dimanche 12 juillet 2015

NAISSANCE de Yann MOIX

LIVRE
Ça arrache,ça décoiffe .....
C'est impertinent,insolent,tranchant,cynique,drôle,farfelu,parfois indigeste,(il faut passer outre les fastidieuses énumérations...),décalé,provocateur,merveilleusement déjanté...et surtout très,très bien écrit.
Les mots,il sait y faire Yann Moix.
Les 100 premières pages,hilarantes.L'art de revisiter ce moment à la fois si universel et si particulier où tout commence/la naissance avec des mots gorgés,détricotés,désarticulés,travaillés au corps,dé-sensés.Il prend les choses, les mots à l'envers/à revers.

Quelques exemples:
"Je voudrais dérompre" p331.
"Les parents nous ont donné la vie,à nous de la leur reprendre"
"L'amour,ça ne se fait pas.C'est même la seule chose qu'on ne puisse faire.C'est lui qui nous fait.Nous défait le plus souvent." p173.
A propos de la vieillesse,tout est dit:
"Quand la fin de tout est proche,tout devient sans conséquence,tout devient gratuit .
Les vieux ainsi que les enfants barbotent (j'adore!) dans la gratuité du monde" p339.

Certains passages sont d'une grande poésie/exemples:
"Chaque femme enceinte est un ballon qui s'élève dans l'azur" p544.
A propos de Gide:"Je n'ai donné que de l'absence à ma femme" p426.
"La statue (de Moïse) reste et regarde,têtue dans son regard,insistante en son imposée direction,folle de cet horizon bloqué,de cette obstination d'étau infligée par son décédé sculpteur.....
Les statues se souviennent de tout:nous fûmes avalés par chacune d'elle à chacun de nos passages..." p348.
En évoquant sa grand-mère,l'écrivain fait l'éloge d'une"catégorie" de femmes:
" Les femmes d'apparence fragile cachent parfois des forces étonnantes... Ma grand-mère régnait à son corps défendant sur son entourage.Sa fragilité était dominatrice.Derrière ses paupières à moitié refermées ruminait le feu d'un volcan...
.... Certaines femmes(dont sa grand-mère) ont su, à la faufilée façon des anguilles,slalomer entre les horreurs de l'existence,les coups bas du destin et face à la tragédie,vieillies mais toujours fillettes dans leur faciès de poupées,elles ont conservé un regard lunaire et naïf,tendre.
C'est leur regard sur le monde,déserté de toute méfiance,dénué de toute cruauté,qui a permis aux saisons de passer à travers elles comme des rayons X,sans en consumer la part absente et enfantine..." p414.

L'écrivain évoque des écrivains tels Gide,Proust.
Il écorne au passage Giscard d'Estaing,trop"fiscal" selon lui.p478.
Il redynamise le lien Père/Fils dans la religion catholique.p493-498.Le Fils étant avant le Père dans le passé.
On a droit à une description sans appel d'un basset(p471) et à une approche assez philosophique de la race des chiens.

Je suis +/- à la page 600 des 1143 pages.
A suivre,donc ...
 
 
 



 



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