vendredi 15 janvier 2016

TITUS N'AIMAIT PAS BÉRÉNICE de Nathalie AZOULAI

LIVRE

Sélectionné pour le Prix Goncourt,le roman de Nathalie Azoulai a obtenu le Prix Médicis 2015.Récompense amplement méritée.Je suis sous le charme.En immersion.

Il fallait une écriture aussi sensible,aussi délicate,douce et fine pour évoquer l'âme racinienne.
L'écrivain s'est coulée dans le moule racinien,elle s'en est nourrie,imprégnée pour approcher au plus près l'enfant,l'homme,le poète,l'amoureux,le courtisan du roi Louis XIV aussi...
Le lecteur en apprend beaucoup sur la vie de ce grand dramaturge.
L'enfance à Port-Royal,son zèle dans l'étude quotidienne des auteurs grecs et latins.
Virgile,Tacite,Suétone,mais aussi Sénèque et Euripide inspireront Racine.
A 14 ans,il découvre le Chant IV de l'Énéide de Virgile et s'interroge sur le feu aveugle dont se consume la reine Didon,délaissée par Énée.
Bérénice sera une nouvelle Didon.
Il quittera les lieux de son enfance pour rejoindre la capitale où l'indispensable reconnaissance du roi l'accompagnera dans ses différentes créations.
Racine restera un travailleur acharné,amoureux de la musique des mots,à la recherche du juste équilibre du vers, de son harmonie.Maîtrise absolue de l'alexandrin.

Mes alexandrins préférés chez Racine:

"Tout me nuit et conspire à me nuire" Phèdre
"Ariane ma soeur de quel amour blessée,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée." Phèdre
"Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon coeur." Phèdre
"Vous êtes empereur,Seigneur,et vous pleurez" Bérénice
"Et la mort,à mes yeux dérobant la clarté,
Rend au jour,qu'ils souillaient,toute sa pureté" Phèdre 

Un  autre extrait célèbre de Bérénice

 Bérénice:
"Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire :
Je ne dispute plus. J’attendais, pour vous croire,
Que cette même bouche, après mille serments
D’un amour qui devait unir tous nos moments,
Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,
M’ordonnât elle-même une absence éternelle.
Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.
Je n’écoute plus rien, et pour jamais : adieu...
Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus
?"   ACTE IV,scène 5.


Dans une interview accordée à Franceinfo en octobre,l'écrivain confie son admiration pour Racine et s'interroge sur le mystère de cet homme qui a si bien compris la femme,la sensibilité féminine.
Bérénice,Andromaque,Phèdre,Iphigénie,Esther,Athalie sont ses grandes héroïnes.

En voici le lien:
  http://www.franceinfo.fr/emission/le-livre-du-jour/2015-2016/nathalie-azoulai-titus-n-aimait-pas-berenice-08-10-2015-13-

 

 

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