mercredi 29 octobre 2014

BIRD PEOPLE de Pascale FERRAN


FILM

8 ans après "Lady Chatterley",PASCALE  FERRAN sort un nouveau film encensé par certains,décrié par d'autres... Il ne laisse pas indifférent ,preuve ,s'il en est de son intérêt cinématographique.

Il est des moments où tout un chacun se pose "LES" questions essentielles,celles du sens de sa vie,de ses choix professionnels,amoureux...
Moment de remise en question, d'évaluation,de décision, voire de rupture...
Impossible de revenir en arrière,en tout cas pour le héros du film,Gary.

Ce film particulier,très particulier est surtout intéressant dans sa première partie.
Un début très prometteur,très original,une scène de rupture via Skype,le recours à la voix off totalement justifié pour zoomer sur le choix de Gary.
Ensuite,ça tourne en une longue allégorie féérique (genre Cendrillon,réveil de la Belle au bois dormant...). Même si elle n'est pas dénuée de poésie, cette deuxième partie égare le spectateur sur un chemin imaginaire qui a de quoi surprendre.
On attend impatiemment,trop impatiemment la scène finale qui elle est éclatante de simplicité.

Je reprends à mon compte la critique d'un internaute publiée sur le site de Télérama le 5/7/2014: l'internaute est GLADYS65:

 "Comme j'aurais aimé l'aimer ce film qui semble original mais se perd en route. Chacun sa sensibilité, j'ai beaucoup aimé le début où l'on voit les voyageurs chacun dans sa bulle écouter la musique de son choix, le parallèle entre les pertes de temps de trajet d'Audrey et Gary et donc le moment de se poser des questions sur son choix de vie. Audrey semble trouver sa place dans ces gestes répétitifs de remise en ordre alors que Gary ne trouve plus la sienne dans son ordonnancement impeccable. Très sagement, on nous déroule le programme avec des cartons : Gary, puis Audrey. Puis on s'envole vers un autre monde et c'est long, interminable. Regardez comme c'est beau Roissy la nuit, oui bon et alors ! Très joli moment poétique avec le japonais. De belles scènes de ci, de là: la rupture où l'on sent la lassitude de Gary qui a franchi le point de non retour, le petit minois d'oiseau d'Anaïs. P. Ferran avait plein de bonnes idées, mais qu'elle n'a pas su raccorder entre elles. Petite incursion dans la nature qu'elle aime tant, mais pourquoi suivre Roshdy Zem dans ce no mans land, où ne restent que les ordures dont profitent les oiseaux. Beaucoup de thèmes abordés mais trop de confusion. La rencontre finale n'apporte rien, happy end obligé qui plombe le récit. Que chacun suive sa route parallèle. Un nouveau montage de ce film serait super." (souligné par moi )

mardi 14 octobre 2014

THE DROP ou "CEUX QUI TOMBENT" de Michael CONNELLY

LIVRE

Harry Bosh is back. Il est proche de la retraite,mais on lui confie une nouvelle affaire (le suicide présumé du fils d'un ex-chef de la police,ennemi juré de Harry).En même temps , il essaie de démêler une affaire vieille de 20 ans ,non élucidée.
Il s'agit là de retrouver la trace d'un prédateur sexuel, tueur de femmes et pédophile ,de le confondre grâce à de l'ADN retrouvé sur une ceinture d'un gosse qui a maintenant 30 ans et croupit en prison.
L'intérêt du polar provient de cet habile mélange des genres:deux affaires pour le prix d'une.
Ce polar plaira aux amateurs de "Cold Cases".Il vient d'être traduit en français (2014),il est paru en 2011 sous le titre "THE DROP".

C'est comme dans le métier de prof: il y a toujours un cours qui tourne,qui est rodé et à l'avant-plan,un cours nouveau,exigeant qui demande beaucoup plus d'investissement.

vendredi 3 octobre 2014

L'INVENTION DE NOS VIES de Karin TUIL

LIVRE

J'ai démarré cette lecture avec enthousiasme,immédiatement prise par le sujet,par les 3 personnages mis en scène, par la construction du récit.
Mais surtout,quel STYLE,généreux,prolifique,audacieux!
Je citerai l'extrait d'un article du NouvelObs qui lui est consacré:

"  Mes parents, émigrés juifs d'Afrique du Nord, ont eu un désir d'intégration et d'assimilation très fort. C'est pourquoi le sujet de la discrimination m'intéresse. J'ai écrit ce livre avec cette rage sociale présente en moi dès l'origine. » K.Tuil.

Un thème on ne peut plus actuel. Mais ce qui frappe le plus dans «l'Invention de nos vies», c'est sa ponctuation. On attend les points et les virgules comme on guette les aires de repos sur une autoroute : une pause, une respiration. Quant à ces barres obliques qui tranchent les phrases, elles lui ont été inspirées par le rap. Karine Tuil/portraitiste de la violence contemporaine/mérite prix littéraire.
Sophie Delassein.  
  
Article du 17/10/2013. Le roman vient de paraître en collection/poche.

Bon, j'ai terminé ce roman brillant qui m'a tenue en haleine sans faiblir jusqu'aux dernières pages que j'ai lues tard dans la soirée.
Quelle histoire incroyable et totalement maîtrisée!
L'auteure réussit,tout au long du roman,à maintenir un équilibre subtil entre 3 destins intimement liés, imbriqués,destins de 2 hommes et d'une femme.
Le propos est actuel, brûlant même,car il tourne autour de la quête identitaire,juive/arabe (p410),car il est question de la"tentation djihadiste",mais aussi de l'argent,de l'ascension sociale,du pouvoir de séduction ,de manipulation des hommes,de la passion amoureuse...

Le pitch,comme on dit aujourd'hui,serait:

APRÈS L'ESCALADE,LA DÉGRINGOLADE ....
 
Comment un être au sommet de la gloire,au sommet de la réussite sociale,professionnelle,personnelle va-t-il connaître la désillusion, l'anéantissement,la descente aux enfers...

La prouesse narrative , c'est que là où le lecteur attendait un dénouement tragique,dramatique,la romancière propose une fin en forme de LIBÉRATION et cela pour les 3 protagonistes de l'histoire.L'un,Samir se sent libéré d'une énorme pression sociale,il peut juste REDEVENIR lui-même,sans tromperie, sans imposture, ni mystification identitaire.
Le second,Samuel rejette la renommée littéraire et son cortège d'asservissements,de faux semblants.
La troisième, Nina se réalise dans un univers de femmes,délivrée du besoin de plaire,soumise au regard exigeant des hommes; Je cite la page 486:
" Elle aime son corps désentravé du souci de plaire;c'est nouveau pour elle qui n'a cherché que l'approbation des hommes,qu'à se placer sous leur protection- quelle protection?Ils l'ont exposée au pire.Elle assume ce qu'elle est désormais:une femme pauvre,pauvre mais libre." 

La fin du roman est vraiment MAGNIFIQUE.Ce livre est une RÉUSSITE.

LE LISEUR du 6H27 de Jean-Paul DIDIERLAURENT

LIVRE

Un premier roman.Un grand succès.Le bouche à oreille a bien fonctionné.Le livre a été acheté dans 25 pays.Succès mérité?OUI.

Voici quelques plus:
- la grâce de l'écriture,écriture à la fois simple et efficace.
- l'amour des mots,l'éclat de cette merveilleuse langue de Molière mise en évidence 
  notamment au travers d'alexandrins très réussis dont un ami du héros a le secret. 
- la drôlerie de certaines descriptions, en particulier celle du Speed dating,les observations 
  amusées et réalistes de "Madame Pipi"....
- l'élégance de la fin de l'histoire.

MAIS, personnellement je ne suis jamais entrée dans ce roman gentillet, bien pensant et bien pensé.Nulle envie de connaître la suite: ce qui arriverait à ces gens simples,si le héros retrouverait la propriétaire de cette clé USB trouvée dans le métro.... etc

mardi 23 septembre 2014

LA JAULA DE ORO de Diego Quemada-Diez

FILM
Film présenté à Cannes dans la catégorie "Un certain regard"  en 2013.
Film de salubrité publique.
A montrer à notre jeunesse européenne, souvent chouchoutée, bien installée dans un lieu de vie agréable .....Enfin, une grande majorité en tout cas...

De jeunes guatémaltèques se lancent à l'assaut d'un Eldorado qui a pour noms "Los Angeles","Les États-Unis"... Littéralement à l'assaut,car il s'agit pour eux d'attraper des trains en marche et de s'y planquer... Que d'embûches,que de déboires,que de rencontres malveillantes,mais aussi et surtout quel apprentissage de la solidarité, du sens de l'autre!!!
MAGNIFIQUE! ....Une des dernières scènes m'a particulièrement touchée,vous comprendrez laquelle.

Rêves d'or (espagnol : La jaula de oro) est un film dramatique hispano-mexicain coécrit et réalisé par Diego Quemada-Diez, sorti en 2013.



jeudi 18 septembre 2014

Le temps de l'aventure de Jérôme Bonnell /2013

FILM

Mais quelle belle histoire d'AMOUR!!!
si vraie,si pudique,sans enjeux,sans attente,sans image de soi à défendre .....et surtout totalement CRÉDIBLE.
Une rencontre d'un jour, d'une après-midi même,sans lendemain...
Voilà ce qui nous est proposé pendant 1h45...Le charme qui se dégage est sans doute dû au délié d'EMMANUELLE DEVOS,son élégante nonchalance,sa manière de marcher avec sa jupe "toutes voiles dehors",de traverser l'espace,d'arranger ou de déranger ses cheveux...
La filmer souvent de dos,brillante idée... cette nuque nous parle autant que ce regard tout à la fois pudique, craintif,ingénu et si confiant.
Face à elle,Gabriel Byrne,énigmatique et tendre,bouleversé par cet être qui se présente à lui plus qu'elle ne s'offre.


Ah,Gabriel BYRNE !!! ...moi je dis tout de suite:OUI!
  
 

Pas son genre de Lucas BELVAUX

FILM

Qu'est-ce qui caractérise une grande actrice?
Sûrement,sa capacité à se métamorphoser,à se diversifier,à endosser des rôles contrastés...
C'est bien le cas d'EMILIE DEQUENNE qui depuis "Rosetta" nous a montré les multiples facettes de son talent.
Ici, elle est tout simplement craquante,sexy à souhait,instinctive,naturelle,vraie dans sa détresse,convaincante en chanteuse de karaoké,voire bouleversante quand elle interprète:"I will survive".On adhère complètement à cette petite coiffeuse de province qui se donne totalement dans un amour improbable,puis peu à peu épingle les petits couacs,mesurant le fossé qui la sépare de son amoureux.Elle est finalement bien obligée de s'avouer à elle-même que ça ne marchera jamais avec lui.
Une grande Emilie Dequenne donc dans une histoire somme toute banale qui a déjà été traitée maintes fois au cinéma, mais Lucas Belvaux était aux commandes et assure avec son habituelle sensibilité.