mardi 23 avril 2013

Vous êtes sale .....je peux tout vous dire. de Cécile SALES

LIVRE 

Ce livre vivant , émouvant , remarquablement écrit peut intéresser  toute personne , un tant soit peu , à l'écoute d'elle-même , de son histoire, de son passé ...
Point n'est nécessaire donc  d'être psychanalyste  ou d'avoir entrepris une analyse pour le lire.
Je tiens à remercier Myriam qui me l'a glissé entre les mains , pensant qu'il était susceptible de m'intéresser. 
 
A  contre-courant des livres où les écrivains " se racontent " ,  Cécile SALES  partage avec le lecteur les traits dominants de sa personnalité enfantine, de la constellation familiale  : un père lointain,  une mère qui
l'effraie et ne lui marque quelque attention  que quand elle tombe malade !!! ...
Jeune adulte , mariée et heureuse en apparence .... pour elle , "tout ne va pas bien " . Elle se tourne alors
vers la psychanalyse. Les rendez-vous réguliers , 2 fois (parfois 3 ...) par semaine , rythment sa vie .
Elle prend conscience de  ses idéalisations , de " l'idée"  qu'elle se faisait d'elle-même .... mais aussi de ses attentes vis-à-vis de l'homme de sa vie qui devait combler ses manques , être " la bonne mère " qu'elle n'avait pas eue ...
Son désir  se précise peu à peu de devenir psychanalyste ...
Cette partie consacrée à sa pratique d'analyste est passionnante  et décrite en termes non seulement éclairants , mais surtout  accessibles à tout un chacun. On en apprend plus sur le rituel des séances  , le silence , l'écoute , le transfert , le contre-transfert ....Mais on est loin du jargon scientifique et malheureusement souvent hermétique des écrits psychanalytiques ...
ça parle au coeur avec simplicité et authenticité  dans une écriture fine , subtile et généreuse .
Oui , généreuse .... car on perçoit  un immense  respect du patient (  l'analysant )  , de son parcours  avec ses doutes , ses coups de colère , ses découragements aussi et son désespoir.

Le livre se clôt sur 4 cas !!! ....4 patients ( 2 hommes  et 2 femmes )  bien différents  aux trajectoires  de vie chaotiques . Trois d'entre eux s'en sont sortis . Pour le dernier , c'est un constat d'échec dont elle ressent encore la blessure.

Je joins 2,  3 citations qui illustrent  ce que j'entends par écriture fine, subtile :

                   - " Il faut pourtant accueillir ces sentiments , tout en sachant que ce n'est pas vraiment à moi    
                       qu'ils s'adressent., que je ne suis qu'un intermédiaire , qu'une image.
                       En tenir compte , les laisser se déployer , c'est pouvoir les utiliser comme les  matériaux
                       inhérents à la cure . S'ils me sont adressés , ces sentiments ne me sont pas destinés ."
                       ( Quelle nuance!!! ). p114.

                  - Sur le silence : " Après , vient effectivement le temps du silence créant un espace dont
                    le patient s'empare insensiblement, qu'il fait sien peu à peu . Où naît sa parole à lui que je n'ai  
                    qu' à soutenir , à relancer , manifestant que je l'entends et l'écoute."  p 105.

                  - Chaque psychanalyste  est un malade "guéri" qui garde en lui les blessures de son enfance ,
                     dont les cicatrices sont sa mémoire ' !!!    p 91.


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