dimanche 23 août 2015

MINIATURISTE de Jessie BURTON

LIVRE

Le début du récit est prometteur.
Ambiance austère d'une maison d'Amsterdam au 17ème siècle,mystère d'un mariage non consommé,mari absent ou fuyant,hostilité entre les femmes ...
La narration progresse avec son lot de surprises,coups de théâtre... notamment,l'étrange cadeau du mari à son épouse:sa maison en miniature... ( Maison miniature de Petronella Oortman,exposée au Rijksmuseum d'Amsterdam)

                                               
 
Ensuite,viennent les étranges livraisons de poupées/figurines,plus vraies que nature,car elles représentent à s'y méprendre les habitants réels de la maison...
Puis,ce sont des complots,des secrets,des mots chuchotés,des silhouettes entr'aperçues,une femme aux cheveux blonds...
Serait-elle la miniaturiste,la créatrice de cette oeuvre d'art?a-t-elle écrit ces phrases sibyllines qui accompagnent les livraisons?

Questions restées sans réponses,alors qu'elles sont le moteur du récit.
D'où sentiment de frustration,impression d'avoir été légèrement mené en bateau....
Le lecteur reste sur sa fin,sans compter une scène assez incompréhensible dans la logique du récit:celle où "l'amant" du mari trucide la chienne bien-aimée de celui-ci et manque de faire subir le même sort au serviteur noir.Pourquoi?Pourquoi un tel acte?Quel mobile?MYSTÈRE.
En plus, cette scène est mal écrite.

Il n'empêche.Ce récit captive par son intrigue complexe,par la beauté de l'écriture,par son héroïne attachante,par la restitution d'une ambiance passée avec ses coutumes commerciales,religieuses,alimentaires...
Ce léger brin de sociologie n'est pas pour déplaire.

Voici quelques passages du roman,témoins de ce beau style:

"Il semble que la maison soit encore éveillée,malgré l'heure terriblement tardive.Elle entend qu'on ouvre et referme la porte d'entrée,puis qu'on ouvre une autre porte,à l'étage...Suivent des chuchotements,deux voix,des pas dans le couloir avant qu'un silence intense n'enveloppe toute la maison.
Elle tend l'oreille,esseulée.Un filet de rayon lunaire vient éclairer le lièvre et la grenade pourrie sur un tableau.C'est un calme trompeur.On dirait que la maison respire.
Elle n'ose pas quitter à nouveau son lit,pas en cette première nuit."  p43.   

"C'est lors du trajet en barge jusqu'à la guilde des argentiers que les nouveaux époux sont seuls pour la première fois... Nella inhale l'air du bateau,les indices des lieux où il est allé,l'arôme de cannelle dans chacun de ses pores.Elle retrouve une trace de la forte odeur musquée qu'elle a sentie,le premier soir à la porte du bureau.Le visage tanné de son mari,ses cheveux trop longs,décolorés,raidis par le soleil et le vent,déclenchent en elle une pulsion embarrassante... le désir de savoir ce qu'elle éprouvera quand ils s'allongeront enfin ensemble.... peut-être viendra-t-il ce soir,après la fête?..." p110.

"Le silence tombe entre eux et ils enlacent leurs mains,comme si le contact de la chair pouvait retarder l'arrivée de l'aube." p474.  
 

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