lundi 20 mai 2013

La Maison du Sommeil de Jonathan COE - 1997-


LIVRE 

J'avais beaucoup apprécié " La pluie avant qu'elle ne tombe" de Jonathan COE , paru  en 2010 ( voir critique  du 9/8/2010 ... sur le Blog ). Ce roman-ci est antérieur , il date de 1997.

Certains romans sont remarquables de par leur construction narrative.
C'est le cas de " La maison du sommeil ".
Les chapitres se succèdent , en alternant 2 périodes temporelles : les années 83-84 (  pour les chapitres impairs ) et les années 96-97 (  pour les chapitres pairs ) . Belle idée narrative.
L'action se déroule dans un même lieu , le village d'Ashdown sur les côtes anglaises  , mais la maison d'étudiants ( Sarah, Robert , Gregory , Terry .... )  s'est transformée des années plus tard en une étrange clinique du sommeil !!!
Les étudiants du début sont devenus des adultes accomplis aux destins variés .... Le fil rouge de l'histoire
est le lien de chacun au sommeil. Pour l'une , c'est carrément la narcolepsie . Sarah plonge soudain dans un sommeil profond n'importe où , n'importe quand .... Terry , quant à lui , est insomniaque , il n'a pas dormi
une nuit en 12 ans ...
On navigue entre sommeil profond et insomnie , entre rêve et rêve éveillé .
L'un de ces étudiants , un peu plus "allumé" encore  , un peu fol dingue , genre docteur Folamour , a  ouvert une clinique où il observe scientifiquement  le sommeil de ses patients .
Selon lui , il s'agit d'arriver à ne plus dormir  ou si peu ...
" Dormir , c'est une maladie, ... En dormant huit heures par jour , on raccourcit d'un tiers son temps de vie "
dit Gregory à Terry ( p232 ) . Voilà qui est clair , dormir , c'est perdre son temps . Original ? Non?

Jonathan COE s'est clairement amusé , en écrivant ce roman ( lui qui aurait souffert de somnambulisme ...).
Il n'en livre pas moins une partition très réussie: les chapitres se chevauchent , se répondent d'une époque à l'autre grâce à de subtils liens : tel mot en annonce ou en rappelle un autre , telle situation vécue 15 ans avant s'éclaire et prend tout son sens , tel être réapparaît là où on ne l'attendait pas du tout;
Le STYLE est au rendez-vous  ( suivent quelques citations ... ) , mais aussi  l'ORIGINALITÉ  dans la manière d'aborder  divers sujets et surtout de nous surprendre ,  ...........   car  RIEN , absolument RIEN n'est prévisible dans cette histoire.

 LE STYLE :
" Gregory faisait l'amour avec la froideur intellectuelle qu'il admirait dans les pièces pour clavier
  les plus rigoureuses de Bach . "  p 33.

" Rappelons que le langage est un amant cruel et sans foi ; c'est un tricheur professionnel, qui sort
   des jokers de ses manches ; c'est une flûte lointaine dans une nuit de brouillard, qui nous joue des 
   mélodies à moitié oubliées ; c'est la lampe intérieure d'un frigo, qui est toujours allumée quand on
   ouvre ;  ( J'adore !!! ... )  c'est un chemin fourchu ; c'est un couteau dans l'eau. " p 368.


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