Quelle noblesse,quelle dignité,quelle retenue aussi dans ce récit écrit sans esprit revanchard,sans règlement de comptes.
Juste une fine écriture au service d'une histoire,celle de Vanessa,une gamine tombée dans les rets d'un puissant prédateur sexuel.
C'est son histoire et c'est bouleversant.
L'empathie du lecteur est sollicitée comme rarement.
L'écrivaine reste collée aux faits,au déroulement progressif de cet engluement,c'est le terme qui me vient.
Elle analyse le mécanisme de ce "piège" dans lequel elle est tombée,les éléments qui le constituaient et permettaient sa réussite:
- Le manque de père
- Le besoin d'être regardée (elle a 13 ans lors de la rencontre)
- Une mère qui laisse faire
- Un milieu littéraire complaisant lui aussi.
C'est percutant,c'est sans appel et ça provoque une vraie indignation.
Vers la fin du livre,elle explique bien pourquoi elle a écrit ce livre.
Elle justifie ce choix.
Écrire un livre,c'était se battre sur le terrain favori de son abuseur:la littérature.
En effet,G.,comme elle le nomme,s'est servi de leur histoire (et d'autres aussi) pour nourrir ses livres,les alimenter.
Ses relations amoureuses constituaient son principal vivier.
Elle était l'inspiratrice,sa muse.
Il l'a donc doublement dépossédée.
En écrivant son histoire,elle se l'est réappropriée.
Voici:
"Depuis tant d’années, mes rêves sont peuplés de meurtres et de vengeance.
Jusqu’au jour où la solution se présente enfin, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l’enfermer dans un livre."
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