dimanche 28 décembre 2014

LE PREMIER HOMME d'Albert CAMUS

                

  LIVRE 

Ce titre m'a toujours semblé si rébarbatif,peu engageant.
Récemment,lors de l'émission "La grande librairie" (Fr5) consacrée au livre qui a changé notre vie, un intervenant a évoqué  l'oeuvre de CAMUS et cet ouvrage posthume.
Il faut savoir qu'un manuscrit de +/- 140 pages de brouillon indéchiffrable a été retrouvé dans une sacoche après l'accident de voiture qui coûta la vie à l'écrivain.
J'ai donc commencé cette lecture pour mon plus grand bonheur.

Rien que le premier chapitre est une merveille. ( Je l'ai relu 3X!!!).En voici la teneur:

Un homme, une femme dans une charrette,quelque part en Algérie.
La pluie arrive,d'abord finement, ensuite en averses abondantes.
La femme a mal.On apprend qu'elle va accoucher...
L'homme prend les rênes pour accélérer le rythme.
Ils arrivent à une maison, nouvelle,leur maison.
L'homme part en quête d'un docteur dans ce bled qu'il ne connaît pas.
Quand il revient, un nouveau-né est là, un garçon. 

On l'aura compris, cet enfant , c'est Albert Camus qui s'appellera dans le roman,Jacques.
40 ans plus tard,l'enfant devenu homme se rend au cimetière de Saint-Brieuc saluer la mémoire de son père tombé au champ d'honneur( en octobre 1914 ).
D'abord indifférent, Jacques s'émeut quand il réalise l'âge auquel son père est décédé:30 ans.Plus jeune que lui qui en a 40.Du coup, c'est plein de compassion et de désir d'en savoir plus sur ce père ignoré que le fils avance.

S'ensuivent des pages magnifiques sur les lieux de cette enfance algérienne, sur les retrouvailles avec sa mère ....
Quel style si particulier, des mots toujours appropriés, signifiants,bien qu'inattendus.
En voici 2,3 exemples: 

" Et le flot de tendresse et de pitié qui d'un coup vint lui emplir le coeur n'était pas le mouvement d'âme qui porte le fils vers le souvenir du père disparu,mais la compassion bouleversée qu'un homme fait ressent devant l'enfant injustement assassiné -- quelque chose ici n'était pas dans l'ordre naturel et,à vrai dire,il n'y avait pas d'ordre mais seulement folie et chaos là où le fils était plus âgé que le père....  p35.

L'enfant,pris entre les deux déserts de l'ombre et du soleil,se mettait à tourner autour de la table ... en répétant:"Je m'ennuie!Je m'ennuie" ... p51

A l'hôtel,il demanda la chambre qu'il avait retenue,refusa les services de la femme de chambre qui avait une figure de pomme de terre et qui voulait porter son bagage... p31. 



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