'angoisse, de s'y pencher 
à mi-corps, de voir jusqu'au fond et, dans certains cas , cependant rares, de s'y jeter la tête la première.
C'est un besoin de négation, même parfois chez l'homme le moins porté à nier, même chez le plus pieux. 
Un besoin de renier ses sentiments les plus sacrés, jusqu'à son propre idéal, jusqu'aux croyances populaires les plus vénérables .....
Il y a une espèce de hâte, d'empressement avec lequel le Russe aime à s'exhiber  aux minutes les plus caractéristiques de sa vie .... à s'exhiber en bien ou en mal
Parfois même, il ne sait plus s'arrêter.
Que ce soit l'alcool, la débauche, l'amour-propre, l'envie, voilà le Russe qui se laisse aller presque sans retour, prêt à tout briser , à renoncer à tout : à sa famille, à ses traditions , à Dieu.

Tel brave peut devenir tout à coup un abominable chenapan et un meurtrier.
                                                                    Extrait du " JOURNAL   D'UN   ÉCRIVAIN ". 1881.



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