dimanche 25 juin 2017

DANS LA FORÊT de Jean HEGLAND

LIVRE

Il en est des livres comme des films.
Certains nous transportent,nous traversent de part en part,nous transforment,nous marquent en profondeur.On sait qu'on ne les oubliera pas.
C'est le cas de ce roman qui réunit tout ce qu'un lecteur peut espérer de sa lecture.
D'abord l'histoire.Originale,cohérente,elle fourmille de rebondissements,d'épisodes imprévisibles,maintenant le lecteur en haleine.
Un subtil mélange de poésie et d'ancrage dans le réel,celui de la nature.
Immersion garantie.L'imaginaire de l'écrivaine américaine est en effet pétri de détails concrets:découverte de techniques,de trucs,de méthodes de cuisine et de médecine pour survivre dans un univers isolé et dépourvu des ressources de la modernité,car les deux héroïnes du roman,deux soeurs sont livrées à elles-mêmes et confrontées aux conditions d'une vie/survie sans électricité,ni essence...Privations,calcul drastique des ressources alimentaires,trésors d'imagination sont alors au rendez-vous.
Une fine analyse psychologique des héroïnes s'accompagne d'une réflexion philosophique essentielle sur la survie,la capacité de résistance et d'adaptation de l'être humain,sur la solidarité aussi,indispensable dans des conditions extrêmes. 

C'est une oeuvre totalement originale.
Un roman touché par la grâce.

Quelques extraits,notamment ce moment où Nell choisit 3 livres à emporter:

"Puis ça été mon tour, et j’ai eu l’impression d’être Mère Courage, forcée de choisir entre ses enfants. J’ai fait le tri dans le tas de livres par terre, et je les aimais tous. J’aimais l’odeur et le poids de chacun d’eux, j’aimais les couleurs de leurs couvertures et le toucher de leurs pages. J’aimais tout ce qu’ils représentaient pour moi, tout ce qu’ils m’avaient appris, tout ce que j’avais été à leur contact, et j’ai mesuré à quel point choisir était tragique, car en prendre un signifiait laisser les autres."p299. 

"Même se disputer est un luxe qu'on ne peut pas se permettre quand sa vie entière a été réduite à une seule personne."

 "C’était au début de septembre dernier. Les matins étaient frais, couverts d’une brume venue du littoral, les après-midi lourds de chaleur, et les soirées qui suivaient amples et douces, avec l’air sur nos bras nus comme de la soie et des nuages roses haut dans le ciel d’un bleu s’assombrissant"


 

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