lundi 17 février 2014

LE PASSÉ de A.Farhadi

FILM

On ne peut décidément pas me compter parmi les adeptes du cinéaste iranien  A. Farhadi !!!
Déjà , "Une séparation" m'avait insupportée. Ce film tournait en rond , ne parvenant pas à répondre
à  LA question " Le héros a-t-il , oui ou non, poussé la femme dans les escaliers"?

Cette fois, c'est pire.
Tout est compliqué, tourmenté, embrouillé, torturé, nébuleux .... et surtout  si cérébral, mental.
Une vraie prise de tête !!!
On navigue entre mensonges , secrets et révélations , entre colères subites et revirements inexpliqués,entre soupçons et confessions ....
Le moindre petit mot ou geste mal interprété devient "une affaire d'état".
Insupportable, la manière dont Céline ( l'actrice, Bérénice Bejo) s'adresse à ses enfants, son ex-mari,à son "futur"(?) mari. C'est si cassant, si abrupt , ça confine à l'invraisemblable.
D'accord , elle est en pleine crise et le bateau prend l'eau de toutes parts, mais quand même ...
Jamais une once de tendresse, de douceur , de sensibilité, ...oserais-je dire d'humanité vis-à-vis de ses proches. C'est ahurissant.

Finalement, une scène sauve la mise , à mes yeux . Elle sonne juste, elle est claire et nette, c'est la dispute entre les 2 jeunes enfants.... C'est tout dire.
Ah oui, il y a aussi l'ex-mari qui , lui ,  reste calme , bienveillant, pose les bonnes questions et reste assez "zen" au milieu de la tempête.

Pour terminer , je me dois de dire que Bérénice Bejo a remporté le prix d'interprétation féminine pour ce film  au dernier festival de Cannes ( 2013 ) ....Il y en a donc qui ont apprécié son jeu.


lundi 10 février 2014

The broken circle breakdown de Felix Van Groeningen

FILM

Un film assez bouleversant , même poignant. Une petite pépite.
Poétique sans être mièvre .
Musical sans qu'on soit assommé de sons.
Dramatique sans être larmoyant.
Sensuel  sans être écoeurant.

Le cinéaste flamand  aborde le douloureux thème de la perte d'un enfant et  l'après ...
Le couple se déchire . Chacun réagit différemment et cette 2ème partie du film est intense.
Le montage audacieux du film concourt à l'originalité de l'ensemble . Des scènes éprouvantes de l'évolution de la maladie alternent avec des instants de bonheur familial , tout simples et touchants.

Pas étonnant non plus que ce film soit nommé aux Oscars dans la catégorie " Meilleur film étranger". Il a dû plaire aux Américains à différents niveaux, notamment pour sa musique bluegrass , mais aussi pour la  "charge"  du père contre l'étroitesse d'esprit d'un George Bush , qui au nom de principes moraux et religieux , se refuse à soutenir certaines avancées scientifiques.

Les Flamands au pays de l'Oncle Sam feraient un tabac?? !!! ... Pas du tout impossible.

vendredi 7 février 2014

PRISONERS de Denis VILLENEUVE

FILM

Je vais , cette fois, emprunter un chemin facile, caractéristique de certaines critiques sur le net.
Le mode binaire: J'ai aimé/J'ai pas aimé.

1)  LE PLUS : - l'ambiance pluvieuse, glauque, désespérément triste, pleine de "flous" du polar.
                       - le jeu subtil de Jake Gyllenhaal, le policier.
                       - la toute dernière séquence ( quand le policier entend un faible sifflement ...)
                         est très réussie.

2)  LE  MOINS :  - l'intrigue trop cousue de fil blanc.
                               Évidemment qu'on allait retrouver les petites filles...
                             - Une enquête policière peu crédible qui , notamment,ne semble pas du tout s'intéresser à                                 la disparition soudaine du premier et principal suspect, relâché faute de preuves ...
                             - Une scène de suicide  si peu cohérente par rapport au gars, si maladroitement  filmée.

3) LE PIRE !!! : Le plus insupportable , à mes yeux , est cette violence exacerbée, gratuite dont
                           fait preuve le père  ( joué par Hugh Jackman / cfr photo ) d'une fillette à l'égard 
                           du suspect. La torture raffinée pour faire avouer à ce dernier l'endroit où sont séquestrées                               les fillettes.
                           Le personnage est tellement borné,monolithique,pathologiquement atteint qu'on en                            oublierait presque qu'il est la victime, en tout cas son père!!!
                           D'autant plus que cet homme est censé représenter"l'Américain moyen" qui veut , au                                mépris de la Loi , se faire justice.
                           Les scènes de torture, proches de l'insoutenable , m'ont mise tout à fait mal à l'aise.

Dommage donc ..... J'avais été tellement touchée par le précédent film de D. Villeneuve:
"Incendies" ( 2011) . voir critique sur ce Blog.














dimanche 2 février 2014

Le SERMON sur la chute de Rome de Jérôme FERRARI

LIVRE 

J'ai rarement lu un roman aussi ardu, aussi hermétique , .....aussi rébarbatif ...
J'ai voulu arrêter à la page 40, puis 70 ..... puis j'ai continué ....jusqu'à la lie !!!
Énorme difficulté à entrer dans cette histoire, à m'intéresser à ses protagonistes ....
J'ai pourtant continué ... car le style , la tournure des phrases, parfois kilométriques sont remarquables...
Plaisir de cette langue française, si bien maîtrisée .
Mon Dieu, que c'est bien écrit et on comprend que l'écrivain ait été récompensé du Prix Goncourt 2012.
Notamment , pages superbes et effrayantes sur l'épisode colonial  du héros, Marcel ( p131 à 148 ) ,
chapitre intitulé " Où iras-tu en dehors du monde" .

MAIS, de cette histoire , je n'ai rien compris et rien retenu .....  sauf que tous les personnages cherchent , sans jamais la trouver,  leur place en un monde ,  où tout n'est que ruines, déliquescence, désolation, non-vie, ténèbres , CHUTE ...

A vous de voir si vous voulez entreprendre ce voyage littéraire ....

Les critiques sont toutes très élogieuses . J'ai pourtant trouvé celle d'une internaute sur le site de Télérama.
La voici :
"Je me faisais une joie de lire ce livre dont les critiques parlent si bien, hélas jamais ne s'est autant vérifié l'évidence que c'est d'abord de soi qu'on parle.
Nos critiques ont donc une âme !
Parce que le style en est si boursouflé, "faiseur", qu'il fait parfois sourire.
Pourtant que d'efforts pour faire sérieux. On ne sent même que ça.                                                  J'aurais aimé trouver dans cette histoire quelque chose de sincère : s'être donné la peine d'écrire, ça démontre un projet quand même!   Mais il n'est pas donné à tout le monde d'être "voyant" et de raccrocher une histoire banale et pitoyable au souffle de l'histoire.
Du particulier, passer à l'universel : ça n'a été qu'un rêve. Un petit rêve.

Parce que pour rattacher ce bar corse (où se passe l'essentiel de l'action )  à la chute de ROME et à un basculement de civilisation,
Il faut beaucoup, beaucoup de bonne volonté  " .... de  SYLÈNE , le 9/01/2013.

Je suis  totalement d'accord avec ... la dernière phrase !!!

lundi 27 janvier 2014

L'AMOUR EST UN CRIME PARFAIT des frères Darrieu

FILM

Film très écrit ( forcément, il s'inspire du roman  "Incidences" de Philippe DJIAN  ...)
porté avec brio par l'acteur Mathieu Amalric.
Les multiples expressions de son  visage donnent le ton du film.
Visage , tantôt incrédule, troublé,émerveillé, tourmenté, vulnérable ....
Les paysages magnifiques des Alpes sont un autre atout du film et donc pourquoi pas le sous-titre
"Visage et paysages"...
Marc , professeur de littérature , anime des ateliers de littérature à l'Université. Séduisant et séducteur, les filles sont folles de lui. L'une disparaît, une enquête débute, mais la vie , la vie débridée de Marc  avec
son lot de conquêtes amoureuses se poursuit ......suite à l'écran!!!

La phrase qui inaugure le film et l'atelier d'écriture est la suivante:
"L'homme est moins marqué par les expériences du passé que par les paysages dans lesquels il a vécu"  ... Écrivez-moi le paysage de votre père , de votre mère , de votre frère ou de votre soeur , dit le
professeur.

Ce film m'a donné envie de lire le roman de DJIAN qui a été , par ailleurs, très bien accueilli par la critique.

vendredi 24 janvier 2014

La cuisinière d'Himmler de Franz-Olivier GIESBERT



LIVRE

Décidément, j'aime le style de Franz-Olivier GIESBERT.
( J'ai lu "La souille" en 1995  et "L'Américain en 2004 )

Un style simple, efficace, sans fioritures qui favorise la lecture.
Un contenu profond, mais exprimé en phrases légères  et teintées d'humour.
Cette fois, l'écrivain-journaliste s'est glissé dans la peau d'une arménienne, née en 1907, rescapée du génocide. Personnage fougueux, haut en couleur qui traverse ce 20ème siècle.
On vit ses joies , ses tourments, ses virées vengeresses , on suit ses emballements comme ses déboires amoureux.
Étonnant pour un livre, mais il  s'en dégage  un vrai enthousiasme contagieux , un plaisir sensuel de cuisiner, de manger, d'aimer , de sentir le corps désiré , de croquer la vie à pleines dents, de goûter à tous les plats , fussent-ils fades ou amers.
C'est aussi un voyage spatio-temporel. On traverse  tout ce 20ème siècle, de Marseille à Pékin, en passant par Chicago, en rencontrant Himmler, Sartre et Beauvoir, des Juifs, des collabos, des impunis et aussi les petites frappes de Marseille en 2012...


Quelques phrases qui m'ont plu:

p18 : " Le grand âge qui est le mien ( elle a 105 ans  au début du récit )  m'a appris que les gens sont bien plus vivants en vous une fois qu'ils sont morts.C'est pourquoi mourir n'est pas disparaître, mais , au contraire, renaître dans la tête des autres."

p296 : " Je n'aime pas les crépuscules. C'est comme s'ils me retiraient la vie de la bouche.Le monde est mal fait : le soleil se couche toujours  quandon a le plus besoin de lui. "  ( J'adore !!!....)

Un lien vers une courte video de F.O Giesbert expliquant  le contexte de son roman:

http://www.youtube.com/watch?v=aK82KjLP-wY


lundi 20 janvier 2014

LE LOUP de WALL STREET de Martin Scorsese

FILM

"Le   Loup de Wall Street "   ....  OU  les ravages du fric, du sexe et de la drogue - cocktail détonant!!:

Ce film fait froid dans le dos.
Tant de turpitudes, de débauches , de dépravations ......MAIS il y a la manière et ça , c'est l'art de Scorsese de nous servir le plat bien chaud , relevé, épicé.
Ces presque 3 heures de film passent à toute allure. C'est rythmé, enlevé.
Pas de temps mort dans l'ascension de ce jeune loup , génialement interprété par Di Caprio qui montre ici l'étendue de son talent d'acteur.

 IL SAIT TOUT FAIRE : jouer l'arriviste , le manipulateur brillant qui galvanise ses troupes, le mari paumé , idiotement amoureux de sa femme, le drogué baveux , en pleine défonce , le finaud qui essaie de jouer au plus fin avec un agent du FBI ....  

Le film est techniquement brillant, mais dépourvu de toute réflexion morale.
Aucune leçon à tirer. On nous montre juste un univers décadent,corrompu,irresponsable.
Et je le répète: ça fait froid dans le dos. 

Je me permets de citer un extrait révélateur d'une critique lue sur un Blog "Avoiralire.com": 

  ...."Rail de coke après rail de coke, muqueuse après muqueuse, punchline après punchline, la team Scorsese/Winter 
bâtit sans décélérer une transe débile mais fascinante, qui porte la débauche friquée et le goût de la liasse vers un point d’abstraction –ou une zone vide de sens – dont on se demande s' il ne frôle pas l’art contemporain. Un cirque hédoniste jamais subversif, mais jouissif parce que conscient de ne pas l’être. Et quand les personnages baissent de régime, après avoir avalé 40 quaaludes assassins, le film se débrouille quand même pour tisser une séquence d’aventure enslow-motion opiacé aussi stressante qu’une course contre la mort. Ou en l’occurrence, contre la tôle."