lundi 28 juillet 2014

La défense LINCOLN de Michael CONNELLY

LIVRE                                                          FILM

J'avais vu le film en 2011 et je termine la lecture du policier qui l'a inspiré, écrit en 2005.

Ce livre appartient au genre appelé "fiction procédurale",très populaire aux USA et Michael Connelly contribue amplement à son succès à travers plusieurs opus dont "Le Verdict de plomb" (2009) et plus récemment "Le cinquième témoin"(2013)                      (http://parlonscinebouquins.blogspot.be/2013/10/le-cinquieme-temoin-de-michael-connelly.html)

Cette fois,le célèbre avocat de la défense,Mickey HALLER est pressenti pour assurer la défense d'un homme accusé de coups et blessures et tentative d'assassinat.Celui-ci est-il coupable ou pas? Peu importe.
Il s'agit de le défendre,de prouver son innocence...sauf qu'on a à faire à un sacré client ,roublard,manipulateur qui ne recule devant rien,même pas un  meurtre pour effacer des traces,des soupçons ... Il n'hésite pas à faire chanter son avocat,à le menacer, à même lui subtiliser une arme et la présenter comme arme du crime.Un beau salaud donc.
Comment le célèbre avocat peut-il se sortir des griffes de cet odieux personnage,sans scrupules? .... Réponse dans le livre qui tient une fois encore toutes ses promesses de suspens,de rebondissements,en assurant mieux que personne un final parfait.

Le choeur des femmes de Martin WINCKLER

LIVRE

Roman publié en 2009 par l'auteur du bestseller "La maladie de Sachs"(1998).
C'est un livre conséquent de près de 700 pages.Je l'ai lu d'une traite.Impossible de le lâcher.Il témoigne de mille rencontres avec des femmes qui poussent la porte d'une unité de gynécologie.Elles parlent,elles racontent leurs souffrances, leurs doutes, leurs angoisses.Elles s'interrogent aussi sur la meilleure contraception.
Cette libération de la parole est rendue possible par l'écoute fine et empathique du médecin,Franz KARMA,assisté pour un temps d'une jeune interne,Jean ATWOOD qui se destine à la chirurgie réparatrice en gynécologie.

La réussite de ce livre tient au fait que ce témoignage du vécu des patientes,chacune accueillie avec un respect absolu alterne avec une intrigue solide, passionnante, celle du devenir de Jean ( prononcez  Djinn) ,de ses amours, son passé familial,sa vision de la médecine avec quelques coups de théâtre incroyables vers la fin...

C'est un livre où le mot "soigner",prendre soin de ... prend tout son sens.
Leçon de "total respect" de l'autre,avec de l'humour et de la tendresse.
Je suis emballée et cite un long § de la page 291 (Collection Folio).Ce dialogue entre le médecin et la jeune interniste en dit long sur la philosophie du livre.

CITATION:

" - Pardon de vous avoir interrompue,tout à l'heure,au début de la consultation.Vous avez compris pourquoi je l'ai fait?       
   - Non.
   - Ce qu'une femme ressent est beaucoup plus important que ce que vous savez ...
   - Ouais. 
   - ........ 
   - Chaque fois que vous interrompez une patiente, vous l'empêchez de dire ce qui est essentiel pour elle.Chaque fois que vous remettez en question la véracité de ce qu'elle dit,vous la faites douter.
   - Mais si elle dit quelque chose de faux?
   - D'abord,ce n'est pas "faux",c'est ce qu'elle ressent.Son interprétation n'est peut-être pas conforme aux acquis de la science,mais elle lui permet d'appréhender la situation d'une manière intelligible,de ne pas se laisser gagner par la panique.Notre boulot,ça n'est pas de lui dire que ce qu'elle ressent est "vrai" ou "faux",mais de chercher pour son bénéfice,et avec son aide,ce que ça signifie.Si tu veux que les patientes respectent ton avis,il faut d'abord que tu respectes leur perception des choses ...

  -  Même si elle repose sur une vision complètement fantasmatique?
  -  Bien sûr.Respecter ça ne veut pas dire adhérer,ça veut dire: plutôt que perdre son temps dans un bras de fer (j'ai raison, tu as tort),essayons de trouver un terrain commun.
     
     UNE RELATION DE SOIN,CE N'EST PAS UN RAPPORT DE FORCE. "


jeudi 17 juillet 2014

Les ENDORMEURS de Anna Enquist

LIVRE 

Le propos du livre avait de quoi susciter mon intérêt,m'enthousiasmer même:Les endormeurs étant l'un psychanalyste,l'autre anesthésiste. L'un endort ,efface toute douleur,l'autre réveille les souffrances enfouies ,permet au patient de s'en libérer et de retrouver un meilleur état.

Sauf que!!! ....On sent , au cours de la lecture que l'auteure néerlandaise, psychanalyste de formation est passée par un stage en hôpital,a acquis une solide expérience du monde de l'anesthésie et qu'elle enrobe tout cela d' une narration poussive, beaucoup trop technique,où il ne se passe rien ou quasi ,avant la p293 où là une passion amoureuse se noue,se corse et explose,forcément .... sans doute??? ...Je n'ai pas terminé le livre.

LULU, femme nue de Solveig Anspach


FILM

Karin Viard, grande comédienne est une nouvelle fois à la hauteur du rôle que lui a proposé Solveig Anspach ( on se souviendra de "Haut les coeurs",1999 ...)

Elle incarne une femme ordinaire qui craque et s'offre une bouffée d'air frais,loin des siens et d'un mari matcho.Pendant cette échappée,elle se découvre,prend confiance en elle au hasard de rencontres improbables qui la transforment,celle d'un homme tendre et chaleureux ( un Bouli Lanners inattendu ),celle d'une mamie ravie de retrouver une compagnie ...

Ce film  peut constituer  un délicieux moment-cinéma au coeur de l'été.

A propos de KARIN VIARD , je vous propose un aperçu de ses films , depuis 2008 ...C'est soufflant,cette carrière :



J'ajouterai , en 2001 : "Reines d'un jour" de Marion Vernoux. A voir ou  à revoir ... Karin VIARD  y est pathétique.


A TOUCH OF SIN de Jia Zhangke

 FILM
"A touch of sin"  ou  tragédie de la violence.
Le réalisateur chinois nous présente une Chine gangrenée par la corruption,le mal de vivre,le sexisme,le délitement des liens familiaux...On suit le destin de quatre individus,3 hommes et 1 femme.Des êtres solitaires, intériorisés,quasi muets.L'intensité de leur révolte contre le système n'en est que plus forte, quand ils en viennent à tuer ou se tuer.
C'est implacable,techniquement abouti et esthétiquement réussi.
Le cinéaste rend magnifiquement l'espace dans lequel chacun évolue,se déplace et peu à peu, perd pied.C'est d'une beauté déchirante.

Le cinéaste dénonce la violence , ... les violences, celle du système économique,exercée par les dominants sur les dominés, celle des hommes sur les femmes, celle de l'homme sur l'animal aussi...
Cette violence surgit de façon presque mathématique,elle est attendue et explose dans un geste désespéré et irrémédiable: coup de fusil,coup de couteau,défenestration.

Le réalisateur chinois a obtenu le prix du scénario au festival de Cannes 2013.

jeudi 26 juin 2014

Avenue des géants de MARC DUGAIN.

LIVRE

Excédé par une grand-mère harcelante et haineuse,un jeune homme tire sur elle avec la sensation de débarrasser l'humanité d'un fléau...
Il se livre à la police, est condamné,exécute sa peine.Il obtient ensuite sa liberté conditionnelle.
Commence alors une descente aux enfers que Al  (c'est le prénom de ce "géant" de 2m20) nous raconte.Le lecteur est interpellé, surpris, passionné , en découvrant sa trajectoire de vie, ses questionnements,ses états d'âme, ses hauts et ses bas, son intérêt pour la psychologie criminelle.Celui-ci tente en effet de se comprendre,de démêler les noeuds,le noeud oedipien à sa mère qui elle-même,abusée par son père a toujours rejeté son fils Al.
Il cherche même la confrontation avec cette "Médée",il lui demande des explications.Elle n'a de cesse de le rejeter, elle qui a toujours vu en lui un symbole du Mal et de la perversion.
Comment peut-il s'en sortir? Quelle issue pour lui? Quelles solutions? L'alcool, la reconnaissance d'un autre adulte ,policier de son métier? A tout cela,le récit répond.Mais on devine au fur et à mesure que cet être hors-norme ne peut , au final, qu'exploser!!!

Il y a du "Dostoievski" dans ce roman , dans ces thématiques du Mal et de la culpabilité.
Un intérêt supplémentaire, historique celui-là,vient de l'époque du récit.
Nous sommes dans les années 60 , plongés dans le contexte de la guerre au Vietnam,des mouvements hippies qui prônent libération et amour libre.Certaines descriptions sont vraiment pittoresques,très "couleur locale"!!!

Voilà quelques éléments que j'ai retenus de ma lecture. Je vous recommande donc ce roman qui maintient le suspens jusqu'au bout...

dimanche 1 juin 2014

LES YEUX DANS LES ARBRES de Barbara KINGSOLVER

LIVRE 


Roman  de 600 pages. Lumineux, noir, terrible, dur , envoûtant, implacable... 
Je recommande  particulièrement cette lecture à tout amoureux de l'Afrique,de la terre africaine,à tous ceux qui ont emporté avec eux une part de ce sol congolais,de ses habitants et dont l'âme est en partie restée là-bas.

Une enfance africaine pour 4 filles originaires de Géorgie (Atlanta) dont le père,pasteur psychorigide reste enfermé dans ses convictions,sourd au mal être des siens.Une enfance africaine au milieu des invasions de fourmis, des pluies diluviennes,de la malaria,du venin mortel du "mamba",mais aussi entourée des doux caméléons, des noirs si fatalistes et si généreux du peu qu'ils possèdent.

Récit remarquablement construit grâce aux voix alternées de la mère et des 4 filles aux destins divergents et marquées pour toujours à l'encre noire.
L'intérêt du récit est aussi historique. En effet, les faits se déroulent à la fin de la période coloniale(  entre le 30 juin 1960 et le 17 janvier 1961 , jour de la mort de Lumumba...)
On croise au détour d'un épisode des personnages , tels que Lumumba, Tshombé,le jeune Mobutu... On n'est pas loin de Léopoldville ( rebaptisée Kinshasa) ,à Kilanga , en pleine brousse.Au loin, les troubles de l'Indépendance ont commencé.

Merci à Tamara qui a mis ce livre entre mes mains de lectrice.

Je joins à la critique un texte que j'ai écrit en 2003 sur cet "arrachement" à la terre africaine:

   LE CHOC DU RETOUR.

"Parents, enfants, filles,adolescents,nous avons quitté l'Afrique pour retrouver la "mère-patrie" et y vivre.Ce qui nous réunit?Des couleurs,celles de la latérite,des bougainvilliers,des flamboyants,... des parfums,celui de la poussière,de la vanille...
Un plaisir de fouler le sol pieds-nus,une vie à ciel ouvert,à portes ouvertes, la soudaineté de la tombée de la nuit toujours à la même heure,une liberté d'aller et venir...surtout une sauvagerie qui nous tient au coeur et au corps et nous différencie irrémédiablement de nos compatriotes.Car ce retour forcé a fait de nous,des déplacés,des déracinés,pris de plein fouet par le froid, le gel,la bruine,les mines grises,l'horizon bouché,l'espace restreint.
Les quatre murs de nos appartements de fortune,nous les vivions comme des animaux en cage,condamnés à tourner en rond,en quête d'air et de lumière.
Finis les fruits savoureux,les volcans majestueux,les jeux organisés à l'ombre des eucalyptus,fini de grimper aux arbres ,de courir surtout...
En verité,c'est peu de dire que nous avons laissé là-bas une part de nous-mêmes."