lundi 7 février 2011

NAISSANCE D'UN PONT de Maylis de Kerangal

LIVRE
Récompensé par le PRIX MEDICIS.

L'écriture est flamboyante, le verbe précis, la phrase ciselée......mais la beauté formelle de cette écriture si distanciée fait barrage.
On lit en se répétant sans cesse :" Comme c'est beau, comme c'est bien écrit...."
Et ça, à la longue, ça devient lassant.
L'histoire, elle , tourne autour de la construction d'un pont . Les protagonistes nous sont minutieusement présentés : ouvriers , architectes, grutier, plongeur.... Le problème, c'est qu' à la page 100, il n'y a toujours pas le début du commencement d'une intrigue, d'une action haletante..
Plus avant dans le récit surviendront une grève, un arrêt du chantier pour 3 semaines, une tentative de sabotage avorté, une romance avortée....Pas vraiment de quoi fouetter un chat ou tenir le lecteur en haleine.
Bref, j'ai lu ce roman , partagée entre un sentiment d'irritation et d'admiration : quel phrasé!!!
MAIS : trop de style TUE le style!!!
Le récit progresse à coups d'énumérations, parfois incroyables, sans dialogue aucun...
Le vocabulaire d'un haut niveau ( exemple p. 149: un bâtiment coruscant ???...) , le niveau de langue ne facilitent vraiment pas l'apprivoisement, ni une quelconque identification aux acteurs de cette construction titanesque.
L'histoire m'a laissée DE MARBRE!!! ............


Sur le plan du STYLE, je ne résiste pas à l'envie de retranscrire une demi-page époustouflante consacrée à la première rencontre d'un couple dans une chambre d'hôtel...:

"...une chambre qui est une parmi d'autres, absolument semblable aux autres, exactement comme eux qui sont un homme et une femme parmi des milliards d'autres, et une fois entrés la sensation d'un soulèvement scandé, ils se déshabillent en silence, sont assis chacun d'un côté du lit mais s'entreregardent toujours par-dessus l'épaule -- c'est long tous ces vêtements à enlever, ces épaisseurs de tee-shirts, ces lacets à défaire, chaque geste libérant des odeurs d'épidermes par-dessus quoi émane celle du chantier, comme un fluide commun --, ils sont nus maintenant, et leurs peaux que l'obscurité fusionne prennent même température et mêmes nuances carbone, ils se tendent une main jusqu'à se toucher par-dessus le lit, jusqu'à se rapprocher l'un contre l'autre, alors c'est le grand tâtonnement, l'opéra tactile, et les corps à fragmentation multiple qui se débrouillent parfaitement bien dans la pénombre." p.242.

N'est-ce pas magnifique?

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