dimanche 15 novembre 2009

AU ZENITH de Duong Thu Huong.

LIVRE Dès les premières pages, on est emporté par la poésie de ce langage à la fois simple et efficace. On s’imprègne de l’âme tourmentée, nostalgique de ce président ( il s'agit de Ho Chi Minh, ancien président du Vietnam ) qui jette un regard désabusé et si lucide sur ce que fut son existence, ses échecs, la trahison de ses amis politiques, sa lâcheté à l’égard de cette femme , 20 ans plus jeune que lui , qu’il a passionnément aimée et pourtant abandonnée à la cupidité d’un de ses ministres, le ministre de l’intérieur…Il a été le jouet du pouvoir et y a sacrifié son destin personnel : tel est le thème majeur de ce roman ;
En même temps, on y rencontre diverses problématiques :
- celle de la vie paysanne , très rudimentaire , basée sur de fort maigres ressources, telles le manioc ou la récolte de champignons…mais aussi très truculente , joyeuse vie qui se nourrit aussi de ragots, d’espionnages, de jalousies, autant que de fêtes outrancières où chacun « se lâche » , s’enivre, se goinfre aussi....Le chapitre consacré à cette paysanne qui en fin de vie , prise de réelle gloutonnerie , enfile une série de plats plus consistants les uns que les autres sous les regards ébahis des voisins est un régal. Et d’ailleurs, on mange beaucoup dans ce livre. On nous énumère des successions de plats aussi savoureux les uns que les autres et on participe à une vraie émulation entre cuisinières et recettes de tout bord …
- celle de la rivalité d’un père et de son fils. Ce dernier essayant de détrôner son père qui devenu veuf a ramené au village une jeune et jolie femme dont il a un enfant…Rien ne nous est épargné dans ce face-à-face violent dont le fils sortira meurtri, humilié et déchu de son auréole de maire du village. Il a enterré trop tôt , disent les habitants ( p.299 ) , un père qui malgré ses 60 ans n’est pas un vieillard.
Ce roman est véritablement atypique, il joue sur plusieurs registres : la politique, la vie paysanne, le bilan que chacun dresse en fin de vie, les lâchetés individuelles, le raffinement de
la cuisine vietnamienne, le face-à-face avec un fauve, la solitude du pouvoir …
Certains passages sont très crus, d’autres extrêmement poétiques et nostalgiques.
Cette œuvre volumineuse compte quand même près de 800 pages !

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