lundi 24 juillet 2017

LA CHAIR de Rosa MONTERO

LIVRE

C'est l'heure du bilan pour Soledad,la soixantaine,mais elle se moque des ravages du temps,elle veut rester attirante,désirable,elle veut vérifier son pouvoir de séduction quitte à s'attacher les services d'un jeune escort boy.
On l'aura compris,les thèmes de la peur de vieillir,du passage du temps traversent ce roman.Ils sont traités avec un humour réjouissant,une grande lucidité aussi.
Soledad va vivre une expérience pleine de surprises,bonnes et moins bonnes,dont elle sortira transformée,voire apaisée.Sa quête de reconnaissance,sa soif de sensualité seront comme transcendées par une générosité dont elle-même ne se doutait pas être capable.
Le  travail de Soledad consiste à organiser des expositions autour de thèmes littéraires et comme elle a choisi de s'intéresser à des "écrivains maudits",le lecteur bénéficie de commentaires inédits sur tel ou tel écrivain et notamment sur la figure d'Aschenbach,héros de Thomas Mann dans "Mort à Venise"

Il y a dans ce roman, une force,une vitalité,un désir de vivre si intense.
C'est un enchantement.

Quelques extraits ,notamment le premier paragraphe qui annonce la couleur:

"La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n'avez pas encore vécu et celle de ce que vous n'allez plus pouvoir vivre.Et l'instant précis de l'action est si confus,si fuyant et si éphémère que vous le gaspillez à regarder autour de vous avec hébétude..."p1.

"Et si elle n'avait jamais plus d'amant ? Les gens ne savaient pratiquement jamais quand c'était la dernière fois qu'ils faisaient quelque chose d'important pour eux. La dernière fois que vous gravissez une montagne. La dernière fois que vous skiez. La dernière fois que vous avez un rapport sexuel. Car ce corps mutant qui tout à coup se plissait, se ramollissait, se crevassait, s'affaissait et se déformait, ce corps perfide, enfin, ne se contentait pas de vous humilier : il commettait de surcroît la grossièreté suprême de vous tuer..."p25.

"Elle détestait qu'on lui pose cette question, car lorsqu'elle répondait non, ce non tellement irréversible à son âge, ce non qui signifiait non seulement qu'elle n'avait pas d'enfants, mais aussi qu'elle n'aurait pas non plus de petits-enfants; ce non qui l'étiquetait comme une femme non mère et qui la rejetait sur la plage des infortunés, comme le sale rebut d'une tempête marine, car les préjugés sociaux étaient indéboulonnables sur ce point et que toute femelle sans enfants continuait d'être perçue comme une bizarrerie, une tragédie, une femme incomplète, une personne à moitié..."p85.

 

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