Suite au décès de sa mère, Emmanuel Carrère s'est à nouveau penché sur son histoire familiale, son ascendance mixte:russe et géorgienne.Et de nous raconter les rencontres,les hasards,les cheminements personnels de ses aïeux : comment la grand-mère aurait pu épouser un autre,comment le choix de l'exil fut déterminant.... etc
Cette verticalité commune à toute famille
m'a moins intéressée que la suite (p412) cad sa présence en Russie lors de l'invasion en Ukraine.Il est alors témoin privilégié de l'Histoire en train de s'accomplir : dans les bus avec des Ukrainiens,lors de sa rencontre avec sa cousine géorgienne,Salomé Zourabichvili ...et surtout ce chapitre 28 consacré à Catherine II et Potemkine et leur relation passionnée et surréaliste.J'ai adoré.
Le STYLE est au rendez-vous comme dans chaque roman de l'écrivain.
A un moment dans un bus, il échange avec un ukrainien sur les grands écrivains russes,p470...et voici ce qui est dit sur Dostoïevski:
"Ce qui fait la grandeur de DOSTOÏEVSKI, ce ne sont pas ses prêches théologico-politiques mais ses grands romans où à peine un personnage a-t-il dit quelque chose, affirmé une croyance, une théorie,une vision du monde, un autre arrivé qui dit absolument le contraire,de façon tout aussi convaincante,et derrière arrive un troisième...Ce que le théoricien de la littérature Mikhaïl Bakhtine a défini dans les années vingt sous le nom de dialogisme:cette façon de laisser se déployer des voix contradictoires sans laisser à personne le privilège du dernier mot..."
KOLKHOZE, p470.

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