dimanche 13 septembre 2020

Buveurs de vent de Franck BOUYSSE

LIVRE
Le dernier roman de l'écrivain tient toutes ses promesses.
On retrouve cette ambiance à la fois poétique et réaliste propre à l'écrivain.
Une autre histoire,celle d'une famille,mais le même univers littéraire :
*Grande maîtrise narrative.
*Écriture flamboyante.
*Personnages fracassés par la vie, enfermés à l'intérieur d'eux-mêmes,incapables de dire les mots... débordés par leurs émotions trop retenues,trop de non-dits,de secrets...trop de...
*Et aussi cette sauvagerie,cette sensualité à la Zola.

Comme dans les romans précédents,on retrouve la problématique du Mal,de la malfaisance,de la malveillance face à l'innocence et la fraternité...
Un village,une famille en particulier,se retrouve sous l'emprise d'une sorte de tyran,dictateur,Joyce qui épaulé par deux sbires décide de tout.
Une sorte de droit de vie et de mort sur chacun...et surtout sur les femmes et les jeunes filles,objets de la convoitise de prédateurs mâles avides de sang frais.
La résistance de deux jeunes filles,Mabel et Julie viendra-t-elle à bout de cette tyrannie?...sans doute avec l'aide de belles personnes qui n'hésiteront pas à poser des actes déterminants.
Dommage que l'écrivain n'ait pas davantage développé le personnage de Joyce,présenté dans une scène familiale (p 145 à 150) de façon très nuancée,complexe.
Un être un peu mauvais "malgré lui"..."qui n'avait eu droit qu'au mépris tout au long de l'enfance...il s'était empressé de retourner ce mépris contre les autres,croyant ainsi venger son enfance saccagée et mettre sa propre douleur à distance."p151.
Ce qu'il faut évidemment retenir de ce roman,c'est une fois encore cette prose à nulle autre pareille.
Voici quelques extraits:
"De minuscules coeurs se baladaient un peu partout sous leur peau,tel un troupeau affolé galopant en tous sens,ivres d''une délicieuse panique,et un même sourire irradiait leurs visages."p266. ... C'est juste magnifique cette phrase.

« On s’embrasse, on acclimate, on déraisonne, on raccommode, on s’accommode, on marchande, on saisit, on repousse, on ment, on fait ce que l’on peut, et on finit par croire que l’on peut. On veut faire croire aux hommes que le temps s’écoule d’un point à un autre, de la naissance à la mort. 
Ce n’est pas vrai. Le temps est un tourbillon dans lequel on entre, sans vraiment s’éloigner du cœur qu’est l’enfance, et quand les illusions disparaissent, que les muscles viennent à faiblir, que les os se fragilisent, il n’y a plus de raison de ne pas se laisser emporter en ce lieu où les souvenirs apparaissent comme les ombres portées d’une réalité évanouie, car seules les ombres nous guident sur cette terre ».
p297

 "On se demande souvent après coup à quel moment la vie s’est transformée en destin incontrôlable, quand la machine s’est emballée, si c’est un enchaînement d’événements passés qui préside au changement ou si le changement lui-même est inscrit dans l’avenir.»p261.

1 commentaire:

  1. Oh la la ! Tu m'as donné envie de lire Nadine ! Merci pour ce conseil et cet avis d'une liseuse professionnelle.

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